CHAPITRE 48. Entre remords et pardon

261 16 35
                                    

Nous sommes allongés sur ce tapis, après une soirée riche en émotions. Après lui avoir laissé goûter à toutes les parties de mon corps et partagé de nombreuses confidences, nous sommes maintenant en train de profiter du lever du soleil.

Javier sait pratiquement tout... Les souffrances que j'ai endurées avec Dante jusqu'à mon infertilité. Il n'y a plus aucun secret entre nous.

À présent, il a connaissance que je ne pourrai jamais lui donner d'enfant. Cette conversation a été décisive pour tous les deux, et cela m'a fait réaliser énormément de choses.

Notre maison ne sera jamais animée par les rires, les pleurs et l'amour d'un enfant.

C'est un sujet auquel nous nous sommes promis d'en rediscuter. Je suis consciente que le fait d'apprendre les circonstances de mon infertilité l'a énormément affecté. Sauf qu'au lieu de me montrer ce qu'il ressentait, il m'a toutefois rassurée.

Je sais que je viens d'approfondir sa haine pour Dante, et ce que j'ai vu dans son regard ne présageait rien de bon. Au moment où il posera la main sur lui, je sais qu'il ne lui laissera aucune chance de s'en sortir.

Ma tête sur son torse et le regard rivé vers le ciel, cela fait de longues minutes que je ne parviens plus à parler. Une culpabilité ou des remords m'oppressent, et tout cela me pèse. J'ai l'impression de ne plus savoir comment respirer.

— Je sais pourquoi tu restes silencieuse.

Je ne lui réponds pas. Le monstre en moi a simplement envie de me gifler et de me découper en plusieurs petits morceaux.

— Son bus part à 9h30, m'informe-t-il.

Lourdement, je ferme mes paupières. Pourquoi faut-il qu'il en rajoute ?

Pour te faire atterrir sur Terre peut-être ?

Ce matin, Rubi et son père vont partir pour Medellin. En raison de mon égoïsme, j'ai refusé de lui parler ou de lui dire au revoir, ce qui m'a valu le mépris de Neil depuis quelques jours. Il ne tient plus à me voir.

J'admets que la voir partir, la savoir loin de moi vont me causer énormément de souffrance. Mais réaliser que Dante n'exercera aucune emprise sur elle me rassure tout autant. L'écarter de ce qui arrivera prochainement est la meilleure solution.

Ou bien, tu t'efforces de te rassurer pour ne pas assumer tes responsabilités ?

Cette voix dans ma tête commence à me rendre folle.

— Si elle reste, son père et elle seront en sécurité ! Ajoute-t-il, comme s'il lisait dans mes pensées.

Affligée, je relève la tête incrédule en le dévisageant.

— Javier ? Tu peux te taire ?

Il se redresse, m'emportant avec lui dans son mouvement.

— Tu as toujours été juste, tu es même la personne la plus bienveillante que je connaisse. Donc, réfléchis bien, on a deux heures pour arriver à la gare routière.

À cet instant, je suis totalement perdue entre faire ce qui est bien ou laisser mon égoïsme prendre le dessus.

Oui, je peux l'avouer. Prétendre que la voir loin est la meilleure solution pour la protéger est entièrement une excuse.

Il y a du vrai, mais ici, elle serait tout autant en sécurité.

J'aime Rubi, et au fond, je pourrais forcément me faire à l'idée d'avoir une sœur. Après tout, j'en ai toujours rêvé.

La situation est si complexe, mais si je réfléchis enfin comme une adulte, ma sœur n'a rien à voir dans tout ce qui est arrivé.

Manuela, le monstre, la femme que je hais le plus au monde, a certes donné tout son amour à ma petite sœur, mais encore une fois, Rubi ne m'a rien volé... Elle a simplement eu plus de chance.

IsisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant