CHAPITRE 2. Projets brisés

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— Je me répète, tu ne traînes pas à ma table.

Ça fait dix fois qu'il me le répète, je pense avoir très bien saisi. Toutefois, si j'ai envie de traîner avec lui, je le ferai tout simplement, personne ne me dicte quoi faire.

Je lui transmets un sourire hypocrite en clignant des yeux.

— En gros, ça veut dire que dès que j'arrive, il faut que je me trouve un mec, c'est ça ?

Il pivote sa tête vers moi avec son sourire hypocrite à son tour.

— C'est ça !

Je lui tends mon majeur.

Javier et moi, depuis notre rencontre il y a huit ans, nous aimons nous disputer et nous envoyer des piques. Quand je logeais en Espagne cet abruti m'envoyait des messages vocaux tous les dimanches soir pour me raconter sa semaine.

J'admets que de temps à autre, je ne lui répondais pas, uniquement pour l'énerver. Notre amitié a tenu de cette manière et je me rends compte que malgré les années qui se sont écoulées tout est resté à sa place.

Mes yeux restent centralisés sur lui. Ce soir Javier est habillé d'une chemise longue manche noire retroussée légèrement, ce qui laisse apparaître ses multiples tatouages. Je pense que c'est lui le plus tatoué de la famille.

Il comporte quelques tatouages sur les mains, mais son torse ainsi que son dos sont garnis de toute cette encre noire. D'ailleurs, je n'ai jamais cherché à lui demander la signification. Je pense que cela est propre à chacun. Chacun de ses tatouages a son sens et qu'il préfère sûrement garder pour lui.

Sa peau mate établit un magnifique contraste avec sa chemise. J'étire un sourire quand j'aperçois la petite mèche rebelle de ses cheveux bouclés chuter modérément sur son front.

Mon ami est très beau.

— Arrête de me fixer.

— Tu n'es pas si dégueulasse que ça, tu trouveras une fille ce soir, dis-je en me marrant.

Il me pousse énergiquement. Surprise par ce geste, je fais semblant de battre ma tête contre la vitre en gémissant de douleur. Il s'arrête directement en se détachant pour s'extraire du véhicule. Avec rapidité, il vient déverrouiller ma portière.

— Isis, je suis désolé, putain pardon, se met-il à dire en m'inspectant le visage.

— Tu m'as fait mal, dis-je en me lamentant de douleur pour accentuer ma comédie.

Il me parcourt une nouvelle fois pour vérifier si je me suis blessée. Sauf que son visage emparé par la panique, me fait exploser de rire.

— C'était nécessaire de sortir du véhicule en pleine circulation ?

— Va te faire foutre, Suarez, dit-il en claquant la portière et en insultant les automobilistes qui n'arrêtent pas de nous klaxonner.

Sans un mot de plus, il entre dans la voiture en ne m'adressant aucun regard tandis que je continue à rigoler.

Nous arrivons à sa boîte de nuit. Les néons rouges ressortent parfaitement avec le décor de la boîte. J'ai quand même donné une légère touche de féminité dans le coin des serveuses.

Je me suis aussi assurée qu'elles sont convenablement traitées par les hommes qui les entourent. Un garde se trouve à chaque bar où elles travaillent. Au moins, si un homme avec des intentions malveillantes tente de les approcher, elles seront protégées.

— Isis, enfin te revoilà ! S'élance dans mes bras l'une des serveuses.

— J'avais envie de sortir ce soir, dis-je en serrant Rubi extrêmement fort dans mes bras.

IsisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant