Bien plus que ça

Chapitre I

Honnêtement, j'avais toujours été une personne très silencieuse. J'avais pour habitude de parler quand j'avais quelque chose à dire, rien de plus, rien de moins. Mes camarades étaient familiers avec ce fait, ils savaient que je ne lançai pas de blagues à la pelle, même au cours de nos repas les plus animés. Et ils ne m'avaient jamais rien reproché. Pourtant, ce soir, alors que Brook fredonnait et qu'Ussop s'était lancé dans une histoire rocambolesque, j'avais la sensation que quelque chose clochait, comme s'il me regardaient tous à la dérobée, perturbés par mon silence pourtant si habituel. Chaque fois que je croisais un regard, je rougissait, comme s'ils pouvaient savoir ce que j'avais fait, comme s'il pouvaient découvrir le rêve que j'avais eu. Et comme s'ils voyaient le malaise qui s'était installé entre Zoro et moi.

Car il y en avait bien un, de malaise.

Dès que nous avions rejoint la salle à manger, il était allé s'installer à l'opposée de moi, et il n'avait plus relevé le nez de son assiette, comme si elle contenait toutes les réponses à ses questions. Et il n'avait pas retrouvé son teint habituel. Sur ce point, nous étions pareils.

- Au fait, est-ce que quelqu'un a repéré le navire de Law? Demanda Nami.

Brook, qui avait été de nie-de-pie tout l'après-midi, secoua la tête.

- On était supposés se retrouver sur Mystoria dans la journée, mais on a un peu trop traîné, soupira-t-elle en observant une carte.

- À qui la faute, marmonna Chopper en fixant Luffy.

Un rire secoua la corps de notre capitaine au souvenir de ce qui lui avait valu un tel regard haineux. Chopper n'était pourtant pas du genre à s'en prendre ouvertement à quelqu'un de plus fort que lui mais, cette fois-ci, Luffy était allé trop loin en tombant une énième fois dans la mer, obligeant Chopper à plonger pour le tirer de là. Brook avait suivi le mouvement, et tous les autres avaient dû plonger dans l'eau glacée pour les sortir de là. Même-moi, j'avais envie d'étrangler Luffy bien que je n'ai pas mit un orteil dans l'eau. Zoro, Sanji et Usopp fulminaient.

- En tout cas, reprit la navigatrice, on ne devrait plus tarder. Mais on risque d'arriver à la nuit tombée. Chercher leur navire dans le noir n'est peut-être pas une bonne idée...

- J'irai, annonçais-je de but en blanc.

J'avais besoin de m'éloigner, et il y avait très peu de cachettes sur le bateau. Après ce à quoi Zoro avait assisté juste avant le repas, j'avais besoin d'aller souffler un peu, d'être loin de lui pour réfléchir clairement à quoi faire. Je devais m'excuser, c'était indéniable, mais il semblait trop mal à l'aise pour que je songe à l'approcher simplement. Je devais trouver une solution. Et, surtout, je devais trouver un moyen pour que ça ne se reproduise plus jamais. Même si ce dernier point allait être compliqué.

Depuis quelques mois, depuis que nous nous étions tous retrouvés, en fait, j'étais incapable de penser à autre chose qu'à ses muscles dessinés, son regard perçant, ses mains rugueuses... Quand j'avais posé les yeux sur Zoro, sur son corps qui n'était plus celui d'un jeune homme, j'avais eu des bouffées de chaleur qui ne m'avaient plus quittées. Toutes les nuits, il m'accompagnait dans mes rêves. Des rêves toujours plus indécents.

J'avais voulu passer à autre chose et, plus d'une fois, alors que je m'étais crue tirée d'affaire, il avait retiré son haut pour mener un combat, il s'était interposé devant moi, et j'avais replongé tête la première dans mes fantasmes.

Le rire cristallin de Nami me sortit de mes pensées :

- Tu es tellement impatiente de le retrouver...

Cette fois-ci, je croisai le regard de Zoro, avant qu'il ne détourne la tête.

- Vous pourriez au moins essayer de le cacher, ricana Franky.