9- l'alcool fait des ravages.

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« L'alcool est blanc mais rougit le visage, l'or est jaune mais noircit le coeur »

Un bruit insupportable retentit. Machinalement, j'essaie d'éteindre mon réveil sans grande conviction. Je me rendors, sachant que je vais arriver en retard pour mon premier jour de tournage.

Le tournage de "Love sex" commence officiellement aujourd'hui, et je n'ai aucune envie de me lever. J'ai la gueule de bois, et une terrible envie de boire, encore. Je préfère donc me rendormir que d'affronter cette terrible journée.

Trois jours que je suis enfermée dans ma chambre, me faisant passer pour malade. AlphaA vient au moins dix fois par jour dans celle-ci, lorsqu'il ne travaille pas, pour voir mon état. Il repart aussi vite qu'il vient, en prétextant avoir encore du boulot.

Trois jours que je l'entends jouer de la guitare à travers les murs. Je sais qu'il a une pièce au fond de sa chambre où il joue et interprète ses nouvelles et anciennes musiques. Sa voix est terriblement affirmée et masculine. Elle vibre, et j'ai plaisir à pouvoir l'écouter en imaginant qu'un jour je pourrais accéder à cette pièce. Refusant que j'entre dans sa chambre, il est hors de question que je mette un pied dans ce fameux endroit. Mais, je me suis promis qu'un jour, je me faufilerais tel un écureuil pour découvrir son univers.

Cependant, durant ces trois jours, je n'ai pas cessé de boire oubliant mes pensées les plus sombres. L'alcool coulait à flot dans ma gorge, et j'aime l'effet que ce liquide peut avoir sur moi. Je me néglige en prenant conscience que ce n'est peut-être pas la meilleure manière d'affronter mes problèmes. Mais pour le moment, c'est la seule solution que j'ai trouvée.

Je doute même avoir eu le courage de me laver durant ces derniers jours. Je ne me souviens de rien, ou presque. Ma tête me fait un mal de chien, des pensées noires me reviennent sans même que je ne m'en rende compte et mes larmes se remettent à couler. Je me sens intérieurement vidée de toute émotion, et pourtant j'ai l'impression que mon cœur va lâcher. Ma tristesse est si enfouie, que je peine à reconnaître toutes les émotions qui me traversent.

Pour mon plus grand bien, le liquide magique brouille mes sentiments et je rêve de sexe tout au long de la nuit, puis de la journée, et ainsi de suite.

Subitement, des coups nets retentissent à ma porte, suivis de la voix de mon cher colocataire.

- Tu es réveillée ?

Un grognement étouffé par ma couette lui parvient. Les coups consécutifs frappés à ma porte me poussent à répondre, car mon crâne les traduit par une dissonante cacophonie.

- J'arrive ! m'exclamais-je fortement .

Ses pas s'éloignent vers la cuisine, et la machine à café est mise en marche, si j'en crois le bruit que j'entends, à mon plus grand désarroi. Les minutes passent et pourtant mon envie de me lever est au point mort. Je désire ne voir personne, et me cloîtrer au lit semble la meilleure solution.

- Georgia, nous partons dans 20 minutes, alors bouge ton cul !

À cet instant, j'en viens même à regretter les moments où il ne prononçait aucun mot et où le silence était notre ami. Il n'est pas de meilleure humeur pour autant. Il reste froid et imperturbable. Lorsqu'il venait m'apporter mes repas, que je vomissais peu de temps après, il ne parlait pas et pourtant ses yeux me transmettaient des émotions que je ne voulais pas voir dans son regard, habituellement froid.

- Je suis encore malade, appelle Anne et dis-lui que je ne pourrai pas venir aujourd'hui.

La porte s'ouvre brusquement, cependant mon corps n'a pas eu la force de réagir sous la surprise. La tête nichée sous les draps, je ne peux pas le voir, mais j'imagine qu'il doit être beau comme un dieu. Je me demande s'il est du genre à prendre son café torse nu, les muscles tendus.

Sombre GloireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant