L'alliance

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Point de vue d'Iris :


Nous avons beau être partis dès l'aube, nous mettons la journée pour nous rendre à Tablios. Étrangement, le point de rendez-vous n'est pas la capitale, mais un château faisant office de résidence secondaire. Celui-ci est plutôt isolé de toute vie urbaine et est entouré d'une forêt des plus denses. Heureusement, notre escadron n'est pas bien grand et nous permet de voyager sans être ralenti. Les trois champions ont la possibilité de voyager en calèche, mais j'ai préféré m'asseoir dehors en compagnie du cocher. Il était hors de question que je reste enfermé avec les deux mastodontes qui me servent de coéquipiers.

_Regardez, me dit l'homme assis à mes côtés. Le château est en vue.

Je suis son index pointé sur l'horizon, puis vois enfin l'immense tache sombre qui se démarque sur le ciel crépusculaire. Nous ne sommes plus qu'à quelques kilomètres forts heureusement. Je n'aurai pas tenu davantage sur cette banquette de fortune : je sens mon fessier me lancer depuis plusieurs heures déjà et je pense avoir atteint ma limite.

Une fois devant les remparts du château, je vois les grandes portes s'ouvrirent. Nous avons été annoncé par l'un des soldats du peloton, ce qui nous fait gagner un temps fou. Puis, une fois dans la petite cour de l'entrée, la délégation pause pieds à terre. J'ai des fourmis dans les jambes. J'espère secrètement que nos chambres sont assez éloignées pour que je puisse me dégourdir les gambettes. Mais pas de chance : le corps de garde nous escorte jusqu'à un bâtiment à deux pas de là. Puis un petit groupe de serviteurs prend la relève. Le plus âgé s'avance et se présente comme le responsable en chef des domestiques

_Nous allons guider sa majesté Ménèl auprès de la salle employée pour le conseil mondial. Mes collègues escorteront votre garde personnelle jusqu'à leur cartier, ainsi que vos trois champions. Ces derniers possèdent des chambres individuelles dans l'aile sud du fort, près de la chapelle. Ces habitations sont réservées aux 308 candidats, expliqua-t-il d'une voix chevrotante.

_Sieur Batiste et moi-même demeurons auprès de sa majesté, protesta vivement Alain. Nous sommes les chargés de la sécurité royale, précise-t-il devant le regard soupçonneux du vieil homme.

_Ho, je vois. Vous pouvez l'escorter si vous le désirez, mais vous ne pourrez rentrer dans la salle du conseil, les prévient-il en haussant des épaules. Sur ce, allons-y.

Mes deux amis me lancent un regard nerveux avant de suivre le monarque. Lucile me quitte après un petit geste de la main, me laissant seule en compagnie de trois serviteurs et de deux champions aussi rustre que laid. Un garçon me guide jusqu'à ma chambre. Elle est petite mais possède un lit double qui me semble confortable. Et le côté pratique : un balcon donnant sur les douves.

_Je vous laisse ici, champion de Rogène. Votre chambre vous est réservée et nous viendrons vous réveiller demain matin. Je tiens à vous prévenir qu'il est formellement interdit de sortir de votre chambre, sous peine d'être disqualifié. Peu importe le motif, aussi important soit-il. Est-ce bien compris ?

_Parfaitement.

_Je vais maintenant disposer si vous le voulez bien, conclu-t-il en me saluant.

Puis le serviteur referme ma porte. J'entends le son de ses pas s'affaiblir tandis qu'il s'éloigne.

/ / /


Cela fait plusieurs heures que je poirote dans mes cartiers étriqués et j'ai l'impression que le temps s'écoule avec une lenteur exaspérante. A croire que les secondes se défient les unes les autres à qui sera la plus lente, pensais-je disertement.

Survivre dans l'arèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant