Chapitre 1.

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Plusieurs semaines plus tôt, février 2019.

La sonnerie de ce putain de réveil retentit dans la chambre. Un grognement m'échappe. Je maudis ce son tous les matins, inlassablement. Surtout quand je suis seul. Comme souvent en ce moment.

Je me demande souvent comment j'ai pu en arriver là. Comment on a pu en arriver là. Ma vie d'il y a trois ans me manque.

- Alpha, minaude une de nos employés en me voyant sortir de la chambre.

Je la regarde, lui décroche mon plus beau sourire et rejoins le salon. Un gigantesque petit-déjeuner m'attend. Et je suis affamé. Je me sers copieusement de tout ce que je trouve devant moi. Si je pouvais manger la table, je crois que je le ferai.

C'est pas permis d'avoir faim à ce point, à longueur de journée. J'espère que l'Union me coupera ça. Enfin... Si elle arrive un jour.

- Bonjour, me lance Anthea en prenant place en face de moi.
- Tu t'es levée tôt. Je t'ai pas entendu te lever.
- Tu ronfles tellement que tu n'as même pas entendu mon réveil.
- Tant que j'entends le mien ça me va, je réponds.

Elle se sert à son tour copieusement. A sa tenue, je comprends qu'elle est partie courir. Avant on y allait ensemble. Enfin... Avant elle me trainait pour que je l'accompagne. Mais tout ça était fini depuis bien longtemps. Trois ans pour être exact.

Avant, nous passions notre temps à parler, plaisanter, composer, chanter. Aujourd'hui, je la regarde manger son muesli en silence.

- Tu comptes te pointer à la réunion ou tu seras en train de baiser la première personne qui passera devant toi ?

Je la trouvais bien trop silencieuse, mais je suis rassuré. Elle continue à m'envoyer des piques avant que j'ai terminé mon thé. Parfait, la journée commence sous les meilleurs hospices. J'étais à deux doigts de penser qu'elle couvait un truc.

- Je ne sais pas, ça dépendra de qui passe devant moi, je balance en prenant une gorgée dans ma tasse.
- Tant que c'est baisable et consentant, c'est pas ça ta devise ? Continue-t-elle de piquer. Quand vas-tu enfin grandir ? Soupire-t-elle.
- Quand vas-tu enfin te laisser sauter ? Je tacle.

Son regard se fait noir. Elle se lève et quitte le salon. Enfin seul. Je suis plutôt fier de moi pour le coup. Généralement, elle a le temps de me balancer deux ou trois horreurs et c'est moi qui craque le premier. Aujourd'hui, j'ai tapé directement à la jugulaire. Et j'ai gagné.

Je termine mon petit-déjeuner en paix, puis je monte prendre ma douche. Je la fais durer. Je ne veux pas quitter le palais. Je ne veux pas jouer ce rôle qui est le mien. Je veux ma vie d'avant. Je veux juste ma vie d'avant.

Mais je sais que c'est impossible. Chaque seconde qui passe, je m'enferme un peu plus dans cette vie que j'ai toujours cauchemardée.

Alors je prends le temps de me sécher, brosser mes cheveux, les rassembler en un bun, choisir une tenue, la passer et souffler à chaque étape de ma préparation.

Je crois que le pire dans tout ça, c'est que je suis convaincu que mon bonheur tient à une seule chose. A une seule personne. A un seul consentement. L'Union passée, nous serons juste pleinement nous. Mais ça, elle ne veut pas le comprendre.

Assis sur le lit, j'enfile mes boots. Je regarde tristement ma guitare posée dans un coin de la pièce. Guitare qui prend la poussière depuis plusieurs années. Chaque regard sur l'instrument me tire une larme. Mais la déplacer dans une autre pièce m'est complètement impensable. Au moins, elle tient compagnie au piano d'Anthea qui prend tout autant la poussière.

Him. [Larry] (A/B/O)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant