CHAPITRE 35. Le poids des erreurs

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Après avoir souhaité une bonne nuit à Rubi, qui s'est installée dans mon ancienne chambre pour se reposer, je m'assure que Neil se porte bien.

Bien que je sois contrainte de déserter cette maison précipitamment, je ne cesse de m'inquiéter pour lui. Il a encore bu et a désobéi à mes ordres. Mon objectif, ces dernières semaines, était de l'adapter à une vie plus saine et équilibrée. Loin de tous ces agissements, des crimes... Pourtant, on était bien parti.

Quand je l'ai vu ce soir avec ces femmes insipides et sans aucune dignité, j'ai eu le sentiment d'avoir échoué et que tout était un échec avec lui.

— Tu vas partir en étant déçue de moi, souligne-t-il en fixant l'extérieur.

— Tu as désobéi à mes ordres, dis-je d'une voix sévère.

Je ne supporte pas cette façon de lui parler, mais je dois continuer à maintenir ou à exercer une pression sur son éducation. Nous n'allons plus vivre ensemble et je m'inquiète qu'il dérape davantage.

— Tout ce qui s'est passé ce soir ne se reproduira plus, Isis. Et puis purée, tu pars, lâche-t-il d'une voix rompue.

— Tu savais que cette éventualité allait arriver, bébé. Mais je te promets que quand j'aurai plus d'argent, je me trouverai quelque chose de plus grand et tu viendras vivre avec moi, d'accord ?

Il se retourne face à moi. Son visage est marqué par un désespoir qui me froisse atrocement.

Instinctivement, je le prends dans mes bras. Malgré ses seize ans, il me dépasse, je suis si petite à côté de lui.

— Je déteste tellement Javier, peste-t-il de colère.

C'est un mensonge... Il déteste cette situation parce que je m'en vais, mais Javier est et restera son sauveur.

— On se verra tous les jours, et puis j'ai une petite place dans mon canapé. Tu pourras venir quand tu le voudras, lui rassurais-je en lui transmettant un clin d'œil.

Nous nous séparons en nous disant au revoir et je sors dans le couloir en tirant mes deux valises. Le reste de mes affaires est déjà installé dans mon studio. J'ai veillé à tout mettre en place là-bas et à garder le strict minimum ici, comme si j'avais anticipé que ce départ serait aussi soudain.

Comme un adieu, car oui, c'en est un, je prends soin de jeter un dernier coup d'œil à ce couloir. Je suis humaine, et affirmer que je ne ressens pas quelque chose d'étrange serait seulement un mensonge.

Même ce duplex avec ce décor et ce magnifique mobilier me manquera. Nous avons vécu des moments heureux avant que je ne commette l'erreur de me rapprocher de mon ancien ami.

Au moment où j'arrive près des escaliers, j'aperçois Javier qui monte les marches avec une rapidité démesurée, comme s'il était contraint d'arrêter une bombe. Sauf qu'il est venu m'arrêter moi, et je déteste ça.

Ses yeux expriment une totale incompréhension quand il distingue mes valises.

Quel hypocrite ! Il mérite même un Oscar pour sa performance.

— Isis, il est impératif qu'on parle ! Miguel, toi, tu peux partir de chez moi, ordonne-t-il sans perdre de temps et sans lancer un regard à son sicario.

Indignée, je le dévisage, toujours avec cette horrible envie de rejeter le peu de choses que j'ai sur l'estomac. Tandis que Miguel croise ses bras sur sa poitrine et ne bouge pas d'un poil.

Il souhaite parler ? Après l'heure, c'est plus l'heure non ?

Je ne perdrai plus jamais mon temps avec un homme aussi détestable que Javier Cardona, qui prétend respecter les femmes alors qu'il n'a pas hésité une seule seconde à me juger et à me traiter de pute.

IsisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant