La Cave

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Tout a commencé par une story que j'ai vue sur le compte Instagram de Monsieur S. Monsieur S poste des contenus autour du BDSM. A mes heures perdues, j'aime bien flâner sur Instagram et lire des contenus qui m'échauffent les sens pour agrémenter mes soirées. 

Dans sa dernière publication, il montrait en vidéo la cave présente dans les bureaux de la société où il travaille. Une cave un peu austère, quasiment désaffectée. Aucun meuble n'y était disposé si ce n'est une chaise et un guéridon. Et bien sûr, une grande barre métallique. Probablement un étai ou quelque chose du genre. De quoi déchaîner mon imagination, d'autant qu'avant de filmer, Monsieur S. avait pris soin de disposer négligemment sur le peu de mobiliers disponibles, quelques accessoires dont la vocation ne laissait aucune place au doute.

Je n'ai pas pu résister, je l'ai interpellé dans sa story en lui disant, crâneuse, que moi aussi, je disposais d'une cave à mon boulot. C'est là que tout a commencé. Il m'a prié de la lui filmer afin qu'il se fasse une idée. Joueuse, j'ai accédé à sa demande et lui ai fait visiter virtuellement le sous-sol en pierres voutées des locaux de mon entreprise. Contrairement à la sienne, celle-ci est un véritable entrepôt de bric et de broc. S'empilent ici et là des chaises de bureau, des écrans et autres stocks de matériel en attente d'usage. Et au fond, une belle porte en bois qui ouvre sur une alcove poussiéreuse dans laquelle se trouvent, au fond, des serveurs dont le bruit produit un vrombissement sonore et régulier. 

De fil en aiguille, nous avons continué à discuter et avons fini par parler de nos professions respectives. Etant donné que je suis graphiste, je lui ai assez naturellement proposé mes services pour élaborer une charte graphique dédiée à son compte Instagram. Afin, notamment, de disposer d'une série d'images exclusives pour illustrer ses posts. Elles sont certainement nombreuses les femmes à avoir fantasmé sur les mains visibles sur sa photo. Et pourtant, ce ne sont pas les siennes, c'est une photo trouvée sur Internet.

Je lui ai donc donné rendez-vous après les heures de travail pour faire un shooting photo dans la cave que j'avais préalablement désencombrée pour aménager un petit espace boudoir. Il est tard et à vingt heures, mes collègues sont tous partis. Les lumières sont presque toutes éteintes et c'est silencieux. Mon coeur cogne contre ma poitrine quand j'entends la sonnette résonner dans les locaux vides. Je lui ouvre, cachant mon trouble derrière un sourire lumineux pour l'accueillir. C'est la première fois que nous nous voyons en vrai. J'avoue que je suis impressionnée par sa stature et sa barbe grisonnante ainsi que les légères pattes d'oie que je discerne au coin de ses yeux qui me font chavirer. Je n'en laisse pourtant rien paraître, et le guide vers la porte de la cave avec une assurance feinte mais convaincante. Etant donné que je connais les lieux, je passe la première et lui demande de me suivre dans la cage d'escalier étroite et faiblement éclairée. J'accentue volontairement le balancement de mes hanches, pertinemment consciente qu'il les fixe avec envie. L'étincelle de désir que j'ai aperçu dans ses yeux quand nous nous sommes serrés la main ne m'a pas échappé. Je suis ce que l'on pourrait appeler une belle femme. Grande, des courbes voluptueuses là où il faut, des yeux verts et des cheveux bruns. J'ai confiance en mon pouvoir de séduction et je sens que ce soir, je vais en jouer.

Une fois parvenus en bas de l'escalier, je laisse Monsieur S. faire quelque pas et s'approprier l'espace dans lequel j'ai prévu de le photographier. Nous n'avons pas prononcé plus d'une dizaine de mots depuis que je lui ai ouvert la porte. Ce silence est brûlant mais pas inconfortable. Je n'entend que le bourdonnement des machines et les semelles de ses chaussures en cuir verni qui crissent sur la poussière. J'en profite pour le détailler dans ce costume-cravate que je lui ai conseillé de porter pour l'occasion. Plus photogénique. Il en impose comme ça. Après quelques minutes, je me saisis de l'appareil photo qui patientait sur un tabouret un peu plus loin. Se faisant, je me penche juste assez pour laisser entrevoir le haut de mes bas sous ma jupe midi avant de me relever comme si de rien n'était. Volontairement aguicheuse. Avec mon air le plus innocent, je brise le silence et m'adresse à lui en le regardant dans les yeux.

InsoumiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant