Survivre dans l'arène

Etre capturée

Point de vue d'Iris, 6 mois plus tôt :

Dans ma course, les branches giflent mon visage sans pitié et les racines tentent sournoisement de me faire trébucher. Je manque de chuter à maintes reprises mais parviens tout de même à maintenir mon allure. Je ne dois pas ralentir, je ne peux me le permettre. Pas quand ces hommes me poursuivent et que ma vie est en jeu !

Mais bon sang, comment cela a-t-il bien pu se produire ? J'ai pourtant été particulièrement vigilante dans mes préparations et n'ai rien laissé de côté ! Pendant près de trois jours, j'ai soigneusement pris en compte tous les risques et scénarios possibles tout en envisageant une liste de solutions à appliquer si je commettais la moindre erreur. Or en l'occurrence, je suis certaine de n'avoir fait aucun faux pas et que mon cambriolage de ce soir s'est déroulé sans la moindre bévue notable. Il ne peux donc y avoir qu'une seule explication, et cette pensée glaçante à le malheur d'enrayer mon esprit tandis que je m'enfonce de plus en plus dans l'obscurité : 

On m'a forcément dénoncée... 

Certes, je suis consciente que mes méfaits de voleuse sont connus de l'ensemble du pays, pour autant aucunes lèvres ne peuvent se venter d'en connaître davantage sur moi. J'ai toujours su me montrer prudente et discrète. D'un naturel solitaire, je ne fréquente manifestement pas assez un lieu ou une personne pour m'y attacher. Et mis-à-part une poignée d'amis que j'ai rencontré fortuitement, aucun citoyen du royaume ne pourrait mettre un visage au célèbre voleur que je suis. Après tout, même mon sexe est un mystère.

Mais là repose le problème : si ces connaissances se comptent sur les doigts d'une main et réduit donc ma liste de traîtres potentiels, je leur fais réellement confiance. Je suis intimement persuadée qu'aucun d'eux n'aurait pu me vendre à la royauté. Je leur ai révélé mon identité car je les sais assez fidèles et loyales pour mentir comme des arracheurs de dents si on les questionne à mon sujet. Alors par mes ancêtres, comment ai-je pu me retrouver dans cette situation ??

Comme j'en ai pris l'habitude depuis plus de trois ans maintenant, j'ai planifié consciencieusement et avec soin un cambriolage dont le butin une fois revendu m'aurait permis de combler mes besoins financiers pour un bon bout de temps. Cette fois-ci, ma cible n'était autre qu'un musée où étaient entreposés depuis peu de magnifiques bijoux. La valeur de ces derniers était très alléchante, ce qui m'a très naturellement poussé à agir. Ainsi, après plusieurs jours à observer les lieux, les allées et venues des gardiens de nuit de même que l'emplacement des alarmes, je me suis enfin décidée à entreprendre le vol cette nuit-là. Et par chance, tout se passa comme je l'avais prévu. Rien ne vint perturber mon programme : mon cambriolage fut une réussite totale, m'assurant une parfaite sécurité par la suite. Mais alors qu'elle ne fut pas ma surprise lorsqu'une fois sortie du bâtiment, je suis tombée nez à nez avec deux hommes qui visiblement m'attendaient patiemment.

Le premier m'apparaissait mince et finement musclé. Il avait les cheveux bruns ainsi qu'un visage anguleux. Il était habillé en civil et je l'aurai jugé somme tout inoffensif si je n'avais pas perçus l'éclat furtif derrière le sombre tissu de ses manches. Maintenant que j'y prête attention, il est vrai que sa chemise au design moderne avait des coutures bien étranges. Un détail qui aurait du me mettre la puce à l'oreille quand l'on sait que la mode du pays est la sobriété voir l'austérité ! Personne n'aime se démarquer ici.
Son acolyte quant à lui, avait une tenue plus rustique avec son t-shirt noir qui met en valeur sa stature imposante et son pantalon non-ajusté moulant ses jambes robustes. Un cigare reposait négligemment entre ses fines lèvres, ce qui accentuait l'impression d'agressivité qu'il dégageait naturellement.