Lost Wolf (Wolves Chronicles - tome 1) [Carlando]

Chapitre 2

Quitter son lit releva de l'exploit. La fièvre avait encore empiré, ses muscles étaient plus douloureux qu'ils ne l'avaient jamais été. Trop douloureux même pour une grippe, pensa Lando, mais peut-être était-il atteint d'une forme particulièrement virulente.

Et cela sans parler de cette morsure qui lui faisait un mal de chien, c'était le cas de le dire.
Il était en piteux état et ne savait même pas s'il aurait la force de se traîner hors de sa chambre pour aller jusqu'à la cuisine.

Pour faire baisser la fièvre, il décida de prendre une douche froide, mais les gouttes semblèrent lui brûler la peau et il siffla de douleur entre ses dents serrées. Lorsqu'il se sécha, il remarqua que la peau qui entourait la morsure était rouge vif, il pria pour ce ne soit pas déjà infecté et passa de l'alcool modifié sur la blessure, mais il ne sentit même pas un picotement, rien du tout. De toute façon, il n'y pouvait plus rien maintenant. Résigné, il quitta sa chambre à pas lourds. Il ne parvenait même pas à penser à son père qui devait dormir dans la chambre au bout du couloir, il avait trop mal partout pour penser à quoi que ce soit.

Il s'arrêta cependant, figé en arrivant dans le salon. Le canapé était retourné, la table basse brisée, les cadres affreux explosés au sol et la tête d'élan  — dont son père était si fier pour avoir chassé l'animal lui-même —  n'avait plus ses bois. Qu'est-ce qui s'était passé ici ? Bordel, est-ce que son père avait pété un plomb ? Mais pourquoi aurait-il détruit ses propres affaires ? Lando n'en avait aucune idée, mais il était certain qu'il devait s'en aller avant que son vieux ne se réveille et ne fasse passer ses nerfs sur lui.

Il voulut se dépêcher, mais il était toujours ralenti par la douleur de son corps. Il ne se servit même pas son bol de céréales habituel dont il ne mangeait pas plus de la moitié. Il prit un grand verre d'eau qu'il descendit d'un trait, puis un autre et encore un autre. Il ne s'était pas aperçu qu'il avait si soif avant que l'eau n'entre en contact avec sa langue desséchée. Il avait l'impression qu'une rivière ne suffirait pas à étancher sa soif.

Il en était à son quatrième verre lorsque la porte d'entrée s'ouvrit. Voilà pourquoi il n'avait pas entendu les ronflements de son père, il avait passé la nuit dehors.

—  Espèce de petit connard ! tonna la voix qu'il haïssait et craignait.

Lando savait que son père embrassait du regard le carnage du salon, qu'il avait certainement fait lui-même, mais dont il ne se souvenait pas et qu'il allait faire retomber sur son fils comme le reste de ses problèmes.

—  Qu'est-ce que t'as foutu ?! hurla-t-il en déboulant dans la cuisine.

Son visage était rouge de colère et une veine battait à son front. Lando reposa le verre avant de le laisser tomber et d'aggraver son cas.

—  J'ai rien fait, dit-il d'une voix faible comme s'il ne souhaitait pas vraiment être entendu.

Ce qu'il aurait souhaité surtout aurait été de ne pas se trouver là pour commencer.

—  Mais bien sûr ! cracha son père qui n'avait pas manqué sa réponse. Le bordel d'à côté s'est fait tout seul !

La partie chauve de son crâne que la calvitie avait découvert commençait à transpirer et ce n'était jamais bon signe. Ses yeux noirs lançaient des éclairs et Lando sut que quoi qu'il fasse, il allait prendre. Il se dit vaguement qu'il était heureux de ressembler à sa mère plutôt qu'à son père que la colère rendait encore plus laid qu'il ne l'était habituellement.

—  T'es vraiment le fils de ta pute de mère, toujours à me pourrir la vie !

Avec un geste précis que conférait l'habitude, il détacha sa ceinture et Lando n'eut pas le temps de reculer que le cuir lui fouettait la joue, une douleur aveuglante vint s'ajouter aux cris que son corps poussait depuis le réveil. D'ordinaire, son père évitait le visage pour ne pas s'attirer de problèmes. Il devait vraiment être hors de lui. Lando tomba en arrière et le verre qu'il avait voulu épargner fut tout de même entraîné dans sa chute. Il se brisa en mille morceaux sur lesquels Lando se coupa les mains.