Chapitre 12

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Carlos tournait depuis un bon moment autour de la maison de Liam. A l'intérieur, Lando était enroulé autour de Charles et profondément endormi. Carlos essaya de se convaincre de rentrer chez lui plutôt que de tourner comme un lion en cage, mais il n'y arrivait pas. Il avait besoin d'être près de Lando, même s'il devrait s'éloigner de lui pour briser le lien éphémère qui les unissait. Et son loup n'aimait pas la situation. Si sa part humaine était heureuse que deux garçons solitaires se soient trouvés pour devenir amis, son loup, lui, voyait Charles comme une menace.

Il allait avoir quinze ans bientôt et de ce fait, il ferait un partenaire possible pour Lando. En réalité, ils étaient plus proches en âge que Lando et Carlos. Lando avait dix-sept ans et Carlos allait en avoir vingt-trois... Mais c'était là des considérations triviales pour son loup, qui ne voyait qu'une chose : Lando était sien. Son compagnon. Et personne n'avait le droit de le lui voler.

Pour être tout à fait honnête, Carlos aussi était un peu jaloux, mais il était assez humain pour ne pas laisser parler cette partie animale.

Carlos serra les dents pour ne pas céder à l'envie de gronder. Il prit appui sur ses jambes solides et bondit pour atteindre une branche haute du chêne qui bordait la maison, puis d'une impulsion, il se projeta sur le toit où une fenêtre ouvrait sur la chambre de Charles. Il jeta un œil et les vit paisiblement endormis. Il n'y avait rien de sexuel entre eux, ils ressemblaient à deux chiots qui cherchent de la chaleur et Carlos respira plus librement. Il quitta alors la fenêtre et alla s'allonger un peu plus loin sur le toit. Il regarda le ciel étoilé qui s'ouvrait devant ses yeux en se demandant ce qui clochait chez lui.

Il avait bien fait de dire la vérité à Lando. Il fallait que le jeune loup s'éloigne de lui car au fond, Carlos savait que lui-même en serait incapable. Il avait beau lutter, c'était comme se battre contre la gravité, on pouvait sauter et lui échapper un moment, mais on finissait toujours par retomber. Et plus on sautait haut, plus on retombait durement. Bon sang, mais dans quoi s'était-il embarqué en sauvant le loup perdu ?

  Si je ne te connaissais pas, j'appellerais les flics. Arrête de rôder devant la fenêtre de mon fils et ramène ton cul ici !

  Ton lyrisme ferait pâlir Shakespeare, on te l'a déjà dit ? railla Carlos.

  Chaque putain de jour que Dieu fait !

Carlos sourit sans détacher ses yeux du ciel, puis soupira et finalement sauta au bas de la maison. Dès qu'il atterrit, Liam lui tendit une bière et se dirigea vers les marches qui menaient au porche. Carlos le suivit et ils s'assirent en silence pendant un moment.

  Lando est là-dedans, dit finalement Carlos avec un mouvement du menton vers le toit.

Liam eut un reniflement dédaigneux.

  Tu crois que je ne le sais pas ? Ma femme m'a interdit de le foutre à la porte parce que, je cite : « il avait l'air perdu et il est adorable ! »... nan mais je te jure !

Carlos rit de son indignation et eut droit à un coup d'épaule en conséquence.

  Ça ne me dit pas ce que tu fous ici, reprit Liam avec un regard inquisiteur.

Le loup plongea dans le regard noisette de son ami et soupira profondément sans pour autant répondre.

  Que le diable m'emporte ! S'amusa Liam. Tu ne serais pas amoureux Chili ?

  Ne m'appelle pas comme ça Copernic, je n'ai plus huit ans.

  Et moi, je n'ai pas découvert l'héliocentrisme... Je vois que tu ne nies pas.

Lost Wolf (Wolves Chronicles - tome 1) [Carlando]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant