Chapitre 6.2 ~ Anna

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Mes paupières étaient si lourdes que j'eus du mal à les ouvrir. Tout était flou, blanc, froid. Où étais-je ? Je n'arrivais pas à me souvenir. Tout était embrouillé dans ma tête. Petit à petit, les images devinrent plus nettes. J'étais allongée dans un lit. J'avais une perfusion au bras gauche. C'était quoi ce délire ? Qu'est-ce-que je... ? Je tournai difficilement la tête et j'aperçus ma mère, assise dans un fauteuil à côté de moi. Dès qu'elle croisa mon regard, elle se leva d'un bond, un sourire aux lèvres et les larmes aux yeux, en s'écriant :

— Anna, ma chérie, tu es réveillée !

Elle s'approcha de moi et serra très fort ma main gauche dans les siennes. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Pourquoi était-elle là ? Où j'étais ? À l'hôpital ? Pourquoi ? Elle pleurait de joie en me disant, entre deux sanglots :

— J'ai eu si peur, Anna ! J'ai cru que je t'avais perdue... Je... je vais prévenir le médecin que tu es réveillée !

Je n'eus pas la force ni le temps de réagir. J'étais sonnée. J'avais mal à la tête. Mes membres étaient lourds et engourdis. Ma bouche était sèche. Je me sentais faible. Et toujours aucun souvenir. Pourquoi je m'étais retrouvée à l'hôpital ? Pourquoi ma mère avait-elle eu si peur ? J'essayais de forcer mon cerveau à se souvenir. En vain. Un docteur entra dans ma chambre en souriant :

— Bonjour Anna, je suis le Docteur Molina. Vous êtes à l'hôpital Nord. Comment vous sentez-vous ?

— Je... je suis dans le brouillard.

— C'est normal. Vous avez perdu beaucoup de sang, et vous êtes restée dans le coma pendant deux jours.

— Deux jours ! Mais... Que s'est-il passé ?

— Vous ne vous en souvenez pas ?

— Non.

— OK. Pas de panique. Vous avez subi un traumatisme important. Cela arrive assez fréquemment. Je vais commencer par vous examiner, d'accord ?

Ça commençait sérieusement à me faire flipper d'avoir tout oublié. Ma gorge était serrée. Je ne pouvais pas trop parler, alors je fis un signe de la tête au médecin pour lui faire comprendre que j'étais prête pour être auscultée. Il commença son examen, mais je n'arrivais pas à me concentrer. J'étais affolée. J'essayais de me souvenir de ce qui avait bien pu se passer. Je me concentrai pour trouver le dernier souvenir que j'avais à l'esprit.

Et là, instantanément, je vis le visage d'Alexandre. On avait passé la nuit ensemble. Chez moi. C'était la première fois depuis la mort de Sébastien que j'avais laissé quelqu'un dormir dans mon lit. Je sentis un sourire illuminer mon visage et les larmes coulèrent, paisibles et silencieuses. Je me souvenais que je lui avais dit que je voulais bien donner une chance à notre relation naissante. D'ailleurs, où était-il ? Pourquoi n'était-il pas là, avec moi ? La voix du docteur me tira de mes pensées :

— Anna ? Tout va bien ?

— Euh... Oui, je...

— Vous vous rappelez de quelque chose ?

— Oui. Un moment agréable.

— C'est un bon début ! Tout a l'air normal, vous vous remettez bien pour le moment. Je vais vous faire passer un scanner et d'autres examens complémentaires, on va devoir vous garder encore quelques jours ici pour s'assurer que tout va bien.

— OK. Docteur, quand vais-je me souvenir de ce qu'il m'est arrivé ?

— C'est difficile à dire. Le cerveau se protège en « effaçant », en quelque sorte, un événement qui est trop difficile à vivre pour lui. C'est un mécanisme de protection. Ne vous fatiguez pas Anna, vous venez de sortir de deux jours de coma. Laissez-vous du temps.

Les Ombres du Passé ~ Tome 2 ~ Apprivoise-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant