Him. [Larry] (A/B/O)

Chapitre 24

Cela fait maintenant plus de deux heures que nous sommes enfermés dans le bureau d'Anthea, à éplucher le moindre article concernant les agressions d'oméga. La presse l'évoque à peine, passe à autre chose rapidement, trouve des excuses aux agresseurs...

Les politiques des anciens Grand Alpha, moyenâgeuses au possible, ont visiblement la dent dure. Je sais parfaitement que cette cause me tient à cœur en partie à cause, ou devrais-je dire grâce, à ma mère. Mais je dois avouer que le témoignage de Louis concernant une partie de son passé a été un élément déclencheur.

- Quand allons nous demander de faire une loi à mon père ?
- Certainement pas maintenant, me répond Anthea en défonçant son paquet de chips au wasabi.
- Et je peux savoir pourquoi ?

Elle daigne enfin lever les yeux vers moi et tout ce que je vois, c'est son attitude blasée.

- Parce qu'actuellement, la lutte pour les droits des omégas n'est clairement pas dans ses priorités.
- Si tu pars comme ça, elle ne sera jamais une priorité, Anthea.
- Écoute Harry. Lorsque nous serons à la tête de ce pays, je peux te jurer que cette bataille là, nous la mènerons de front. Mais pour l'heure, nous ne pouvons pas agir.

Et ça me révolte. Parce que derrière sa réponse, je sais très bien qu'elle me cache la partie immergée de l'iceberg.

- Pas besoin de toi pour le présenter à mon père, je marmonne.
- Harry, ne sois pas ridicule, veux-tu ? Nous en parlerons en temps et en heure. Commence par écrire une proposition de loi toi-même et on en reparlera après.

Proposition de loi ?

Non. Si je lui demande comment m'y prendre, elle va encore prendre les choses en main. Elle va certes vouloir m'expliquer, mais je ne comprendrais rien comme d'habitude et elle va donc devoir se tartiner double de dose de travail.

Non. Je dois apprendre à gérer ça. Tout seul.

Sur le trajet du retour au palais, elle comme moi restons silencieux. Moi, j'ai hâte de retrouver Louis. Elle... Elle elle est dans ses pensées. Quelque chose la travaille. Et mon sentiment se confirme lorsqu'elle monte directement dans notre chambre, sans prendre la peine de répondre aux salutations de nos employés.

Lorsque je la retrouve dans notre chambre, elle est déjà dans la salle de bain, certainement sur le point de prendre sa douche.

- Tout va bien ? Je lance en entrant dans la pièce.
- Oui pourquoi ?

« Parce que je te connais par coeur ? ».

- Pour rien, je préfère répondre. Je... Je suis allé voir ma mère ce matin.

Ma confidence l'interrompt dans son déshabillage. Elle me regarde à travers mon reflet dans le miroir face à elle.

- Je... Merci de lui rendre visite toutes les semaines, je continue en cachant difficilement ma honte.

C'est ce que ma mère m'a dit, avant que je parte. Que Anthea passait chaque semaine, lors de son footing matinal.

- Tu sais bien que je le fais avec plaisir, me répond la rousse.
- Merci de le faire sans m'en parler.

Parce que si tu me le disais, mon sentiment de culpabilité ne ferait que se majorer.

J'aime ma mère. Follement. Mais j'ai toujours peur d'aller la voir et de la décevoir. J'ai toujours cette peur qu'elle voit un jour en moi le reflet de mon père. C'est idiot. Comme la plupart de mes pensées de toute manière.

- Harry...
- Je lui ai parlé de Louis, je continue en m'asseyant sur le rebord de la baignoire.

J'en profite pour lui raconter la réaction de ma mère. A son sourire, je comprends qu'elle se moque légèrement de moi :