Les Ombres du Passé ~ Tome 2 ~ Apprivoise-Moi

Chapitre 10.2 ~ Alexandre

— Le capitaine Floresti est venu me voir pour recueillir ma version des faits. Il m'a dit que tu avais porté plainte contre ton frère ?

— Oh que oui ! J'ai la haine contre lui, j'ai envie de le tuer à chaque fois que je repense à l'enlèvement ! Je ne vais pas laisser ce salaud s'en tirer comme ça après ce qu'il t'a fait ! Tu n'es pas en colère contre lui, toi ?

— Et bien, je ne sais pas trop en fait. J'ai vraiment eu très peur. J'ai même eu la peur de ma vie, ça c'est certain. Je ne veux plus jamais revivre ça. En même temps, c'est ton frère. Ton frère jumeau. C'est assez compliqué pour moi de te regarder sans penser au visage d'Olivier, qui ressemble comme deux gouttes d'eau au tien. Tu comprends ?

— Oui, je... Anna, tu veux que je m'en aille ? Je ferai comme tu voudras, je ne veux pas te faire peur.

— Non, je veux que tu restes. Je sais bien que tu ne me ferais jamais de mal intentionnellement. Mais votre ressemblance physique est très troublante pour moi après ce qui est arrivé. Mais ça va aller, ne t'inquiète pas.

— OK. Mais promets-moi d'être honnête avec moi et de m'en parler si ça ne va pas, d'accord ?

— Promis !

— Comment ça s'est passé avec le Capitaine Floresti ? Tu as porté plainte contre Olivier ?

— Je t'avoue que je n'ai pas encore pris de décision à ce sujet.

— Pourquoi ? Après tout le mal qu'il t'a fait, il mérite de payer, tu ne crois pas ?

— Oui... mais d'après ce que m'a dit le capitaine, que je porte plainte ou pas, sa situation a l'air mal embarquée alors... à quoi bon en rajouter ? Et puis, c'est ton frère quand même...

— Non, Anna. Je n'ai plus de frère. C'est terminé. Je ne peux pas accepter ce qu'il a fait.

— Alexandre, ne dis pas ça.

— Oh si ! Je te le dis et je te le répète, je n'ai plus de frère.

La colère m'envahit une nouvelle fois comme un tsunami. Je me levai brusquement pour regarder par la fenêtre de la chambre, pour tenter de retrouver un peu de calme. Je respirai profondément en serrant mes poings très fort. Puis je me tournai vers Anna en lui disant d'une voix un peu plus ferme que je ne l'aurais voulu :

— Anna, s'il te plait, je n'ai pas envie de revenir sur ce sujet pour le moment.

— OK. Comme tu veux. Reviens t'asseoir près de moi, s'il te plait.

Je ne pus résister à une telle invitation et retournai m'asseoir près d'elle, sur son lit. Je lui demandai de m'en dire un peu plus sur son état physique, et surtout psychologique. Elle me dit qu'elle faisait des cauchemars, et qu'elle avait aussi parfois des flashes qui lui revenaient de sa séquestration. Elle me confia aussi que la psychiatre de l'hôpital lui avait conseillé de consulter pour traiter son stress post traumatique. Lorsque j'entendis ses mots, j'eus une nouvelle fois envie de m'excuser, mais je réussis à ne pas le faire, comme elle me l'avait demandé. 

Je me contentai de l'écouter et de hocher la tête, sans rien dire. Elle me demanda ce que j'avais fait de mon côté depuis toute cette sale histoire. Je restai assez évasif, je lui dis que j'avais pris une chambre dans un hôtel et que j'étais resté en contact avec Inès, qui me donnait régulièrement des nouvelles de son état. Je préférais ne pas trop entrer dans les détails. Elle m'écouta attentivement, en me regardant d'un air dubitatif.

— Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?

— Alexandre, je vois bien que tu n'as pas bonne mine et que tu as maigri... Je ne suis pas aveugle...