Chapitre 23

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Ma mère me regarde quelques secondes avant de me tirer vivement à l'intérieur de sa maison.

- Mais as-tu perdu la tête ! Si quelqu'un t'avait vu !
- Je voulais juste te voir...

À ma voix, elle comprend qu'il y a un problème. Je me débarrasse de mon manteau, posant le tout sur le portemanteau dans le couloir de l'entrée. Je me tourne vers elle et, comme lorsque j'étais encore qu'un enfant, je me blottis dans ses bras. Ce que je maîtrise pas, ce sont les gros sanglots qui m'échappent.

- Oh... Eh... Je suis là mon chéri... Je suis là...

Moi je suis pas foutu d'aligner deux mots. Je suis pas foutu de m'arrêter de pleurer. Elle a cet effet là, maman, elle me fait lâcher tout ce que je garde en moi.

- Viens, on va aller s'asseoir sur le canapé, d'accord ?

Je me recule  légèrement histoire qu'elle puisse marcher librement, mais je ne m'éloigne pas pour autant. J'ai besoin d'elle, j'ai besoin de la sentir contre moi, j'ai besoin qu'elle m'apporte ce réconfort dont je suis cruellement en manque.

- J'allais boire mon thé, tu en veux ?
- S'il te plait...

Ses lèvres déposent un long baiser sur ma joue. Je ne me retiens pas de la suivre jusqu'à sa cuisine. Pendant qu'elle me sert du thé, je l'enlace de mes bras.

- Tu as mangé mon chéri ?
- Non...
- Tu veux que je te cuisine quelque chose ?

Je réponds à l'affirmative. J'adore les petits-déjeuners de ma mère. Ce sont de loin ceux que je préfère. Peut-être aussi parce qu'il est très rare que je les prenne avec elle. Pendant qu'elle cuisine, j'en profite pour sécher les dernières larmes qui coulent le long de mes joues.

- Tiens mon ange.
- Merci maman.

J'attrape le mug qu'elle me tend et prends une première gorgée de thé. Mon thé préféré. Celui qu'elle achète dans le supermarché du coin, le thé premier prix, loin de ceux « d'exception » que nous avons au palais.

- Qu'est-ce qu'il se passe mon chéri ?
- Rien... J'avais juste envie de te voir...

Elle ne me croit pas, elle sait toujours quand je mens. Ça doit être un truc de maman ça. Un espèce de radar anti-mensonge. Et puis la capacité « tu me diras la vérité » a été livrée en option chez ma mère. Je ne sais pas comment elle se débrouille, mais à chaque fois, elle me fait dire des choses que je voulais garder pour moi.

« J'ai couché avec une fille » ;

« J'ai couché avec un mec » ;

« Je vais être chanteur » ;

« Je crois que Anthea est mon âme sœur mais j'ai peur de gâcher ma relation avec elle si on tente un truc. » ;

« Papa me fait peur » ;

« James m'a encore traité de pédale et il a failli me frapper. » ;

« J'aurai préféré ne jamais naître ».

Toutes ces choses elle les a entendu, elle m'a rassuré, consolé et conseillé. Ma mère est la deuxième femme de ma vie. Anthea est la première et ma mère est la deuxième. Je les mets souvent au même niveau en fait. Anthea est plus frontale que ma mère, mais généralement, elles arrivent toutes les deux au même résultat : me faire plier à leur volonté.

- Tu l'avais pas ce cadre.

Ma mère se tourne vers le mur de sa cuisine où mon dernier portrait officiel est encadré.

Him. [Larry] (A/B/O)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant