XVII

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- Maxime ? Tu m'écoutes ?

Non.

Fred a soupiré.

- Depuis combien de temps ?

Fred a regardé le téléphone en haut parleur sur son bureau.

- Ça fait une semaine maintenant... La psychologue qui le suit dis que c'est plus de son ressort. On a besoin de votre autorisation pour voir un psychiatre.

C'est inutile.

- Vous avez vraiment tout essayé ?

Fred a secoué la tête.

- Il ne parle ni a nous, ni a ses amis.

- Vous avez eu son ancien éducateur ?

- Le foyer de Bastia dit que c'est jamais arrivé.

- Pas le foyer. Jessim, son éducateur.

Fred s'est tourné vers moi.

Je ne veux pas parler à Jessim.

- Maxime est ce que tu lui parlerai ?

J'ai haussé les épaules.

- On peut essayer... Maxime je te laisse avec ta mère ok ?

J'ai haussé les épaules. Fred est parti et m'a tendu le téléphone.

- Maxime... Mon bébé, qu'est ce qui se passe ?

Trop de choses.

- Il faut que tu parles... S'il te plaît. Tu as plus vraiment le choix maintenant.

Je suis désolé.

- Essaie de parler à Jessim si c'est possible.

Et elle raccroche. J'ai fixé le téléphone. Et je suis sortit du bureau.

Je suis arrivé dans le parc. Sid était là.

Il est rentré à l'intérieur. Est ce qu'il a fait exprès de me bousculer ?

J'ai allumé ma clope. Il fait nuit. Il fait froid. Mon pull est pas assez chaud. Mon pull. Pas le sien.

Vous vous êtes déjà demandé combien de temps il faudrait pour que les gens remarques si vous arrêtez de parler ? Si oui, environ une journée. Mais la vrai question c'est en combien de temps les gens arrêterons de vous parler aussi.

Elian a mit deux jours. Une journée pour me laisser le temps. Une autre pour se rendre compte que le temps ne servirait pas cette fois.

Manas en a mis trois. Et il m'a fait gagner un oeil au beurre noir.

Les potes de Sid ont arrêté de m'attendre. Sauf Léna qui a marché en silence avec moi jeudi.

Théodore s'est assis a côté de moi vendredi pour fumer sa clope. Il ne m'a rien dit. J'ai apprécié.

Ana n'a pas arrêté de me parler. Elle me raconte sa vie. Elle sait que je vais pas répondre. Mais ça ne l'arrête pas.

Et Sid... Sidjil a mit une minute.

J'ai écrasé ma clope dans le cendrier quand Ana est arrivée et s'est assise à côté de moi.

- Je sais pas ce qu'il se passe, mais moi j'ai plus mon pote de drama. Ça me saoul.

J'ai regardé Ana. J'aurai voulu sourire. Lui faire au moins un sourire désolé. Mais j'ai pas la force.

- Déjà, le Sid qui me rembarre dès que je m'approche de toi ça me les briser sévère mais là, il est vraiment devenu un énorme gland. Je te jure.

Je me doute.

- Ce matin, j'ai juste voulu lui dire bonjour. Tu vois, la politesse classique quoi. Il m'a répondu "ta gueule" et il s'est barrer ! Quel con !

Ana me ferai presque rire a s'énerver comme ça.

- Je sais pas ce qu'il s'est passé, parce que toi tu parles plus et Sid est con et Manas s'est quasiment installé chez Elian. Bonjour l'ambiance.

Je suis désolé.

- C'est hyper chelou parce que il y a une semaine Sidjil et toi vous étiez collés, meilleurs potes, inséparables et là...

Potes. Bien sûr.

- J'ai posé la même question à Sid et il s'est barrer. Quand tu parleras a nouveau, faudra que tu me racontes tout ça parce que vraiment ça a l'air d'être un drama passionnant.

Elle a rigolé. Comme si la situation était normale.

- Faut que j'y aille, j'ai promis à Manon d'aller avec elle en ville. Tu veux venir ?

J'ai secoué la tête. Non.

Ana a haussé les épaules avant de m'embrasser la joue et de s'en aller.

Je me suis dirigé vers la salle télé. A cette heure là un samedi, personne ne sera là. De toute façon, personne ne me parle.

Je suis rentré dans la salle et mes rêves se sont brisés. Mathis était un gars sympa. Je crois. Je lui ai jamais parlé.

Il était assis sur le canapé avec une manette de play dans les mains. Il me montre la deuxième manette sur la table quand je rentre. J'ai haussé les épaules et je me suis juste assis sur un des autres canapés.

- Tu parles plus toi c'est ça ?

J'ai haussé les épaules alors qu'il a même pas bouger les yeux de l'écran.

- Je parlais pas non plus. C'est quoi ton excuse a toi ? Traumatisme ? Psycho-somatique ? Decompassation ?

Hein ?

- En tout cas, si c'est pas physique, essaie de parler quand t'es tout seul. Sinon quand ça va revenir, tu vas avoir une voix de con.

Il a haussé les épaules.

- Moi j'avais le flemme. Pas envie de parler, peur de lié des nouvelles amitiés. Je venais de me faire bourlingué de familles d'accueil en famille d'accueil alors un peu la flemme. Puis ils m'ont balancé chez le psy. Psychiatre. Et c'était soit l'hospitalisation, soit être blindé de cachetons qui me rendrait con.

Aucun des deux choix m'enchante de fou.

- Alors j'ai parlé. Enfin, d'abord j'ai fait plein de conneries. Identifié la cause du silence. Au final, j'avais juste peur que les gens m'accepte pas. Qu'on me dise encore une fois de faire mes affaires et de partir. Psycho-somatisation. Anxiété.

Et quoi ? On est pote de trouble ? Pas fan.

- Je m'attends pas à ce que d'un seul coup ça règle tes soucis. Mais si jamais, moi j'ai juste eu a me laisser faire. Quand on réfléchit un peu moins c'est plus simple des fois.

C'est sûr que lui doit pas réfléchir autant que moi.

Il m'a retendu la manette.

- Tu joues ?

J'ai hoché la tête et j'ai pris la manette.

Réfléchir moins.

Réfléchir moins au poids dans mon estomac et ma gorge. Réfléchir moins a Manas qui me hais. Réfléchir moins a ma mère qui est inquiète. Réfléchir moins à Ana qui va finir par partir. Réfléchir moins a Elian qui veut plus se battre pour que je parle.

Réfléchir moins a Sid que j'ai laissé tout seul au milieu de Toulouse quand il m'a demandé si j'envisageais une relation avec lui.

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c'est Grimkujow omg

et pourquoi Maxime ferait pas du Mutisme Sélectif d'un coup aussi (:

(c'était prévu, je l'ai foreshadowed au chapitre 2 mdr)

Poussière de décembre [Maxime x Djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant