Bévue - partie 2

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Aujourd'hui, j'ai glissé dans ma sacoche d'ordinateur quelques objets licencieux. Un plug et mes boules de geisha. A la demande de mon Dom, il va sans dire que je ne suis pas aussi dévergondée que ça en temps normal. Quoique...
Il est donc prévu que je me tienne prête à enfiler l'un ou l'autre, ou les deux, quand S. me le demandera. Sur mon lieu de travail. Et de conserver une attitude professionnelle au milieu de mes collègues l'air de rien. Cette journée s'annonce intéressante.
Pourtant, le temple semble s'écouler au ralenti. Je trépigne devant mon ordinateur, incapable de la moindre concentration. Je vérifie mes messages toutes les cinq minutes et fixe mon téléphone des yeux comme si j'avais le pouvoir d'y faire apparaitre un message de S. Pouvoir que je n'ai pas. Malheureusement. Il est finalement midi quand je me décide à lâcher prise. S. prend plaisir à se jouer de moi, je suis sûre qu'il m'a ordonnée d'apporter ces accessoires avec moi juste pour m'émoustiller sans avoir prévu le moins du monde de me les faire porter. Ça lui ressemblerait bien...

— Ça vous dit de manger un poké à midi ? Demande Martial, mon collègue.
— Ah non, ça fera déjà deux fois cette semaine. Je préfèrerai le Libanais du cours Victor Hugo, je réponds.
— Allez, vendu pour le Libanais alors.
Au moment où tout le monde s'apprête à sortir, mon téléphone vibre.

C'est l'heure d'enfiler tes deux jouets. S.

Il a vraiment l'art de choisir son moment. Juste avant de me précipiter aux toilettes, je crie à la ronde : "Attendez-moi en bas, j'arrive". 

J'attrape d'un geste rapide et discret la poche en satin noir qui renferme les objets du délit et file retirer ma petite culotte pour les insérer dans leur emplacement respectif avec la rapidité que confère l'habitude. Je n'en suis pas à mon coup d'essai, je me targue d'avoir une certaine maîtrise en la matière. Pas le genre de compétence qu'on met dans un CV. Mais tout de même. Je réalise la manœuvre en un temps record et cours rejoindre mes collègues. Qui a déjà porté des boules de geisha sait que c'était une erreur de courir. Je m'en mord les doigts, ou plutôt les lèvres, dès la première foulée. Les billes contenues dans les boules produisent des vibrations intenses qui résonnent dans tout mon bas-ventre. Brusque montée de désir. Parfaitement inconvenante pour un déjeuner professionnel. Et la marche pour atteindre le restaurant n'est pas de nature à calmer le séisme dans mon entrejambe étant donné que chaque pas ravive les sensations. S. savait parfaitement que j'allais sortir pour le déjeuner. Il l'a fait exprès !

Alors, comment ça se passe avec tes jouets ? S.

Je profite du moment où tout le monde passe commande pour lui répondre en masquant au mieux mon écran au cas où un petit curieux aurait la mauvaise idée de lire par-dessus mon épaule.

Intense. Difficile de les oublier. Surtout en marchant.

Après une heure à rester assise le temps de déguster les plats amenés par le serveur, il est temps de rentrer. Ce qui était excitant l'est beaucoup moins au retour. Le plug se fait sentir. A peine ai-je posé un pied dans les locaux que je m'éclipse aux toilettes pour remettre un peu de lubrifiant. Tant que S. ne m'a pas demandé de retirer le jouet, je le garde. Même si ça signifie de faire une pause toutes les heures et demi pour m'appliquer une généreuse noisette de gel dans le fessier. Après deux poses techniques du même genre dans l'après-midi, il est déjà l'heure de rentrer chez moi. Je dois appeler S. une fois arrivée. Je suis passablement excitée quand il décroche :

— Allonge-toi. Je te donne 5 minutes pour te caresser. Si tu sens l'orgasme arriver, tu fais une pause et tu reprends.
— Oui Monsieur.
— Décris-moi dans quelle position tu es. Et le niveau d'intensité de ton excitation sur une échelle de 0 à 10.
— Je suis à 7. Je suis allongée sur le dos, la main dans ma culotte.
— Mets toi à quatre pattes, pose ton buste sur le matelas et glisse une main sous toi. C'est bon comme ça ?
— Hmm.
— J'ai rien entendu. C'est bon comme ça ?
— Oui Monsieur.
— C'est bien. Imagine que je viens te rejoindre ce soir, que tu m'attends comme ça sur ton lit, pleine pour moi. Pour que tu sois bien complète, je te bâillonne. Le plug a si bien préparé le terrain que je l'enlève pour t'utiliser sans préliminaire. Tu es excitée à combien là ?
— 8. 9. 9,5 !
— Bien fais une pause. Va chercher ton bâillon, mets-le, et reprend la position. Tu n'as qu'à gémir pour répondre à mes questions. Une fois pour oui, deux fois pour non.
— Oui Monsieur.
— C'est bon ? Allez, reprend tes caresses. Imagine-moi derrière toi.

Je visualise tellement bien qu'un orgasme soudain me prend par surprise. Je n'ai même pas le temps de retirer mes mains. Je gémis copieusement à travers mon bâillon, fauchée par plusieurs vagues de jouissance qui me laissent pantelante, transpirante, et affalée sur le ventre.

"Charlotte... Tu as joui. "

C'est un constat. Pas une question. Je gémis une fois en réponse. Je n'ai pas réussi à contenir mon excitation. Je suis à la fois repue de plaisir et déçue d'avoir en quelque sorte raté l'examen.

— Enlève ton bâillon et mets-toi en à genoux au pied de ton lit.
— C'est fait Monsieur.
— En jouissant, tu m'as désobéit. Tu sais ce que tu vas récolter ?
— Un punition ?
— Oui. La dernière fois, j'ai puni ton écart de langage par un exercice de langage. Cette fois-ci, je punirai ton manque de contrôle par un exercice de contrôle. Je veux que tu te caresses deux fois par jour pendant 2 minutes sans jamais te faire jouir.
— C'est moi qui choisirai les moments de la punition ?
— Non. Je t'enverrai un message pour t'indiquer les moments où tu devras te caresser. Et dans quelle position tu devras le faire.
— Pendant combien de jours ?
— Je lèverai la punition quand j'estimerai que tu as acquis le niveau de contrôle nécessaire à une soumise. Des jours ou des semaines. Ça dépendra de toi.

Ok, ça devrait être gérable. De toute manière, il me faut plus que 2 minutes pour jouir. Mais je me méfie, S. est sadique. Il me l'a dit lui-même. Il a certainement prévu de corser les choses d'une manière ou d'une autre. Reste à savoir comment.

***

Au bout d'une semaine, j'ai la réponse à ma question. S. ne me demande pas seulement de me caresser pendant deux minutes, ça aurait été trop simple. Non il me demande de le faire en portant un jouet (ou plusieurs), en me demandant de rester au téléphone en me murmurant des scénarios tous plus raffinés les uns que les autres, et surtout, surtout, il me prive d'orgasme à côté. Après plusieurs jours de ce régime, deux minutes paraissent vraiment une éternité. J'ai réussi à éviter l'orgasme de justesse à l'instant. Mais je tiens bon. Jusqu'à quand ? Je ne sais pas. D'autant que j'ai découvert que mon Dom a posté un sondage sur Instagram pour demander à sa communauté combien de temps il devait maintenir ma punition. Même s'il ne m'a évidemment pas mentionnée nommément dans sa story, c'est assez humiliant de voir ma faute étalée en public. Et de savoir que pleins d'autres Doms et soumis.es décident de la durée de mon supplice. Bien sûr qu'ils ont voté pour la poursuite la plus longue ! J'aurais fait pareil à leur place...

Je viens de recevoir un SMS.

Tic tac. C'est l'heure de ta seconde séance de caresse de la journée. A genoux dans les toilettes de ton bureau. Maintenant. Tu mets tes écouteurs, tu m'appelles et tu me laisses parler. S.

Deux séances aussi rapprochées ? La première était il y a tout juste 10 minutes, j'ai à peine eu le temps de m'en remettre . Ma petite culotte est ruinée. Et encore, c'était soft comparé à ce qu'il me réserve maintenant. J'ai vraiment du mal à résister à sa voix grave et aux fantasmes qu'elle formule. Il veut m'achever, c'est sûr. Et tout ça en sachant qu'une fine porte sans isolation phonique me sépare de mes collègues susceptibles de m'entendre si je ne parviens pas à me maitriser. 

Je suis vraiment une débauchée de faire des trucs aussi pervers au bureau. Et ça m'excite. Je vais perdre. Ça aussi ça m'excite. Oh ! Je suis fichue...


InsoumiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant