Chapitre 4.1 ~ Alexandre

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Je fus réveillé par une douleur dans mon bras droit. Le flou le plus total régnait dans ma tête. Où étais-je ? Que s'était-il passé ? Instinctivement, je touchai le bras qui me faisait souffrir et je rouvris les yeux doucement. C'est à ce moment-là que je me rendis compte que j'étais semi-allongé sur un brancard, dans une ambulance. J'étais abasourdi. Je ne comprenais rien à ce qui était en train de se passer.

A moitié dans les vapes, je regardai autour de moi. Il y avait un camion de pompiers et deux voitures de police garés à proximité de l'ambulance dans laquelle je me trouvais. Plusieurs hommes - certainement des policiers - discutaient ensemble, un peu plus loin. Tout ça me donnait encore plus le vertige. Je reposai ma tête sur le brancard pour essayer de retrouver mes esprits. Putain, mais pourquoi toute cette agitation ? A cet instant, j'entendis une voix masculine qui cria :

— Regardez, je crois qu'il revient à lui !

Je tournai la tête en direction de celui qui avait parlé. C'était un vieux monsieur qui tendait le doigt vers moi. Tout à coup, la mémoire me revint comme un boulet de canon qui détruisait tout sur son passage. Anna. Ma fuite insensée dans la colline. La balle que j'avais reçu dans le bras. Olivier. Putain ! Anna ! Mon Dieu, il fallait la retrouver et la sauver des griffes de mon tordu de frère ! Tout se bousculait dans ma tête. Je ne savais plus où j'en étais.

Ma respiration s'accélérait. Mon cœur battait de plus en plus vite. J'étais totalement paniqué à l'idée qu'Anna était encore en danger, aux mains d'Olivier et de ses deux sbires qui lui obéissaient au doigt et à l'œil. Je hurlai dans ma tête qu'il fallait qu'ils sauvent Anna, mais aucun son ne sortait de ma bouche pour le moment. C'était comme si les mots restaient bloqués au fond de ma gorge.

Un ambulancier s'approcha de moi et me toucha doucement l'épaule gauche en me parlant calmement :

— Monsieur, comment vous vous sentez ? Votre bras vous fait beaucoup souffrir ? Monsieur, vous m'entendez ?

Oui, je l'entendais, mais j'avais beaucoup de mal à rassembler mes esprits pour lui répondre. Je pris une grande inspiration pour essayer de me calmer et fermai les yeux quelques secondes. Je continuai à respirer profondément pendant encore quelques instants et je pus retrouver un semblant de cohérence pour répondre :

— Anna ! Il faut sauver Anna ! S'il vous plait !

— Monsieur, calmez-vous. Restez tranquille, vous avez été blessé. La balle n'a pas fait de gros dégâts. Elle n'a fait que traverser votre bras. Vous avez eu de la chance. Mais on doit vous emmener à l'hôpital, par prudence.

— Quoi ? Non ! Je suis... Je suis médecin. Je ne veux pas aller à l'hôpital. Je suis sonné mais... ça va. La priorité, c'est Anna !

— Attendez, je ne comprends rien, je vais demander aux policiers de venir vous parler.

— Oui, s'il vous plait !

L'ambulancier alla parler à un des hommes qui discutaient avec le vieux monsieur. C'était lui qui m'avait gentiment prêté son téléphone pour prévenir la police, je m'en souvenais très bien maintenant. Je vis arriver vers moi un homme de taille moyenne, la cinquantaine, cheveux châtains un peu grisonnants, yeux marrons.

Il portait un jean usé par le temps et une chemise à carreaux bleue, sous un long imperméable noir. Son regard paraissait inquiet. Ça ne me disait rien qui vaille. Non, non, non. Ne me dites pas qu'il est trop tard. Je vous en supplie. Une fois arrivé à ma hauteur, l'homme me parla d'une voix ferme et assurée, en me montrant la carte de police qu'il venait de sortir de sa poche intérieure :

— Bonjour, je suis le Capitaine Floresti. Brigade criminelle. C'est vous qui nous avez averti ? Comment vous appelez-vous ?

— Bonjour, oui, c'est moi. Je suis Alexandre Mercier. S'il vous plait, vous devez retrouver Anna, je vous en supplie !

— On se calme, Monsieur, on se calme !

Il jeta un coup d'œil au bandage que j'avais au bras droit et me répondit :

— J'ai besoin d'en savoir plus avant de faire quoi que ce soit. Les ambulanciers m'ont dit qu'il serait plus prudent que vous alliez à l'hôpital pour votre blessure, même si elle semble superficielle d'après eux.

— Non, non ! Je suis médecin, ça ira je vous dis ! Il faut que vous retrouviez Anna !

— Tout doux. D'abord, il va falloir tout m'expliquer en détails. Votre appel de tout à l'heure n'était pas très clair. Vous avez parlé d'un enlèvement ?

— Oui. J'ai été enlevé et séquestré, avec Anna, par mon frère jumeau, Olivier et deux armoires à glace qui sont à ses ordres.

— Hum... C'est quoi votre nom déjà ?

— Mercier. Pourquoi ?

— Donc votre frère jumeau est bien Olivier Mercier ?

— Euh... Oui. Vous le connaissez ?

— Disons qu'on a déjà eu affaire à lui, mais qu'on n'a jamais trouvé de preuves pour le coincer pour de bon...

Je fus surpris par sa réponse, mais je n'avais pas le temps de m'y attarder pour le moment. Je racontai tout ce qu'il s'était passé au capitaine, depuis le moment où mon frère m'avait fait embarquer de force dans un coffre de voiture, jusqu'à mon coup de téléphone pour prévenir la police.

J'essayai de me concentrer pour lui donner le plus d'éléments possible. Il me posait parfois des questions pour avoir des précisions. Je lui répondais rapidement, parce qu'on perdait du temps, là ! Je n'en pouvais plus, il fallait qu'ils partent à la recherche d'Anna maintenant ! Exaspéré, je finis par crier presque :

— Je crois que vous en savez assez pour agir maintenant, non ? Il faut faire vite, s'il vous plait ! Je vais vous montrer ! L'endroit n'est pas très loin, enfin, je crois.

— Vous êtes en état de vous lever ?

— Oui, venez, je vais essayer de retrouver le chemin que j'ai suivi pour arriver jusqu'ici.

— OK. Vous nous montrez le chemin. Mes hommes et moi, on vous suit. Mais si ça part en barigoule, vous ne jouez pas au héros, c'est bien clair ? Vous nous laissez faire notre travail, compris ?

— Oui, compris. Bon, on y va ?

— Go !

Le capitaine Floresti se tourna vers ses collègues en criant :

— Julien, Cédric, Thomas et Thierry, avec moi ! Mettez vos gilets pare-balles et soyez sur vos gardes. D'après les infos que j'ai, nous avons affaire à trois individus dont deux qui peuvent être dangereux. Ils détiennent une femme en otage qui a déjà reçu deux coups de couteau. Alors, on se concentre les gars ! Les autres, vous retournez au commissariat. On reste en contact radio. Et trouvez-moi les dernières infos qu'on a sur Olivier Mercier. Fissa !

Il avait à peine fini sa phrase que les quatre hommes qu'ils avaient appelés se préparaient et se rapprochaient de nous. Tous équipés et armés. Ça me faisait flipper de voir tout ça. J'avais l'impression d'être dans un film. Mais non, c'était bien la réalité, putain. Le capitaine Floresti me tendit un gilet pare-balles en me disant d'un ton sérieux et autoritaire :

— Tenez, mettez ça. Et je vous le répète, vous ne jouez pas au héros !

Je fis oui d'un signe de la tête parce que j'étais bien incapable de parler. J'enfilai rapidement mon gilet et me mis à marcher à vive allure, tout en essayant de me repérer et de montrer le chemin aux policiers. Le capitaine m'emboîta le pas et fit un geste à ses hommes qui l'imitèrent. J'étais complètement stupéfait et horrifié par la tournure que prenaient les événements.

Comment la situation avait-elle pu dégénérer à ce point ? Comment mon frère avait-il pu en arriver là ? Si jamais il arrivait quelque chose à Anna, je ne pourrai jamais le lui pardonner. Et je ne pourrai jamais me le pardonner. Tant bien que mal, j'essayais de me concentrer mon retrouver le bâtiment où nous étions enfermés elle et moi.

Dans cette pinède que je ne connaissais pas, c'était compliqué. Je n'étais pas du tout sûr de moi et le stress n'arrangeait rien. Concentre-toi Alexandre, concentre-toi, tu peux le faire ! Ce n'était pas le moment de lâcher. Je devais tenir bon. Pour Anna.

Les Ombres du Passé ~ Tome 2 ~ Apprivoise-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant