XXI

917 61 48
                                    

C'est marrant quand on y pense.

Il y a un mois, je regardais nos chaussettes a la con en imaginant une vie entière où on était heureux ensemble et où tout était hyper naturel.

Aujourd'hui je fixe mes chaussures et les siennes ne sont même pas dans mon champ de vision. Pourtant il est là.

Je sais qu'il est debout. Il est appuyé contre le mur, sa clope a la bouche et il regarde vers moi. Il ne me regarde pas moi par contre.

Et moi je suis assis sur le banc et je fixe mes chaussures et je comprends pas pourquoi je ne vois pas ses chaussures avec les miennes.

Je sais quelles chaussures il a au pied. Je sais même la couleur des chaussettes qu'il porte. Alors pourquoi j'arrive pas a décroché un mot ?

J'ai envie de lui dire que je suis désolé. Que j'ai paniqué, parce que c'est le truc que je sais mieux faire. Que je pense à lui souvent, parce que j'aime imaginer le soir que tout va bien entre nous. Que ça me manque a quel point c'était naturel entre nous, parce que ça l'était vraiment.

Le naturel c'était que je me posais pas tout ces questions avant de l'embrasser ou avant de me blottir contre lui. Mais là... Là il n'y a plus rien de naturel.

J'ai envie de lui dire tout ça. J'ai envie de lui dire que même moi j'ai pas compris ce qu'il s'est passé. Comment c'est possible de paniquer au point de plus savoir parler pendant des jours ? La psy a appelé ça du mutisme sélectif. Une réaction psychologique dû a un traumatisme qui m'a empêché ou fait refusé de parler dans certains contexte sociaux.

Elle m'a expliqué que le traumatisme vécu n'était pas forcément vécu sur le moment même. Juste une coïncidence. Ou un simple rappel tout léger du traumatisme qui m'a déclancher ça.

J'aimerai dire ça a Sid. Que maintenant, tout les matins je prends des jolis pilules bleus qui me castagnent la tronche mais qui castagnent aussi mon anxiété. Que j'ai moins de mal a respirer, moins de mal à dormir, moins de mal a me lever, moins de mal a pensé.

Sauf que les mots veulent pas sortir. Je ne sais pas comment lui dire tout ça. Je ne sais pas par où commencer. Il y a tellement de truc à dire.

- Tu me manques.

Ça c'est ma certitude.

Que ce soit mon simple pote ou le mec que je pouvais embrasser, il me manque.

Je me sens seul. Ana et Mathis c'est pas pareil. Je suis seul avec eux autour. Avec Sid, on est tout seul ensemble. C'est une différence énorme que je ne saurais expliquer.

Lui, il me manque. C'est un véritable sentiment de vide. C'est une envie irrépressible de me blottir contre lui sous un plaid dès que j'ai un peu froid. C'est le besoin insupportable de me mettre en boule dans ses pulls. C'est la boule dans ma gorge quand je le vois passé sans qu'il me parle.

Et c'est le seul truc dont je suis 100% sûr au moment où je lui parle. Il me manque. Assez fort pour que ça me foute la gerbe de pas voir ses chaussures juste a côté des miennes.

Et je ne sais pas si il est télépathe où si lui aussi il bloque sur des trucs débiles, mais il s'est rapproché de moi. Le bout de ses chaussures est rentré dans mon champ de vision. Et dans un enchaînement etrange un rayon de soleil aussi.

- Pourquoi t'es parti ?

C'est vrai ça, pourquoi ?

Un traumatisme. Une réaction émotionnelle causé par une blessure qui nous submerge.

J'ai eu une réaction simple. Une réponse combat-fuite. Sauf que je n'ai pas été en danger. Sidjil n'est pas un danger. Alors pourquoi la fuite ?

J'ai peur d'être blessé un jour. Qu'un matin, il s'en aille, parce que c'est comme ça la vie d'ici. Au foyer. Les gens partent et ne regardent pas en arrière.

Le seul moment où tu regardes en arrière c'est si tu réussi et c'est simplement pour te dire "je viens de loin".

Je ne veux pas être le "je viens de loin" de Sidjil. Je veux être avec lui. Je veux qu'on soit ensemble a se retourner et qu'on dise "on vient de loin".

J'ai peur qu'il parte et que jamais il ne regarde en arrière. Pourquoi regarder en arrière quand une belle vie t'attends ailleurs ?

- J'ai eu peur...

Je regarde toujours mes pompes. Et un peu les siennes. Et il avance vers moi.

Je bouge pas. Je suis planté là et lui il avance. Il se rapproche. Comme toujours.

Est ce que c'est moi qui bloque tout ? Est ce que je refuse d'une certaine manière de m'ouvrir a lui ? Peut-être. Mais pourquoi ?

Je ne peux pas justifier tout par la peur qu'il me blesse, si ? Est ce que c'est vraiment ça ?

J'ai mal a la tête. J'ai l'impression que toute mes questions sont sans réponse. Que la seule réponse, c'est lui qui l'a détient. Mais j'ai peur de tout ça.

- De moi ?

J'ai fermé les yeux. Et j'ai senti qu'il se rapproche de moi.

J'ai envie qu'il soit plus proche. J'ai envie de sentir la chaleur de ses bras. Je sais comment je me sens quand il m'enlace. Je sais exactement la courbe de ses bras. J'ai retenu tout ça.

Mais je suis terrifié de tout ça.

- De moi.

Je me sens comme le vampire qui ne peut pas se voir dans le miroir. Aucun reflet de moi même. Je ne peux pas lire en moi. Est ce que Sid sait lire en moi ?

Je crois que oui. Parce qu'il a poser sa main sur la mienne.

- Je peux t'apprendre à plus avoir peur de ça.

Est ce que tu peux réellement ? As tu la moindre idées de tout ce que je n'arrive pas a dire ? J'ai senti sa main resserrer la mienne. Peut-être qu'il sait, que je ne dis pas tout.

- Tu crois ?

- Je veux essayer chat.

Chat. Je peux sentir mon coeur battre plus vite. Et quand j'ouvre les yeux, je vois ses chaussures juste a côté des miennes dans les rayons du soleil.

- Laisse moi reposé ma question, Maxime.

Je sais quel question. J'ai tourné ma main pour avoir la sienne dans la mienne. Et j'ai serré un peu plus fort.

J'ai essayé de faire passer tout mes sentiments dedans. Mes angoisses quand j'imagine qu'il partira un jour, mon coeur qui bats plus vite quand je vois ses chaussures a côté des miennes, mes joies quand je réalise tout le naturel de ses baisers.

Et il a serré un peu.

- Je t'aime.

Mon coeur a raté un battement. Ma respiration s'est bloqué.

Mais je n'ai pas arrêté de respirer. J'ai souris.

- Alors c'est oui.

________

smr c'est le chapitre le plus long de la fic

et c'est quasi le dernier lol

(vous en faites pas j'ai déjà les 3 premiers chapitres de la prochaines ff)

Poussière de décembre [Maxime x Djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant