Chapitre VII

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     L'après-midi sembla durer une éternité. Nous voulions nous retrouver seuls, mais Ussop et Nami ne voulaient pas nous laisser seuls. Dès que nous suggérions que nous pourrions nous séparer pour que chacun aille vaquer à ses occupations - les nôtres n'impliquant qu'un lit - nos deux sangsues de compagnons revenaient à la charge pour nous proposer une activité offerte par le complexe. C'était rageant. Surtout quand j'avais les abdos de Zoro sous le nez depuis le matin même et que j'étais à deux doigts de simuler un évanouissement pour qu'il me rattrape et que je puisse enfin y poser la main.

- À quelle heure le réceptionniste a dit que vous deviez partir? Demandais-je innocemment. 

- Il nous reste une bonne heure, ne t'en fais pas, me dit Nami.

     Installés en cercle dans un sauna particulièrement brûlant, je souris poliment en me retenant - de peu - de resserrer mes doigts autour du cou gracile de mon amie. Ça allait être l'heure la plus longue de ma vie, et je pesais mes mots. Zoro était dégoulinant de sueur, sa poitrine se soulevant en rythme avec sa respiration rendue laborieuse par la chaleur, et la minuscule serviette blanche qu'il avait jetée sur ses jambes pour cacher son intimité ne laissait aucune place à l'imagination. Mais étonnement, les deux imbéciles qui nous servaient d'amis ne lui avaient pas accordé le moindre regard, trop occupés à venter les mérites de cet endroit splendide. J'étais fatiguée et, surtout, j'étais tendue comme un arc.

     Je voulais qu'ils partent.

     La porte vitrée du sauna s'ouvrît doucement, révélant un employé qui vint vérifier la température des lieux. Ses yeux volèrent sur le corps de Nami qui ne sembla même pas le remarquer, avant de venir se poser sur moi. Son regard s'attarda sur mon maillot de bain rendu moulant par ma transpiration. Je sentis immédiatement Zoro se crisper à mes côtés et, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, sa main vola pour venir se poser sur ma cuisse. Possessif, il serra ma peau entre ses doigts tendus. Il fallait reconnaître que le nouveau venu avait un certain charme. Il semblait plus âgé que moi de quelques années, en témoignent les quelques fines rides entourant ses yeux d'un bleu océan. En toute honnêteté, il était à tomber. Loin du charme sauvage et viril de mon compagnon, il était plus raffiné et semblait être le genre à offrir des roses au petit matin et à porter le petit déjeuner au lit. Pas vraiment mon style. Mais je me réjouis de penser que Zoro pouvait imaginer que j'étais intéressée par cet homme, et qu'il était jaloux. Et... j'étais également contente qu'il fasse très sombre dans ce minuscule espace et que personne, de Nami ou Ussop, n'avait remarqué son geste.

     Je balayais sa main d'une pichenette. Il n'en sembla pas ravi.

- La température vous convient-elle? Demanda le nouveau venu.

- C'est parfait, répondit Nami en poussant Ussop pour s'étaler un peu plus. 

- A quoi sert le petit bassin juste ici? Demanda ce dernier en pointant la porte vitrée.

- C'est de l'eau glacée. Après votre passage ici, je vous invite à y entrer un instant.

- Quel intérêt? Reprit la navigatrice.

- Raffermir la peau et favoriser la circulation sanguine.

     L'homme lui sourit poliment avant de se diriger de nouveau vers la porte en m'accordant un autre long regard. Puis, en posant la main sur la poignée, il tourna la tête vers Zoro, son sourire s'étirant un peu plus.

- C'est aussi une preuve de virilité sur cette île. La plupart des gens tiennent quelques minutes dans l'eau, mais plus on tient, plus on est reconnu ici. À titre tout à fait informatif et pour vous donner un ordre d'idée, je tiens vingt minutes.

Bien plus que çaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant