Chapitre 5

5 0 0
                                    

Enfin de compte, je mangeai plus que prévu. Mais toute la nourriture était délicieuse ! J'avais mangé de tout et j'étais repue, au plus grand plaisir d'Ezra.

Après notre repas, nous avons commencer à arpenter les multiples couloirs du manoir pour essayer de digérer un peu. Ezra marchait de façon tranquille, une main dans une poche. Il était vêtu d'une chemise noire assez décontractée, et d'un pantalon en toile de la même couleur. Il était bon de marcher en sa compagnie, il était calme et l'absence de mots entre nous ne nous dérangeait pas. Sa respiration m'apaisait. Il sentait le feu de cheminée.

« Quel est ta couleur préférée ? S'enquit il soudain.

-Oh, euh, je dirais... le violet, et toi ?

-Le vert. Dit-il avec un sourire aux lèvres.

-Oh, j'aurais pensé que c'était le noir. Dis-je nerveusement.

-C'est une bonne déduction, mais non. »

Nous continuâmes de marcher d'un pas tranquille.

« Pourquoi tu vis ici ?

-C'est un bel endroit pour vivre

-Pourquoi dans ce manoir en particulier ?

-Un héritage familial

-Pourquoi tu ne refais pas la décoration ? Tout est noir

-Je l'aime bien comme cela

-Pourquoi...

-Stop ! Me coupa t-il, tu poses trop de questions. »

Je fermai la bouche, résignée. Il n'avait pas dit cela méchamment, simplement, j'étais déçue de ne pas pouvoir satisfaire ma curiosité. J'étais si curieuse, mais si indiscrète aussi.

« Excuse moi, mais poser trop de questions n'est jamais très bon. »Ajouta t-il.

Mon esprit se remit à imaginer un psychopathe vivant dans son repaire, mystérieux. Je secouai la tête et chassai ces pensées, j'avais simplement posé trop de questions. Je pense que si il voulait me faire du mal, il l'aurait fait depuis longtemps. Non ? L'idée du poison dans la nourriture se rappela à moi. Soudain, je me sentis mal.

Non, c'est dans ma tête.

« Viens, je veux te montrer quelque chose, Nyx. »

Il tourna au bout du couloir. Je ne savais absolument pas où nous nous situons dans le manoir, nous avions emprunté beaucoup trop de couloirs. Il s'arrêta devant une double porte. L'image de la pièce glauque avec pleins de cadavres me revint en mémoire.

Ezra ouvrit la porte, entra et je vis l'intérieur de la pièce.

Le paradis.

Une immense bibliothèque, des livres à perte de vue, du sol au plafond, il y avait même un balcon avec un escalier pour accéder aux livres les plus haut. Ici et là il y avait des banquettes, canapés, fauteuils, tables basses, il y avait même des guéridons avec des lys noirs. J'avançai jusqu'au centre de la pièce, je tournai sur moi-même en admirant la beauté du lieu. Même dans mes rêves les plus fous, jamais je n'aurais imaginé cela. J'étais si émue.

« Ça te plaît ?

-Absolument ! C'est incroyable... »

Il me sourit et s'avança à côté de moi.

« Tu as un livre préféré ? »

Je réfléchis, un livre préféré ? Pour moi tout les livres étaient exceptionnels. Mais si je devais en choisir un, je dirais...

« Le Petit Pince.
-Un livre incroyable, n'est-ce pas. Il laisse beaucoup à réfléchir sur certaines choses, il est incroyable, il y a vraiment de belles valeurs énoncées dedans.

-Oui, exactement.

-On ne voit bien qu'avec le cœur...

-L'essentiel est invisible pour les yeux. » Le complétai je.

Il ferma la bouche et me sourit, et je lui rendis son sourire. Cela faisait longtemps que je n'avais pas esquissé un sourire sincère.

« Attends moi là, je reviens tout de suite. »

Il disparût dans une pièce adjacente entre deux bibliothèques.

Il essayait d'occuper mon esprit pour faire fuir mes idées noires. Je le remerciai silencieusement.

Je restai au milieu de la pièce. Cet endroit était vraiment exceptionnel, je m'approchai d'une étagère au hasard et observai les noms des ouvrages. Cela devait être l'étagère de la biologie car tout les titres s'y reportaient. Je pris un livre assez grand et volumineux et l'ouvris au hasard. Je tombai sur des illustrations vintages de plantes, c'était très beau.

« Me revoilà. »

Je sursautai et laissai échapper le livre, qui se fracassa sur le sol.

« Oh non ! »

Je me précipitai et le ramassai. Quel plaie ! Un livre si ancien et si beau. Je vérifiai qu'il n'avait rien. Une page était légèrement pliée. Je me tournai vers Ezra, qui demeurait impassible.

« Je suis vraiment désolée ! Pardonne moi ! Implorai je presque.

-Ce n'est pas grave tu sais, ce livre a connu bien pire qu'une simple chute. »

Il tendit les mains et je lui remis le livre. Il remit la page correctement, puis le rangea. J'avais honte, je me fis la réflexion que, dorénavant, je ne toucherais plus à quoi que ce soit à moins d'y avoir été invitée.

« Tiens, j'ai pensé que tu aimerais l'avoir avec toi. »

Il me tendait un livre. Je le pris, et ne pu retenir mes larmes.

« Le Petit Prince. » Murmurai je.

Le livre était magnifique. La couverture était reliée, avec des dorures sur le devant et sur les pages, un bout de ruban soyeux servait de marque-page à l'intérieur. Je l'ouvris, les illustrations étaient celles de l'auteur, ses aquarelles, magnifiques. Je le refermai, et regardai Ezra sans trouver les mots. Il était si gentil avec moi alors que je faisais tout de travers depuis le début. Je me sentais tellement coupable et indigne. Cette personne était trop bonne pour moi...

« Je pense que je vais aussi t'offrir une pile de mouchoirs. Dit-il sur le ton de la plaisanterie.

-Oui je pense qu'il faudra. Répondis je entre deux larmes.

-Tu vas noyer le livre si tu continue. »

Je lui tendis, et m'essuyai les joues avec la manche du peignoir.

« C'est bon, je crois. »

Il me rendit le livre.

« Si on s'asseyait un peu ? Proposa t-il

-Oui, pourquoi pas. »

Il se dirigea vers un coin avec un canapé et deux fauteuils, il y avait une petite table basse, ronde, devant.

Il m'invita à prendre place en première. J'hésitai entre le canapé ou les fauteuils. Le canapé impliquant qu'il s'assiérait sûrement à côté de moi, mais étais je prête à m'asseoir à côté de lui ? Ou il y avait les fauteuils, face à face. Je ne savais pas quoi choisir . Cela semblait être un détail assez insignifiant après tout, mais pour moi, il pouvait me faire réfléchir pendant des heures.

« Toi, tu es une personne du genre à trop te prendre la tête. S'enquit Ezra.

-Effectivement... » Dis-je nerveusement.

Il me sourit et prit place sur un fauteuil. Je pris place sur celui d'en face, la petite table ronde entre nous.

Le fauteuil était confortable, j'aurais pu faire une sieste dedans. Je relâchai légèrement mes épaules.

« Veux tu me parler de quelque chose de particulier ? » Demanda Ezra, attentif à ma réponse.

Toutes les plus belles nuances du noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant