Chapitre 11

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En me réveillant, j'étais en larmes.

J'avais fait un rêve... Un rêve spécial. J'avais rêvé d'Ezra.

Non... Cela ne se pouvait pas... Je refusais...

Je me relevai en m'asseyant. J'étais dans ma chambre, j'avais dû m'endormir et Ezra m'avais emmené dans ma chambre.

Je pris ma tête dans mes mains.

Quand je commençais à rêver d'une personne, il était trop tard. Elle m'avais déjà envoûtée. J'étais déjà sous son charme. J'avais encore l'impression de sentir son doux parfum, son odeur était ancrée dans ma tête. Mais je refusais... Il ne fallait pas que je m'attache. Il fallait que je disparaisse, maintenant. Avant de nous faire plus de mal, à nous deux.

La situation devenait urgente.

Je me levai du lit et me dirigeai vers l'armoire. Je l'ouvris et observai. Je choisis un pantalon noir en toile, une chemise assez épaisse et j'agrémentai le tout d'une veste remplie de fourrure. Au bas de l'armoire, je trouvai des bottes en cuir qui remontaient jusqu'à mes genoux. Je me dépêchai d'enfiler tout ça. Mon regard se posa sur le secrétaire à coté. Je devais laisser une lettre ? Non, il valait mieux que je disparaisse sans laisser de traces.

J'allais sortir de la chambre, lorsque je me fis une réflexion.

Je n'allais pas pouvoir passer par les grandes portes, le bruit alerterait tout de suite Ezra. Mon regard se dirigea vers la fenêtre. Je l'ouvris comme Ezra m'avait montré. Il y avait pas mal de mètres jusqu'au sol.

Je fouinais la chambre du regard, je vis des cordes pendre des rideaux du lit à baldaquin.

Je tirais dessus jusqu'à les libérer. Je les nouaient ensemble de façon assez solide et j'attachai une extrémité au pied du lit. Je fis pendre le reste par la fenêtre. Cela n'allait pas jusqu'en bas, mais je m'en fichais.

Je commençai à descendre. Une fois arrivée au bout de la corde, je sautai jusqu'au sol. J'atterris sur la neige froide et blanche. Je me relevais, sonnée.

Je savais où aller.

Je couru à travers la forêt, m'éloignant petit à petit un peu plus d'Ezra, mon cœur se fissurant un peu plus à chaque pas. Le froid me brûlait le visage.

Je repensai à ma course folle qui m'avait menée jusqu'à la demeure d'Ezra. Je n'aurais jamais imaginé devoir refaire le trajet en sens inverse.

J'arrivai bientôt à ma destination.

Un vieux pont abandonné.

Il était en piteux état et menaçait de s'effondrer d'une minute à l'autre. Plusieurs mètres en dessous, l'eau glacée et noire coulait dans un courant puissant.

Impossible de me louper.

J'avançai doucement sur le pont jusqu'à arriver au milieu. Je pris garde aux nombreux trous et aux nombreux morceaux qui menaçaient de se détacher. Le béton s'effritait partout.

Je me penchai par dessus la piteuse rambarde et regardai l'eau.

Elle grondait, menaçante, puissante, les ténèbres m'appelaient.

Il était temps.

Je fermai les yeux.

J'inspirai une dernière fois.

Désolé maman, je n'ai pas sus me remettre de ta mort. Je n'ai pas sus me faire des amis. Je n'ai pas sus me faire une place dans cette vie, sur cette terre. Je ne suis pas comme les autres. La haine de ce monde m'étouffe et me détruit. Je ne suis pas faite pour cette vie, maman. Je suis désolé de ne pas avoir pu fonder une famille comme tu l'aurais tant désiré. Je suis désolé de ne pas avoir vécu pour honorer ta perte. Je t'aime maman. Mais ne t'inquiètes pas, nous seront bientôt réunies à jamais...

Désolé à la petite fille que j'étais, pleine d'espoir. Désolé de ne pas avoir poursuivi mes rêves comme tu l'aurais voulu. Désolé de ne pas m'être battue, d'avoir tout lâché. Désolé de ne pas avoir fait de ma vie un conte de fées, de ne plus prier la bonne étoile. Tu étais remplie de tellement d'espoirs et de rêves, j'espère que tu ne m'en voudras pas trop. J'espère que tu pourras un jour me pardonner... que je pourrais un jour me pardonner...

Désolé Ezra, désolé de t'avoir déçu. Désolé d'avoir gâché tout tes efforts. Désolé car ma perte va te blesser, tu vas encore perdre un être cher... Pardonne moi. Je serais restée si j'avais pu. Oublie moi... Mais tu sais, un jour viendra où nous serons réunis, les âmes qui s'aiment se retrouvent toujours quelque part. Et ce jour là, toutes les étoiles rirons dans le ciel.

Je me laissai basculer vers les eaux sombres. 

Toutes les plus belles nuances du noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant