Ligne d'arrivée - Partie 2

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La vie reprend petit à petit et Gabrielle, comme Georges, commence à trouver ses marques. Gabrielle se remet peu à peu. Il faut dire que la naissance de sa fille lui a laissé beaucoup de séquelles. Elle a dû subir en urgence une césarienne pour ne pas mettre en danger sa fille. Elle a perdu beaucoup de sang suite a une rupture utérine. Le médecin a tenté de la réparer mais au vu de la quantité de sang que perdait sa patiente, il a préféré pratiquer une hystérectomie. Gabrielle se sent mutilée et pendant les premiers jours, elle ne peut s'occuper seule de sa fille. Pourtant, même faible, elle désire la nourrir au sein. Georges fait tout pour que le lien se fasse entre la mère et la fille. La maison s'est vidée au retour de Gabrielle chez elle. Ses proches ne veulent pas que Gabrielle se fatigue de trop. Chacun prend régulièrement des nouvelles de l'enfant et de la mère.
Dans la maison de Palo Alto, Gabrielle et Georges peuvent compter sur leurs voisins et amis pour prendre soin d'elles. Chacun passe régulièrement pour prendre des nouvelles, aider Georges dans les tâches ménagères ou bien juste tenir compagnie à Gabrielle. Nora vient elle aussi de plus en plus régulièrement rendre visite à Georges et Gabrielle et passe de plus en plus de temps avec les deux femmes. Elle s'est séparée de son compagnon et trouve auprès des deux femmes un peu de réconfort.

Au bout de trois semaines de convalescence, Gabrielle se sent enfin prête à reprendre le chemin de l'université. Il faut dire que ses étudiants l'attendent avec impatience. Enfin Gabrielle ne marche plus comme une petite vieille et a repris des couleurs. Elle a d'ailleurs proposé à ses étudiants de doubler ses cours d'ici la fin du dernier semestre pour rattraper le retard que son absence a occasionné. Ainsi, les étudiants ont pris l'habitude de voir leur professeur de criminologie, suspendre le cours pour allaiter sa fille avant de poursuivre. Malgré sa grossesse et ses absences, Gabrielle reste très populaire auprès des étudiants et étudiantes. Elle a une de ses étudiantes, Tina Baskin, qui lui fait la cour sans relâche depuis le début de l'année, elle a beau lui dire qu'elle est sa professeur et qu'il ne peut pas y avoir de relation entre elles, la jeune femme revient à la charge à chaque fin de cours. Cela en devient presque un jeu entre la professeur et son élève.

En parallèle, Gabrielle continue d'échanger avec son inconnue. Plusieurs fois, elle lui a proposé de venir passer quelques jours en Californie mais son inconnue décline toujours l'invitation. Elle ne sait pas trop quoi en penser mais finalement si cela convient à NY_Anonymous, alors elle accepte l'anonymat de celle qu'elle considère comme son amie virtuelle. Tous les jours, Gabrielle lui raconte les inventions de Tina Baskin pour tenter de la séduire. De son côté, Hélène se sent de plus en plus coupable vis-à-vis de Gabrielle. Elle ne supporte plus de lui mentir jours après jours. Qu'adviendra-t-il si Gabrielle découvre un jour que NY_Anonymous et elle ne font qu'une ? Pourtant, elle n'arrive pas à mettre fin à cette relation virtuelle. Tous les jours, elle prend son téléphone et compose le numéro de téléphone de Gabrielle sur son portable pour tout lui avouer et lui dire qu'elle lui manque et tous les jours, Hélène efface le numéro avant d'appuyer sur le bouton d'appel. Alors pour ne plus y penser, elle se plonge dans le travail pour tenter d'enfouir ses craintes aux plus profonds d'elle-même.

Fin avril, Sarah commence à s'inquiéter pour sa mère. Elle a terriblement maigri et n'est plus que l'ombre d'elle-même. Alors que sa mère est au siège de Bernstein, elle frappe à son bureau et rentre sans attendre de réponse de sa part. Hélène relève la tête pour voir quel est l'intru qui se permet de la déranger en plein travail sans y avoir été invité. Lorsqu'elle voit sa cadette rentrée dans son bureau, elle se radoucit et lui sourit :
- Sarah, te voilà bien déterminer. Que puis-je pour toi ?
Sarah sait que sa mère peut faire l'autruche longtemps et que si elle ne la pousse pas un minimum, celle-ci ignorera ses problèmes personnelles aussi longtemps qu'elle le pourra. Mais Sarah ne supporte plus de voir sa mère s'oublier ainsi. Alors elle lui a pris un billet pour San Francisco. Sarah pose le billet d'avion devant sa mère.
- Tiens. Tu décolles demain pour San Francisco. Prendre un peu de repos et le soleil, te fera le plus grand bien. A l'occasion, tu pourras toujours aller voir Gabrielle. Il paraît qu'elle donne des cours à Stanford le mardi. Un taxi t'attendra à l'aéroport pour t'y emmener.
Hélène regarde le billet puis sa fille, avant de dire :
- Je ne peux pas partir maintenant, je travaille sur un gros dossier.
Sarah contourne le bureau de sa mère et fait pivoter son fauteuil pour se mettre bien en face d'elle.
- Maman, je sais que tu as peur. Mais crois moi, cette peur ne disparaitra pas avec le temps. Ton dossier peut attendre, ou bien je m'en chargerai avec Anton en ton absence. Je veux que tu rentres chez toi, que tu prennes un bon bain pour te détendre et ensuite tu prépares ta valise. Tu décolles demain matin et tu arriveras en milieu d'après-midi. Tout est organisé.
- Mais, je ne peux pas part…
- Stop Maman. Je ne veux rien entendre.
Sarah attrape le manteau et le sac de sa mère et lui met dans les mains.
- Rentre chez toi. Je ne veux plus te voir ici avant au moins deux semaines !
- Tu me mets dehors ?
- Oui maman. C'est pour ton bien.
Hélène regarde Sarah. Elle a raison. Elle a besoin de se reposer. Elle n'a pas pris de vacances depuis une éternité. Et puis il va bien falloir qu'un jour elle affronte la réalité. Hélène prend son manteau, son sac, puis le billet d'avion que sa fille a posé face à elle.
- Très bien, je pars. Mais s'il y a le moindre problème prévient moi.
- Il n'y aura pas de problème Maman. Pars et profites.
Sarah prend sa mère dans ses bras et l'embrasse tendrement avant de lui dire qu'elle l'aime. Hélène pose sa main sur la joue de sa fille et la regarde avec tendresse. Sarah est son portrait craché, elle possède la détermination des Bernstein. Elle embrasse sa fille sur la joue et quitte son bureau sans un mot supplémentaire. Sarah a raison, cela fait trop longtemps qu'Hélène ne fait que repousser l'échéance de retrouver Gabrielle.

Le marathon de New-YorkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant