Je me suis réveillé en voyant du sang sur mon oreiller. La coupure sur ma joue était rouverte pendant la nuit. Je me suis traîné dans la salle de bain et j'ai nettoyé mon visage.
Et je me suis regardé dans la glace. Mes cheveux devenaient longs. La griffure sur ma joue allait être remarquable.
J'ai passé ma main dans mes cheveux pour essayer de les coiffer. Passer de l'eau sur mon visage pour essayer de me réveiller. Je me suis habillé, j'ai déjeuné.
Puis je suis parti à l'arrêt de bus.
Comme on ne va pas tous au même lycée, l'arrêt de bus c'est le moment où on se dit au revoir ou au contraire là où on se retrouve.
Quand je suis arrivé, Ana m'a embrassé la joue très rapidement avant de monter dans son bus.
Sauf que c'est là où ma routine depuis le début s'est brisée. Le matin c'est simple. Le matin c'est, réveille, salle d'eau, vêtements, petit déjeuner, cigarette, arrêt de bus, bisous à Ana, Sidjil souffle, bus, lycée.
Où est Sidjil ?
J'ai regardé vers là où il arrive de base jusqu'à ce que le bus arrive, que je monte dedans.
J'ai attendu devant le lycée le prochain bus. J'ai envoyé une dizaine de messages.
Puis j'ai reçu un message de Fred.
"Est ce que tu as vu Sidjil ?"
J'ai eu la tête qui tourne.
"Est ce qu'il t'as dit où il allait ?"
Encore une fois, j'ai senti comme si mes jambes étaient gelées. Comme si je ne pouvais pas bouger.
Sidjil ne m'a pas parlé du weekend. En fait je ne l'ai même pas vu.
Après qu'on se soit engueuler je me suis enfermé dans ma chambre tout le weekend. J'ai attendu. Qu'il revienne. Qu'il s'excuse.
Mais là il n'est pas là. Et Fred n'a pas l'air de savoir où il est. Et Fred m'appelle. Je n'ai pas répondu.
J'ai vu le bus de Lucas arrivé.
Je me suis barré.
Je ne sais pas combien de temps j'ai marché. Mais il fait jour maintenant. Et je suis sur le bord de la Garonne.
On est venu ici un soir avec Sid. Pourquoi j'ai marché jusqu'ici ?
Où est Sid ?
J'ai encore allumé une clope. J'ai le briquet de Manas avec moi. Le briquet qu'Elian avait l'autre jour. Le briquet qui est resté dans la poche de ma veste.
J'ai sorti mon téléphone, ignorant les messages de Fred. J'ai essayé d'appeler Sidjil mais son téléphone m'a directement envoyé sur messagerie.
J'ai réessayé. Trois fois.
Pourquoi il n'est pas là ?
J'ai froid. J'ai enfoncé ma tête dans mon pull. Son pull. Pas le mien.
C'est le sweatshirt vert qu'il portait le soir de l'anniversaire de Maghla. Je crois que l'ai pris là-bas. Au moment où on devait aller se coucher.
Les pulls de Sid sont trop grands pour moi. Il a dit que j'avais l'air minuscule dedans. Je crois que j'aime bien.
Là de suite, je me sens minuscule. Minuscule là où il est pas.
Sidjil m'a fait sentir plein de trucs. Je crois que je suis fou. Je suis fou de vouloir encore qu'il rentre. Qu'il s'excuse.
Je suis arrivé à Toulouse il y a plusieurs mois Je pensais que j'allais être seul. Je me suis préparé à être seul. Mais il a fallu aller le chercher.
Il m'a fait découvrir plein de choses. Les endroits sympas de Toulouse en pleine nuit. Les moyens de s'enfuir du foyer. Comment être sociable. Il m'a fait rencontrer Ana. Il m'a fait découvrir que j'aimais peut-être plus les garçons que les filles.
Il m'a fait découvrir cette sensation étrange dans le ventre. Il m'a fait découvrir que je m'endors plus facilement si j'entends du bruit comme son cœur ou sa voix.
J'ai commencé à marcher. Tout les endroits où on a été.
J'ai traversé la ville. Plein de fois.
Est ce que je compte pour lui ? Est ce que je compte dans les personnes auquel il fait confiance ? Pourquoi il m'a abandonné ?
Quand je suis rentré, Fred m'attendait. Lui et deux flics.
Je les ai suivis sans dire un mot. J'ai répondu aux questions.
J'ai regardé mes mains. Pourquoi Sid n'est pas là ?
Fred a dit au revoir au flic. Puis il a rempli un papier. Déclaration de fugue.
- Maxime ?
Je n'ai pas répondu. Je regarde encore mes mains.
Fred est sorti quelques minutes du bureau puis quand il est revenu il a pris sa veste.
- Tu me suis ?
Je crois que je suis passé en automatique. Je n'ai pas répondu. Je n'ai pas posé de questions. J'ai juste suivi Fred jusqu'à la voiture.
La voiture a démarré et j'ai aucune idée de où on va.
- Il t'as déjà parlé de tout ça ?
J'ai haussé les épaules. Tout ça quoi ?
- Il est pas a l'hôpital. La dernière fois c'est là où je l'ai récupéré. Ça a duré une semaine avant qu'on sache où il était.
J'ai pas répondu, j'ai regardé par la fenêtre les lumières de la ville.
- Vendredi soir, après votre bagarre dans le réfectoire il m'a beaucoup parlé.
Le paysage défile devant mes yeux. J'ai froid. J'ai le pull de Sid.
- Tu es important pour lui. Plus que tu le penses.
Je suis important pour lui ? Alors pourquoi je suis rien ? Pourquoi il est parti ? Pourquoi il répond pas ?
Fred s'est garé. On est descendu et il a marché jusqu'au MacDo. Il a commandé rapidement et on s'est assis.
Fred s'est levé pour aller répondre à un appel. J'ai sortit mon propre téléphone. J'ai ouvert les messages avec Sidjil. Rien.
Je suis rien.
Puis les "..." sont apparu. Longtemps. Fred était toujours dehors. Et Sid m'écrit.
J'ai fixé les "..." pendant autant de temps qu'ils sont apparu. Ils ont disparu. Sont revenu. Puis ils ont disparu encore. Et ils se sont remplacés par un message.
"Je vais bien. Je suis en sécurité. Je peux pas te dire où. Tu m'as dis de me barrer. C'est ce que j'ai fait.
Faut que je réfléchisse à plein de trucs. Mais tu m'as demandé ce que tu étais. Et j'en sais rien. T'es pas ma meuf, t'es pas mon mec. T'es Maxime.
Et Maxime c'est quelque chose qui me fait peur. T'as dans les yeux de quoi me comprendre et moi je peux pas te comprendre.
J'ai dis que j'arrêtais mes conneries. Je te promets ça. Que j'arrête de faire le con. Je suis a un endroit safe.
Mais j'ai fais une grosse connerie c'est que j'ai pas pensé à toi. Mais quand je pense a toi, je pense a plein de trucs.
T'es Maxime. Je veux que tu sois Maxime.
Je reviens vite chat."
J'ai la tête qui tourne.
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je vis pour le surnom "chat"
ce chapitre il est encore plus triste que moi c'est dingue
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Poussière de décembre [Maxime x Djilsi]
FanficQuand Maxime, 16 ans se retrouve à quitter son foyer en Corse pour Toulouse, c'est sa vie entière qui bascule.