Les champions

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Point de vue d'Iris :


Lucile a beau être ma première amie, elle reste la femme la plus entêtée que le monde m'a donnée de connaître. Plus de deux heures à préparer mes valises pour Tablios ! Deux interminables heures à parler tenues, coiffures, savons, repas ! Toute ma vie, je n'ai vécu qu'avec le minimum et je ne m'en suis jamais plainte. Alors pourquoi, maintenant que l'on m'offre tout ce qu'une jeune fille de mon âge voudrait absolument, je me retrouve à fuir ma femme de chambre ? Il n'y a pas à dire, ma situation est vraiment peu commune.

_Champion Cristal ! entendis-je alors que j'allai tourner au prochain embranchement.

Je me retourne vers la voix inconnue et observe attentivement le petit serviteur. Ce dernier semble mal à l'aise et porte un intérêt captivant à ses pieds.

_Oui ?

_Sieur Alain m'a demandé de vous escorter jusqu'à la salle du trône, dit-il faiblement.

Quel papa-poule cet Alain ! Prévoyant, il devait sans doute s'imaginer que je ne me retrouverai pas dans cet immense palais et m'a envoyé ce jeune homme pour m'y conduire. Je ne peux m'empêcher de souffler de dépit. Il oublie constamment que je suis une voleuse plus qu'expérimentée... Il m'est devenu naturel de mémoriser chaque passage où chemin que j'empreinte. C'est instinctif : toujours savoir me situer, toujours avoir un accès de fuite sure. Mais je suis le petit homme sans redire.

Puis, après cinq minutes à circuler dans tout le palais, nous nous retrouvons enfin devant la grande salle. Il ne m'aurait fallu moins de 30 secondes pour m'y rendre seule, pensais-je avec agacement : Je serai passé par les passages poussiéreux et invisibles des bonnes que j'ai découverts durant l'un de mes temps libre. Mais non, nous étions passés par des accès mondains dont la splendeur me semblait bien inutile. Je suis plus qu'accoutumée aux vieux passages crasseux du peuple, aussi, la saleté ne me fait pas peur.

_Je vous laisse ici, champion Cristal, dit le serviteur avant de s'enfuir à la hâte.

_Hum... D'accord, fis-je dans le vide.

Puis je pénètre dans la salle du trône. De chaque côté du roi, ses deux chefs de la sécurité. En face, deux hommes dans la force de l'âge. Ils sont tous deux gigantesques, et semblent résistant à l'effort. Cependant, tandis que l'un semble athlétique, voir herculéen, l'autre est assez corpulent et costaud.

Je me sais plutôt frêle, ce qui est plutôt pratique pour un voleur. Toute fois, j'ai l'impression désagréable de ressembler à un gringalet à côté de ces deux-là.

_Iris Cristal, sourit le roi.

_Majesté Ménèl.

Je le salue d'une légère révérence. Puis relève lentement la tête. Tous m'observent en silence. Puis un éclat de rire résonne dans la pièce, rapidement suivit d'un second. Les deux hommes qui sont sans nul doute les deux autres candidats au tournoi mondial laissent échapper un rire gras et sonore. Je les hais.

_C'est sur ça que votre choix s'est porté, Majesté ? demanda l'homme à l'embonpoint. Vous avez bu trop de vin ?

_Surveille ton langage, Brewen ! réagit aussitôt Batiste en se tendant.

_Excusez-le, votre majesté, intervient l'autre champion. Mais il n'a pas tort. Qu'est-ce qu'une enfant fait...

_J'ai 17 ans, merci, dis-je d'une voix acerbe.

Le géant me regarde. Il a les yeux enfoncés et un nez de travers. Mais sa mâchoire est droite et glabre. A première vue, je devine que cet individu est sorti de prison depuis assez de temps pour se familiariser au rasage. Et qu'il doit être assez coriace pour être parvenu à garder sa mâchoire intacte. Pourquoi de prison ? Juste une question d'observation : Ces deux hommes porte une petite marque sur la nuque, assez discrète pour ne pas être remarqué, mais visible pour tout ceux qui possèdent un œil vif. Cette marque est assignée à tous criminels condamnés à la peine capitale ou à l'enfermement à vie. Le motif est simple : un cercle inséré dans un triangle. Banal, à l'encre noire, mais indélébile.

Survivre dans l'arèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant