Lorsque le taxi s'arrêta devant l'entrée de l'hôpital Nord, je n'en pouvais plus. Le trajet m'avait paru interminable. J'étais pressé de revoir Anna mais, en même temps, mon appréhension s'intensifiait au fur et à mesure que j'approchais du but. Maintenant que j'étais là, je n'allais pas me dégonfler. Hors de question. J'avais déjà assez merdé comme ça. Je pris une grande inspiration en refermant la portière de la voiture et pénétrai d'un pas mal assuré dans cet hôpital marseillais que je ne connaissais pas. Je repérai l'accueil assez rapidement et demandai le numéro de la chambre d'Anna. Chambre 314. Troisième étage.
Je décidai de ne pas prendre l'ascenseur, mais plutôt les escaliers, pour essayer de me calmer un peu. Une fois arrivé à l'étage, je cherchai fébrilement sa chambre en jetant un œil rapide sur les petites plaques bleues où étaient inscrits les numéros. Au bout du couloir à droite, ma respiration se bloqua lorsque je lus le nombre 314. La porte était fermée. Mon cœur battait très fort dans ma poitrine. Allez, Alex, un peu de courage ! Sans plus réfléchir, je frappai à la porte doucement. J'entendis sa voix dire :
— Entrez !
Je tournai la poignée et avançai de quelques pas à l'intérieur de la chambre. Elle tourna doucement la tête vers moi et je vis passer dans ses yeux tout un tas d'émotions et de sensations. L'étonnement. Le soulagement. La joie. L'amour. La peur. Un sacré mélange qui me bouleversa. Des larmes commençaient à couler sur ses joues. Elle était allongée sur son lit, elle semblait fatiguée, mais elle était aussi belle que dans mon souvenir. Son teint était pâle mais j'avais l'impression qu'elle allait bien, du moins physiquement.
La revoir me fit à la fois un choc et un bien fou. J'avais envie de courir près d'elle, de la serrer dans mes bras et de sécher ses larmes, mais je n'en fis rien. J'étais paralysé par la honte et la culpabilité qui me revenaient une nouvelle fois en pleine figure en la voyant ici, dans un lit d'hôpital. Après quelques secondes sans rien dire, je parvins à retrouver ma voix. Sans bouger, la tête à moitié baissée et le regard fuyant, j'esquissai un faible sourire en lui disant :
— Bonjour, Anna.
— Alexandre, je... Je suis tellement contente que tu sois là...
— Moi aussi, je suis heureux de te revoir.
Je n'osais toujours pas bouger. J'étais pétrifié à l'idée qu'elle me crache des insultes à la figure. Ça aurait été tout à fait justifié après ce qu'elle avait subi. Je jetai un autre regard furtif vers elle : elle me souriait, tandis que les larmes continuaient de rouler sur son visage. Elle tentait de les essuyer d'une main tremblante, sans me quitter des yeux. Elle reprit ses esprits et me dit d'une voix douce :
— Je commençais à désespérer de te revoir un jour tu sais...
— Je... Je sais... Anna, je suis tellement désolé pour tout ce que tu as enduré à cause de moi. Je me sens tellement coupable vis-à-vis de toi. Si les choses avaient mal tourné, tu aurais pu... Je te demande pardon. Pardonne-moi, s'il te plait.
Les mots franchissaient le seuil de mes lèvres très vite, comme si je les avais trop longtemps gardés enfermés. M'excuser auprès d'elle me faisait tellement de bien. Sans m'en rendre compte, j'étais tombé à genoux en lui parlant, et je sentis le froid du sol de la chambre à travers mon pantalon. J'aperçus une larme tomber sur le lino, puis une autre.
C'était les miennes ? Je n'avais pas conscience que j'étais en train de pleurer. Je les chassais du revers de la main. J'avais toujours la tête baissée. Je n'arrivais pas à trouver le courage de me relever. Tout à coup, la main d'Anna me serra l'épaule. Ce contact, même à travers mes vêtements, réveilla en moi les sentiments que je ressentais pour elle et que je n'osais pas encore regarder en face. Un frisson me parcourut la colonne vertébrale.
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Les Ombres du Passé ~ Tome 2 ~ Apprivoise-Moi
RomanceAnna avait décidé de tenter de construire une relation avec Alexandre, malgré son passé de soumis. Elle l'avait laissé entrer chez elle, dans son intimité, dans sa vie. Tout simplement parce qu'elle avait réalisé qu'elle l'aimait, malgré son passé i...