Nos coeurs accordés

Chapitre 11

Mia

Cela fait maintenant quatre jours depuis la fameuse soirée où j'ai surpris Kate chez Carl. Je parviens petit à petit à passer à autre chose et faire le deuil des moments passés avec lui. Je passe mes journées à mon travail puis le soir, me plonge sur mon piano, ce qui m'aide grandement à me changer les idées et ne plus penser à lui. Je suis maintenant déterminée à passer à autre chose et me suis faite une raison : nous sommes incompatibles. Moi et ma vie bien rangée ne peut s'accorder avec celle d'une superstar débauchée. Le samedi soir, Fiona m'a convaincue de me rendre en paillote avec elle, Stacy et Thomas. Je les ai informés que je les rejoindrai directement après mon récital au Golden Age où les pensionnaires m'attendent pour leur soirée dansante. Je m'empresse de pénétrer dans le vaste bâtiment, situé en bord de mer et m'installe à mon piano, comme à mon habitude. La salle où a lieu le dîner se remplit peu à peu de ses pensionnaires. Je salue de la main les quelques visages familiers avant de commencer à jouer. Pendant 1 :30, je ne pense qu'à mes doigts sautant de notes en notes et à mes partitions que je connais maintenant par cœur. Je concentre toute mon énergie à ce que j'aime par-dessus tout : la musique. Le son vibrant du piano fait écho dans l'immense salle pour se mélanger aux cliquetis des verres que les habitants du Golden Age trinquent, à leurs rires francs et à leurs conversations pleines de sagesse. Lorsque 21 :30 sonne, je joue ma dernière note et mon audience m'applaudit avec enthousiasme. Je m'incline pour les remercier et me lève du piano, le cœur un peu plus léger.

-Belle prestation ! me lance alors une voix familière.

Tandis que je rassemble mes partitions, une grande femme blonde aux cheveux longs lisses et au sourire ravageur s'avance vers moi, un verre de champagne à la main. Je reconnais alors Kate. Une vague de colère s'empare aussitôt de moi.

-Qu'est-ce que tu fais là ?

-Mon grand-père est pensionnaire ici. Georges Hunson.

Je me tais. Je connais en effet Georges puisqu'il vient régulièrement me féliciter après mes prestations.

-Il est ici depuis plusieurs années maintenant. Il est un grand fan, il me parle souvent de la petite brunette qui joue du Tchaïkovski le vendredi soir. Si j'avais su que c'était toi !

Je ne réponds pas et range frénétiquement mes partitions dans ma sacoche avant de m'apprêter à partir mais Kate se plante devant moi.

-Je te dois des excuses par rapport à Carl. Je n'aurais jamais dû dire ce que j'ai dit... Je n'aurai même jamais dû m'inviter chez lui. J'ai menti, on n'avait jamais prévu de se voir et il n'y a absolument rien entre nous.

-Pourquoi avoir prétendu le contraire, alors ?

-Parce que... J'en pinçais encore pour lui, et je pensais que tu étais encore une de ses nymphos qui lui collent aux basques et n'en ont qu'après son argent.

-Peu importe, tu as gagné, je te le laisse ! Lui et moi, on n'est pas fait pour être ensemble.

-Je pense que tu devrais lui donner une seconde chance. Ça l'a anéanti de te voir partir, il était dans une colère folle, je ne l'avais jamais vu comme ça avant... Et entre toi et moi, un mec aussi respectable que lui, ça ne court pas toutes les rues. Il n'est pas le chaud lapin que les gens s'imaginent ou que les médias décrivent. Il a un cœur, meurtri, mais en or, crois-moi.

Je me tais, songeuse.

-Sur ces belles paroles, ajoute Kate, bonne soirée !

Elle lève son verre dans ma direction, en boit une gorgée et part rejoindre son grand-père assis à l'une des tables.