Lucien Offanh

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En ce matin silencieux, le troisième jour depuis le début de la compétition s'annonce. Aucune épreuve n'est à prévoir aujourd'hui, car un messagé nous avait assuré que le reste de la journée était dédié à la quiétude et la tranquillité de nos dirigeants. Et accessoirement, de leurs champions.

Ainsi, après une matinée à profiter de ce temps de repos qui nous est enfin accordé, mon amie Lucile vient m'apporter mon déjeuner. Le plateau se compose d'un gigot d'agneau et de pommes de terre assaisonnées. Je dévore mon repas rapidement et la remercie de s'être déplacée.


_Ce n'est rien, je ne fais que mon travail, se contente-t-elle de répondre en souriant gentiment.


Lucile est vraiment aimable. Peu de personnes arrivent à supporter mon tempérament pointilleux, voir capricieux. Et une toute petite minorité s'accorde à ma vision bornée que je porte sur le monde.

Mais en y repensant, avant de mettre fait attraper par la brigade du roi Ménèl il y a six mois de ça, j'avais tout de même deux trois alliés à Rogène. L'un était un marchand aussi vieux que les pierres. Un autre, boulanger et père de sept enfants. Une femme dans la trentaine, collectionneuse de pierreries et teneuse d'un stand de vieilleries. Sans oublier le dernier, arnaquer et négociateur hors pair, qui se complaît dans la vingtaine. Donc, au finale, je n'avais que quatre appuis, quatre soutiens. Mais ça m'était largement suffisant.

Désormais, j'ai Batiste et Alain, de même que Lucile et récemment, Hiong s'est ajouté à la liste. Je ne préfère pas compter le roi Ménèl comme un allié, on ne sait jamais de quoi sont capables les grands de ce monde. Il est préférable de rester prudent et suspicieux, que se reposait sur une confiance surfaite.


_Bon, je vais m'occuper de la chambre de sieur Alain, m'informe la femme de chambre. On se voit ce soir ?

_Ok, pas de problème Lu. Mais dis-moi, les champions ont-ils le droit de se balader un peu où nous sommes confinés dans nos appartements ?


Une nouvelle fois, avais-je envie d'ajouter, repensant à Tablios.


_Non, il me semble que vous êtes libres de vos mouvements. Mais ne vas pas commencer fouiner n'importe où, Iris, me prévient-elle avec une moue agacée. N'oublie pas que cette compétition, c'est du sérieux, et que le royaume de Caless sera à l'affût de toute entrave.

_Je sais... Comment ne pas être sur ses gardes quand on héberge à la fois des criminels et des souverains, accordais-je.

_Donc, pas de bêtise !


Je me contente de lui sourire. Je vois bien qu'elle préférerait que je reste sagement dans ma chambre, mais elle n'en fait pas la remarque. Lucile s'est très bien que je n'arrive pas à tenir en place, confinée dans une pièce _sans balcon qui plus est.

Une fois cette dernière sortie de mes appartements, j'enfile mes bottes aux semelles épaisses par-dessus le pantalon noir sleam et une chemine olive de plusieurs tailles trop grande. Puis, laissant mes cheveux bruns détachés, bien trop hirsutes pour que je les relève en queue de cheval, mais pas assez emmêlés pour que je m'en face, je sors à mon tour.

Je longe un petit couloir, descends un escalier assez rustique, et débouche comme je l'avais prévu, sur un immense couloir. Aux dimensions impressionnantes, c'est la décoration riche mais sans prétention qui m'émerveille. En tant que voleuse, je reconnais immédiatement la qualité des tapisseries suspendues ainsi que des fines gravures contre les murs. Même les figures en bois sont un délice pour mes yeux cupides. Du bois de merisier, très cher, il se fond parfaitement avec les tons or et violet de la pièce.

Survivre dans l'arèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant