IV

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- Pourquoi t'ignore Ana ?

J'ai tourné les yeux vers Manas.

Il devait être facilement 4h du matin. On était dehors dans un parc aléatoire avec Sidjil et Manas. Une autre sortie par la fenêtre.

Sur la table de picnic il y avait une pile de mégots de cigarettes mais aussi un cimetière de bière.

- J'ignore pas Ana.

Sidjil a froncé les sourcils.

- Manas arrête de faire le relou mon gars. Ana elle a déjà répondu.

A mon tour de froncer les sourcils.

- Elle a dit quoi ?

J'ai eu peur de la réponse. Qu'est ce que je préférais au fond ? Qu'Ana ai dit "bah en fait Maxime il m'a dit qu'il était gay et il assume pas", qu'elle ai dit "Maxime il s'est mis à pleurer comme un bébé, a fait une crise d'angoisse et s'est barré en courant" ou encore qu'elle ai dit "Maxime il m'a dit qu'il était gay, après il a fait une crise d'angoisse".

- Elle a dit que tu lui as mis un vent.

J'ai dû me retenir d'être surpris.

- Ah.

J'ai descendu ma bière à une vitesse. Si Manas a posé la question, c'est sûrement parce que lui ne crois pas a l'histoire d'Ana. Et il a raison.

Au moins Sidjil croyait Ana. Sidjil a repris la parole.

- Max, faut que je t'explique deux trois trucs pour la rentrée.

J'ai hoché la tête. Je savais ça, mais eux ils pensent encore que je dormais quand ils en ont parlé devant moi.

- Toi et moi on est dans le même lycée... Mes potes... Ils savent rien.

J'ai froncé les sourcils.

- Comment ça ils savent rien ? Ils ne savent rien de quoi fréro ?

- Ils savent rien de ma vie. Ils pensent que j'habite dans la campagne un peu plus loin. Avec mes parents. Ils croient que Manas c'est mon cousin.

Ok, là je suis perdu.

- J'ai jamais eut les couilles de leur dire. J'aime mes potes. Je veux pas qu'ils me voient en chelou. Qu'ils aient des a priori de merdes sur moi, tu captes ?

Et ouais. Ouais je capte. J'ai perdu des potes comme ça en Corse. Mais si la conversation venait pas, alors j'en parlais pas. J'évitais la question. J'ai jamais été jusqu'à créer une vie parallèle a côté. Mais je capte.

- Ouais ok. Et donc ? Tu veux que je dise quoi moi ? Que je balance jamais que tu viens du même foyer ? Je peux faire ça, c'est pas un truc de fou poto.

- Je veux que tu dises pas que tu viens de foyer.

J'ai ouvert une autre bière.

- A ce point ?

Il a juste hoché la tête et Manas a rien dit.

- Tu peux juste dire que t'as emménager à côté de chez moi pendant l'été. Que c'est pour ça qu'on prend le même bus. S'il te plaît Max.

J'ai haussé les épaules.

- Ok. Pas de soucis.

Sid m'a sourit. Et pour un peu j'assumais que moi j'étais complètement gay. Je me suis abstenus et j'ai bu ma bière.

On est rentrés plus tard. Plus amoché et je me suis endormi directement.

Quand je me suis réveillé, j'avais louper le petit déjeuner.

Je rentre après-demain au lycée. Je suis vraiment pas rassuré et en plus de ça j'ai peur de me foiré dans les conneries de Sidjil.

Il pourrait assumer. Mais je connais les regards, je connais la réticence des gens à comprendre. Alors je sais qu'il n'assumera pas.

Je parle toujours de dire a ses potes qu'il vit en foyer. Pas de moi. Pas de mon orientation sexuelle.

J'étais sur mon lit, a compté les lignes de plafond quand ça a toqué à ma porte. Je me suis levé pour tomber nez à nez avec Fred.

- Psy dans 1h, Maxime.

Je l'ai regardé en clignant des yeux.

- Hein ?

- Tu as psy dans une heure.

- Mais je ne voit pas de psy moi.

Fred a soufflé.

- Maxime. C'est pas vraiment toi qui a le choix.

- Mais ma juge elle n'a jamais parlé de ça !

J'ai honnêtement commencé à m'énerver là.

- Parce que c'est pas une décision de ta juge mais de nous.

Ah bah encore mieux.

- Mais je ne vais pas chez la psy ! Vous êtes malades !

Fred a soufflé et j'ai vu Ana dans le couloir.

- Maxime, on ne te laisse pas vraiment le choix là. On a nos raisons de penser que tu as besoin de parler à quelqu'un.

Et j'ai compris. Parce que j'ai vu Ana baisser la tête et partir.

Comment je suis un gros débile j'ai dépassé Fred et j'ai attrapé le bras d'Ana en criant.

- T'as été dire quoi ?!

Elle a essayé de se débattre mais je ne sais pas ce qui m'a pris et j'ai serré son bras plus fort.

- Lâche moi Maxime ! Je n'ai rien dit moi !

J'ai crié plus fort.

- T'as raconté de la merde ! T'avais rien à dire ! Mais fallait quand même que t'ouvres ta gueule ?!

Elle s'est débattue plus fort. Assez bien parce qu'elle m'a tourné le poignet assez fort pour que je le sente craquer et que je la lâche.

- C'est pas par rapport à ce que tu m'as dit mais comment t'as réagi, sale con !

- Ferme la ! T'avais rien à dire ! T'avais juste à te taire ! Je t'ai rien demandé bordel !

C'est Fred qui est venu me tirer dans ma chambre. Et moi j'entendais plus rien. J'avais juste envie de continuer à hurler sur Ana. Mais je crois que quand je suis rentré dans ma chambre elle s'est mise à pleurer.

- Psy. Dans une heure.

Et Fred est parti. Et j'ai retourné ma chambre. Et une heure après, j'attendais Fred dans le hall, prêt.

Juste avant que Fred arrive Sid a débarqué dans le hall, sûrement en route pour rejoindre ses potes du lycée. Mais quand il m'a vu il m'a foudroyé du regard.

Il s'est approché de moi, m'a chopé par le col et m'a plaqué contre le mur. Et seigneur qu'est ce que je suis gay. Par contre, il m'a mis une grosse patate dans le bras.

- Elle m'a dit de ne rien faire. Mais crois moi, le nouveau, c'est la dernière fois que tu fais un truc pareil à Ana.

Je crois qu'il a serré assez fort mon col pour que ça m'étrangle et que je découvre des nouvelles choses sur ma vie sexuelle. Du coup j'ai à peine répondu.

- Ok. Reçu Sidjil.

Et il m'a laissé retomber avant de me tchèque.

- On est cool sinon. Juste un moyen de pression. Lui refais jamais ça.

J'ai hoché la tête et il est parti.

Et moi je suis parti chez le psy.

Poussière de décembre [Maxime x Djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant