Le temps passait tellement lentement dans ce maudit hôpital... J'en avais assez du va-et-vient incessant des infirmières, des médecins et des aides-soignants dans ma chambre. Ils étaient tous très gentils et très compétents, mais j'en avais vraiment marre d'être là. Allongée dans ce lit. Sans souvenirs de ce qu'il s'était passé. Mes parents avaient discuté avec l'équipe médicale qui leur avait confirmé qu'il était préférable que je retrouve moi-même la mémoire. Ils n'avaient donc pas l'autorisation de me raconter les faits. J'enrageais.
Malgré les conseils du Dr Molina, j'essayais de forcer mon cerveau à se souvenir. En vain. Ça me rendait folle. Du point de vue purement physique, je me sentais mieux. Je reprenais des forces doucement, mais sûrement. Normalement, je pourrais sortir d'ici la fin de la semaine. J'avais tellement hâte. Je pourrai alors revoir Alexandre. J'étais toujours sans nouvelles de lui. Ma mère ne voulait pas en entendre parler et mon père... Disons que j'avais l'impression qu'il ne voulait pas la contrarier, et du coup, il ne me disait rien à son sujet non plus.
Je m'ennuyais à mourir. Je savais que je devais dormir, me reposer mais je n'y arrivais pas vraiment. Je voulais à tout prix retrouver la mémoire. C'était une idée fixe. Une obsession. Et j'avais l'impression que plus j'essayais, plus mon cerveau bloquait. Putain ! Je soupirai bruyamment pour exprimer ma frustration quand j'aperçus ma mère qui entrait dans ma chambre.
— Bonjour Anna, comment tu vas ce matin ?
— Salut Maman. Ça peut aller, je commence à me sentir mieux.
— Tant mieux ! Tiens, je t'ai ramené ton sac à mains et ton portable.
— Ah, génial ! Merci beaucoup !
— Mais de rien ma chérie. Je suis juste passée te le déposer en vitesse. J'ai rendez-vous avec mon éditeur pour le déjeuner.
Elle déposa mon sac à mains à côté de moi et me fit un bisou sur la joue. Je lui rendis son sourire lorsqu'elle me lança :
— Allez, je file ma chérie ! Je repasserai te voir plus tard, d'accord ?
— Oui, à plus tard !
J'étais super contente de retrouver mon sac à mains et surtout mon portable. J'allais enfin pouvoir communiquer de nouveau avec le monde extérieur et surtout, avec Alexandre. Comme je m'en doutais, il était éteint. Je fouillai au fond de mon sac pour trouver mon chargeur et je le branchai tout de suite. Qui sait ? Peut-être qu'Alexandre m'avait envoyé des messages ? Je tapai mon code PIN avec fébrilité et mon écran s'éclaira enfin. Un échange de textos entre Inès et moi s'afficha :
Inès : « Il y a eu un accident sur la route. Tout est bloqué à cause de la gendarmerie et des pompiers. Je ne sais pas quand je serai au lycée. »
Moi : « Tant pis. Je vais dans les quartiers Nord seule. Je ne peux plus attendre. Je suis trop inquiète. Je t'envoie l'adresse. Je serai prudente. Promis. On se tient au courant. »
Lorsque je lus ces messages, tout se télescopa dans mon esprit. Tous mes souvenirs revenaient d'un coup, comme en accéléré. J'avais l'impression que ma tête allait exploser. Le lycée. Alexandre. Olivier. Les deux sbires. Le scotch. Le hangar pourri. L'enlèvement. La séquestration. La peur. Les coups. Le couteau. La chaleur. Le sang. La douleur. La colère. La fuite d'Alexandre. Le trajet dans le coffre. L'appartement abandonné. L'angoisse. La solitude. L'arrivée des policiers. Les coups de feu. L'ambulance. Les larmes coulaient sur mes joues sans que je puisse les arrêter.
Tout le film des événements depuis notre petit déjeuner dans mon appartement, ce jour-là, se déroulait en mode technicolor dans ma tête. J'entendais les bruits, je pouvais sentir l'odeur de moisi de la pièce où j'avais été enfermée avec Alexandre. Je revoyais le regard glacial d'Olivier. J'entendais les roues de son fauteuil glisser vers moi. Je sentais le froid de la lame de son couteau contre ma cuisse. C'était horrible. Tout mon corps revivait ce qu'il avait subi. Je suffoquais, j'avais chaud, j'étais paniquée. La peur me rongeait les entrailles.
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Les Ombres du Passé ~ Tome 2 ~ Apprivoise-Moi
RomanceAnna avait décidé de tenter de construire une relation avec Alexandre, malgré son passé de soumis. Elle l'avait laissé entrer chez elle, dans son intimité, dans sa vie. Tout simplement parce qu'elle avait réalisé qu'elle l'aimait, malgré son passé i...