Ch. 24 : La vengeance

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- Tu peux m'expliquer où l'on va ?

- Sois patiente, on y est presque ...

- Jungkook, j'en ai assez que tu me demandes de patienter, je suis sensée attendre quoi ? Ça doit faire une heure qu'on roule et tu restes silencieux.

Je ne vois pas ses yeux cachés par une paire de lunettes de soleil, mais sa mâchoire est crispée, ses épaules sont tendues, ses mains agrippant fermement le volant laissent apparaître les jointures blanches de ses phalanges. Il ne porte pas de costumes, un simple jean déchiré au genoux et une chemise blanche le rendent encore plus sexy que d'habitude. Notre relation de couple n'a pas beaucoup évolué depuis ces derniers jours mais ses attentions se veulent plus affectueuses, il se montre plus prévenant, c'est une nouvelle facette de sa personnalité que je découvre. Mon téléphone sonne.

- T/P où êtes vous ? hurle Namjoon à l'autre bout du fil.

- Si je le savais ...

- Mets le haut-parleur, m'intime Jungkook.

- On vous cherche depuis une heure, vous avez filé en douce ! poursuit notre interlocuteur énervé.

- Désolé Nam, répond le conducteur. Je ne pouvais rien vous dire, T/P et moi avons quelque chose à régler. Nous vous raconterons tout en rentrant, c'est promis.

- Votre sécurité passe avant tout le reste, insiste-t-il. Tu ne peux pas quitter la villa avec T/P sans nous en avertir !

- Namjoon, je te garantis que T/P ne court aucun danger avec moi. Je règle une affaire, je la ramène et je vous explique tout.

- Jungkook ... tente-t-il de poursuivre.

- Ça suffit ! Je raccroche, prévient-il accompagnant le geste à la parole.

Je ne l'interroge pas mais reste perplexe. Où peut-il bien me conduire à cette heure si ? Sans en avoir tenu informé nos hommes ...

La berline se gare sur le parking d'un hôtel low cost, je reste médusée.

- Rassures-moi ? C'est pas une proposition ?

Ma réplique semble l'amuser, des ridules se forment aux coins de ses yeux mais il ne me répond pas. Il sort du véhicule, je l'imite et le suis. Il prend ma main dans la sienne et nous passons les portes de l'établissement, nous nous dirigeons au comptoir de l'accueil où un jeune homme, à la dégaine minable, nous souhaite la bienvenue.

- La chambre 24, ordonne Jungkook.

Le garçon pâlit, lui tend une clé et nous indique l'étage supérieur en pointant son doigt vers l'ascenseur. Mon époux le remercie d'un signe de tête et m'entraîne avec lui dans la cage en métal pour monter au premier. L'endroit est désert, pas un bruit ne traverse les murs, toutes les portes de chambres sont closes, la vieille tapisserie aux couleurs orangées se décolle par endroit, le lieu me met mal à l'aise, le couloir glauque dans lequel nous progressons ressemble à ceux des films d'horreur où un serial killer surgit à tous les coups. Jungkook poursuit son avancée sans me lâcher la main, son pas est lent mais assuré, le torse bombé et le regard franc soulignent sa détermination. Dans quel but sommes-nous ici ? Je n'ose lui demander, je me laisse guider et décide de lui faire confiance, comme il me l'a demandé. Notre course s'arrête devant la porte 24, celle-là même dont nous possédons la clé, il l'introduit pour ouvrir. Mon cœur bat la chamade, je sens l'anxiété m'envahir, non pas que je ne me sente pas en sécurité mais j'ai rarement l'habitude de me laisser mener, habituée à diriger mes troupes, je perds le contrôle et c'est une sensation nouvelle et plutôt désagréable qui m'assaille.

La porte s'ouvre sur un petit salon, plutôt miteux, dont le mobilier aurait bien besoin d'être renouvelé. Il s'agit d'une suite, avec attenante une salle de bain dans laquelle le confort est minimaliste, si j'en crois ce que j'aperçois par la porte entrouverte. Celle de la chambre est close, Jungkook qui ne m'a pas lâché, demande à voix haute.

Mon HéritageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant