Le Prince Immortel (TOME 1)

CHAPITRE 25

Je m'assis sur un banc pour reprendre mon souffle. Mes jambes raides me faisaient mal – elles étaient couvertes de bleus et d'écorchures. Mes chevilles gonflées ne supportaient plus le poids de mes chaussures.

J'avais totalement perdu la notion du temps. Je ne me souvenais plus de ma dernière nuit de sommeil. Mes yeux n'arrivaient jamais à se fermer et mon corps ne ressentait aucune fatigue. Je forçais mon esprit à trouver le sommeil mais je me torturais puisque mon corps était rempli d'une énergie inconnue.

Je ne savais plus depuis combien de temps j'errais dans cet étrange monde. Peu importe si je fuyais, j'étais coincée dans un cauchemar qui ne prenait jamais fin. Je n'arrivais jamais à m'échapper. Je me sentais comme une âme qui cherchait son chemin, complètement perdue et dépassée par les événements.

Je voyageais à travers différents endroits. Dès que mon corps passait la frontière, je me retrouvais dans un autre endroit. Les villes et les villages possédaient le même point commun : ils étaient plongés dans les flammes et le chaos.

Avant ma mort, j'avais pu observer le visage de mes amis qui allait tant me manquer. Cet endroit était une véritable épreuve pour moi, comme si j'avais mis les pieds en enfer. Je ne pensais pas également retrouver ce monde sans couleur que j'avais regardé avant que je ne plonge dans cet endroit sombre.

Certains paysages étaient devenus agréables à regarder. Le blanc semblait pur et si fragile à observer, comme de la neige sous un rayon de soleil.

Lorsque j'avais atterri dans le premier village, mon instinct de survie prit le dessus et je martelais les personnes avec mes questions. Les enfants ne répondaient pas et passaient à mes côtés, me bousculant. Je reçus plusieurs ballons dans les tibias, d'autres dans la tête, sans recevoir des excuses de leurs parts. Je comprenais leur silence puisqu'il ne fallait pas parler à des inconnus – la règle d'or des parents.

J'avais choisi de me tourner vers les adultes et ils me donnèrent le même résultat. Ma main s'était crispée autour du bras d'une jeune femme, parlant de son mari avec haine et dégoût. Je ressentais de la chaleur sous ma peau et la douceur du tissu, mais elle ne bougeait pas. Cette personne s'était dégagée rapidement de mon étreinte pour rentrer dans une boutique.

Au fur et à mesure du temps que je passais ici, cette ambiance était devenue amusante et elle tournait presque au divertissement. Je mangeais à ma faim, volant de la nourriture dans les commerces puisque personne ne remarquait ma présence. Je visitais chacune des maisons, des monuments historiques pendant quelques jours.

Quand j'étais lassée de mon petit jeu, je changeais d'endroits, ne prêtant plus attention aux cris et hurlements des familles. Cette situation était devenue mon habitude. Moi qui rêvais de voyager, j'étais surprise de l'efficacité de mon souhait.

Les rues de cette ville étaient longues et larges, laissant la place pour des boutiques et des appartements. Mes pieds marchèrent sur des dalles de différentes couleurs, nuancés par le gris et le blanc.

Je fronçais les sourcils lorsque je pris conscience de l'état de la ville. Elle était en parfaite état, complètement différente des autres. Tellement que j'avais pris l'habitude de me retrouver dans un endroit chaotique, cette tranquillité me donnait froid dans le dos.

Les habitants chuchotaient entre eux et tout le monde marchait la tête baissée. Au centre de cette rue piétonne, une grande statue à l'effigie d'un homme décorait cet espace. Cette statue représentait un homme avec une longue barbe, des cheveux bouclés et un énorme ventre. Il tenait dans sa main droite, une canne avec une tête de lézard.

La spécialité locale était le chocolat. Plusieurs dizaines de magasins proposaient des chocolats de toutes les couleurs et sous toutes les formes – cette friandise était représenté en gâteau, dans sa forme initiale ou en sculpture. Comme je passais inaperçue, je pouvais librement goûter à cette marchandise exposée.