Lost Wolf (Wolves Chronicles - tome 1) [Carlando]

Chapitre 13

—  C'est une tradition de se rejoindre chez l'Alpha pour partager un repas avec la meute le jour de la pleine lune.

Lando se regarda, dans les vêtements que Charles venait de lui prêter et qui lui allaient étonnamment bien. Un jean noir, une chemise blanche de laquelle il avait relevé les manches. Il avait dû garder ses converses parce que l'adolescent ne partageait pas sa pointure. Ses cheveux fraîchement lavés étaient à moitié relevés, laissant quelques vagues châtaines balayer sa nuque.

Il se tourna vers le miroir et voir l'ensemble lui donnait l'impression d'être un des prétendants à leur gang des Armani.

Il avait déjà repris des couleurs et se trouvait l'air moins maladif. Moins maigre et blanc. Il sourit. Les vêtements de Charles étaient baignés de son odeur mélangée à celle de la lessive. Ça avait quelque chose de réconfortant. Il n'aimait pas cette odeur de la même façon que celle de Carlos, mais il l'aimait néanmoins.

—  Alors ? demanda Charles. Qu'est-ce que tu en dis ?

—  J'aime bien, répondit Lando en se tournant vers lui avec un sourire. Mais tu es sûr que j'aurai ma place avec vous. Je ne fais pas partie de la meute.

—  Ne t'inquiète pas, tu es le protégé de Carlos, tu auras une place réservée à côté de lui.

Le sourire de Lando s'effaça et il voulut passer une main dans ses cheveux avant de se souvenir qu'ils étaient coiffés et d'arrêter son geste.

—  Je ne suis pas sûr que...

Charles l'arrêta d'un geste et secoua la tête.

—  J'ai entendu une partie de votre conversation ce matin... 

Il leva les deux mains en défense sous le regard de Lando.

—  Je n'ai pas fait exprès ! Mais dans tous les cas, je sais que s'il refuse un lien, ce n'est pas contre toi. Il veut sûrement te protéger.

—  De quoi ?

—  Je n'en sais rien. Mais sa réaction au petit-déjeuner était celle d'un loup lié. Alors s'il refuse, ce n'est pas parce qu'il ne veut pas de toi, j'en suis certain.

Lando aurait voulu croire Charles, mais dans le fond de son cerveau, la voix de son père se faisait entendre, froide et cruelle : « Tu ne vaux rien. Pourquoi quelqu'un t'aimerait. On te quittera toujours, parce que c'est tout ce que tu mérites. »

Il se força à sourire, mais le cœur n'y était pas et il se demanda comment son père pouvait encore lui gâcher la vie alors qu'il n'en faisait plus partie. Il décida de changer de conversation pour ne pas s'appesantir davantage.

—  Tout le monde va se transformer cette nuit ?

—  Pas forcément. Ceux qui se contrôlent assez pour adopter la forme fusionnelle peuvent aussi rester humains à la pleine lune. Mais en général, ils se transforment pour courir avec nous.

Charles se lança dans une explication que Lando n'écouta que d'une oreille, mais il lui était reconnaissant de le distraire de son humeur sombre.

~

Carlos avait passé la journée à vérifier les défenses. Il ne fallait pas les négliger, en particulier un soir de pleine lune. Du moins, c'était l'excuse qu'il se donnait. En réalité, il voulait faire taire son loup qui gémissait misérablement le nom de Lando.