Chapitre 3.2 ~ Alexandre

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Aussitôt, il entailla la cuisse d'Anna qui sursauta. Son visage était tordu par la douleur. Le sang coulait le long de sa jambe. C'était horrible d'assister à ce spectacle sans pouvoir l'aider, ni la soigner. Je n'en pouvais plus, il fallait que je fasse quelque chose ! Anna, accroche-toi, je t'en supplie ! Mon regard mouillé allait d'Anna à mon frère, tandis que le sbire s'éloignait de sa chaise en essuyant son couteau. Il le rangea dans sa poche et alla reprendre sa position initiale près de la porte.

Olivier était satisfait. Il souriait. Il avait vraiment l'air heureux de nous faire autant de mal. Je n'arrivais toujours pas à réaliser que tout ça était bien réel. Il était mon frère jumeau. La mort de notre mère nous avait séparé mais jusqu'à présent, je continuais de l'aimer. Parce que la famille, c'était le plus important. Mais à partir de maintenant, je n'avais plus de frère. Ma famille, c'était mon père. Et Anna. Olivier me dit en riant :

— Alors, tu aimes le second acte ? Perso, j'adore ! Je kiffe grave ! Et toi ? C'est bon ? Tu comprends vraiment maintenant ? Ou bien il t'en faut encore ?

Je faisais des bonds sur ma chaise. J'avais envie de lui cracher dessus, de le frapper, de le tuer, mais je ne pouvais rien faire. Ça me rongeait. Il nous contempla encore quelques minutes, puis il se dirigea vers la sortie, et son sbire referma la porte derrière eux. Dès qu'ils furent partis, je reportai mon attention sur Anna. Elle saignait. J'entendais ses gémissements de douleur malgré son bâillon. Elle était encore plus pâle que ce matin. Ses yeux étaient baignés de larmes, sa tête était penchée en avant. Elle était, encore une fois, sous le choc.

Je tentais de me concentrer sur sa blessure à la cuisse. Elle n'avait pas l'air trop profonde, mais elle perdait encore du sang. Les entailles étaient vilaines et douloureuses, mais pas mortelles. Olivier savait parfaitement ce qu'il faisait. Il voulait faire durer le plaisir. C'était insupportable. Dans ce torrent de pensées qui tourbillonnait, j'eus soudain une idée pour tenter de nous sortir de là. Elle était sortie de nulle part et je l'acceptais avec gratitude.

Maintenant, il fallait que je me calme. Tout en gardant mon regard rivé sur Anna, je me redressai sur ma chaise et me forçai à prendre de lentes et profondes inspirations. Au bout de quelques minutes, mon rythme cardiaque ralentit et je retrouvai un semblant de sérénité. J'étais surtout déterminé à mettre mon plan à exécution. Il fallait être patient. Attendre la prochaine visite du sbire de mon frère. Je pouvais le faire. Je devais le faire.

Anna était toujours plus ou moins inconsciente. J'entendais sa respiration régulière qui résonnait dans la pièce. Je me concentrais sur ce son pour me calmer complètement. Il fallait que j'aie les idées claires pour ne pas tout faire foirer. La seule chose que j'avais à faire était d'attendre. Alors, je fermai les yeux pour me recentrer et réfléchir à mon plan du mieux possible.

Je ne savais pas combien de temps avait passé lorsque le bruit de la clé dans la serrure me fit sursauter. C'était le moment ou jamais Alexandre. Concentre-toi ! Comme je m'en doutais, le complice de mon frère venait pour nous faire boire. Il s'approcha d'Anna et lui enleva son morceau de scotch d'un coup sec. Elle était groggy, mais vivante. C'était l'essentiel.

Il lui fit boire son verre d'eau habituel et la bâillonna de nouveau. Je me tenais prêt à mettre mon plan à exécution, en espérant que ça fonctionnerait. Il s'approcha de moi et retira le morceau de scotch sèchement. Il me fit boire également, mais avant qu'il ne remette mon bâillon en place, je lui lançai :

— Il faut que j'aille pisser, s'il vous plait.

Il fut légèrement surpris par ma demande et plissa les yeux une micro-seconde. Je voyais qu'il était en train de peser le pour et le contre. Alors, pour le décider, je continuai :

Les Ombres du Passé ~ Tome 2 ~ Apprivoise-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant