Lost Wolf (Wolves Chronicles - tome 1) [Carlando]

Chapitre 11

Carlos dut partir moins d'une heure plus tard. Un appel de son père lui rappela qu'il devait vérifier les limites du territoire avant la pleine lune. Il aurait voulu amener Lando avec lui, mais il savait qu'il serait incapable de se concentrer s'il le faisait.

Il parcourait les bois, et même sans que le jeune homme ne soit là, il occupait tout son esprit. Il serait si simple de se laisser aller et se lier à Lando. Officiellement. Durablement. Mais il ne parvenait pas à chasser de son souvenir la douleur de son père. Il ne voulait pas vivre cela. Plus que tout, il ne voulait pas imposer cela à quelqu'un d'autre. D'autant plus s'il s'agissait de Lando qui avait déjà été si malheureux dans sa vie.

Carlos était une tête brûlée  — suicidaire, dirait Liam. Il ne craignait pas de mourir et en général, il n'y réfléchissait même pas. Que ferait Lando avec un lien forgé à un mort ? Il deviendrait un loup noir, comme son père, perdu dans les ténèbres. Il ne méritait pas cela.

Carlos soupira et rebroussa chemin sur une centaine de mètres. Il avait oublié de vérifier les limites, trop perdu dans ses pensées. Malgré toutes ses bonnes intentions, il crevait d'envie de lier Lando à lui. Ne l'avoir qu'à lui, pour le reste de ses jours. Si la possibilité de lien apparaissait pour un partenaire compatible, Carlos pouvait s'avouer à lui-même qu'il s'agissait de plus que cela avec Lando. Pour lui en tout cas. Il ne savait ce qu'il en était pour le jeune loup et la meilleure partie de lui, espérait que Lando n'avait pas de sentiments pour lui, mais cette bonne partie ne parvenait pas vraiment à se faire entendre derrière l'immense part qui voulait que Lando ressente plus pour lui que de l'attirance.

Il se força à bannir tout ce qui concernait Lando de ses pensées et finit son tour du territoire en devant se rappeler à l'ordre plus d'une fois.

~

—  Tout est en ordre, annonça-t-il en entrant dans le salon de son père.

—  Bien...

Fernando était assis dans un fauteuil, torse nu comme souvent, exposant fièrement les tatouages de leur famille, ceux que Carlos recevrait pour ses vingt-cinq ans. Carlos approcha, son père fronça le nez et eut un air amusé.

—  Ne dis rien, grogna Carlos en se sentant gêné.

Il savait ce que son père sentait. L'odeur de sexe qui lui collait à la peau et qui n'avait rien fait pour l'aider à oublier Lando pendant sa ronde. Son père leva une main et lui fit signe de s'asseoir.

—  Le loup perdu, hein ?

—  Papa, je préférerais qu'on n'en parle pas.

—  Eh bien, je préférerais qu'on en parle et je suis l'Alpha, alors parle.

Carlos prit place dans le fauteuil que lui indiquait son père et cacha sa gêne derrière l'immobilité et le silence.

—  Alors ? demanda son père après un instant.

—  Je ne veux pas me lier à lui, répondit Carlos sans l'avoir décidé.

Il maudit le fait que son père soit son Alpha.

—  Un lien ? demanda son père en s'avançant dans son siège, soudain bien plus intéressé par la conversation.

—  Il cherche à se lier à moi et j'ai cédé. Mais ce n'est qu'éphémère. Je ne tiens pas à créer de lien permanent.

—  Pourquoi ? demanda Fernando.