Gabrielle s'ennuie à l'hôpital. Cela ne fait qu'un jour qu'elle a été admise et déjà elle trouve le temps long. Elle qui est si active habituellement a du mal à rester en place. Pourtant le dimanche, chacun est passé à tour de rôle sans rester trop longtemps pour ne pas la fatiguer. Il y a d'abord Steven qui est passé, juste avant de retourner à Washington. En le retrouvant, Gabrielle prend conscience que Steven lui a terriblement manqué. Il était le meilleur ami d'Anna et son partenaire lorsqu'Anna travaillait pour le FBI. Steven a été d'un soutien sans faille pour le couple. C'est avec lui que Gabrielle a sorti Anna des gravas lors de l'attentat commis à l'encontre du quartier général de la police de Seattle. Après s'être racontés leurs vies depuis ses deux dernières années, Steven est reparti en promettant à Gabrielle de lui donner régulièrement des nouvelles. Puis Nora est passée rapidement la voir avant de reprendre l'avion pour retourner à San Francisco. Elle lui a promis de venir la voir à Palo Alto ou bien lors de l'une de ses futures escales si Gabrielle est toujours bloquée à New York. Enfin Sophia et Amélia sont arrivées. Elles sont venues déposer un ours en peluche à Gabrielle juste avant de repartir prendre leur avion pour Seattle. Elles ont fait promettre à Gabrielle que dorénavant elle allait prendre soin de leur future nièce. Gabrielle a suffisamment eu peur pour ne plus prendre le moindre risque. D'ailleurs, fruit du hasard ou autres, son ventre semble s'être arrondi d'un coup et Gabrielle commence à ressentir les premiers mouvements de sa fille dans son ventre. En fin de journée, à la fin des visites, Sarah et Gwenda viennent lui apporter un paquet et un bouquet de fleurs. Gabrielle leur sourit. Elle les remercie de l'attention.
- Merci les filles, il ne fallait pas.
- Le bouquet est de notre part, mais le paquet est de la part d'Hélène. Lorsqu'elle a appris que tu étais hospitalisée, elle s'est inquiétée et nous a demandé de te déposer ce paquet.
Gabrielle baisse les yeux et prend une grande inspiration. Elle ne sait pas quoi répondre. Hélène a-t-elle été mise au courant de la situation ? Sarah reprend :
- Maman vous souhaite un bon rétablissement.
Gabrielle relève la tête et regarde la jeune femme en face d'elle qui ressemble tant à sa mère.
- Sarah, ta mère ne me doit rien. Tu peux lui ramener le cadeau.
Sarah ne comprend pas pourquoi Gabrielle refuse le présent de sa mère. Ce n'est pas comme si sa mère ne respectait pas son souhait de ne pas la voir. Elle lui a juste acheter une liseuse car elle sait que Gabrielle adore lire et qu'elle risque de trouver le temps long aliter sur un lit à l'hôpital. Elle la regarde droit dans les yeux et lui dit :
- Si vous n'en voulez pas, vous n'aurez qu'à le donner à qui bon vous semble. Elle respecte votre choix de ne pas la voir, elle a juste pensé que vous vous ennuieriez toute seule dans un hôpital sans aucunes autres occupations. L'accepter ne vous engage à rien. Sur ce, je vous laisse.
Puis elle se tourne vers sa compagne et lui dit :
- Je t'attends dehors.
Sarah pose le paquet d'Hélène sur la table de nuit, embrasse Gwenda et quitte la chambre sans rien ajouter, laissant seule Gabrielle avec sa fille.
Gabrielle regarde le paquet cadeau qui trône sur sa table de nuit. Elle ne sait pas quoi faire. Finalement, elle préfère ne pas y toucher pour le moment.
- Maman, Hélène est sincèrement inquiète pour toi.
Gabrielle regarde sa fille et répond sèchement :
- Je n'ai pas besoin qu'on s'inquiète pour moi.
Gwenda regarde tristement sa mère.
- Très bien maman, je vais te laisser te reposer.
Gwenda embrasse sa mère sur le front et sort rejoindre sa compagne. Gwenda sait que sa mère est parfois têtue. Mais cela devient absurde. Elle espère juste que la relation entre sa mère et celle de sa compagne ne ternisse sa propre relation. Lorsqu'elle retrouve Sarah dans le couloir, elle l'embrasse tendrement et lui dit :
- Ma mère est pire qu'une tête de mule. J'espère que je ne lui ressemble pas de ce point de vue.
Sarah la prend dans ses bras et lui dit :
- Ne t'inquiètes pas, mon amour. Tu es parfaite. Ta mère est juste un peu perdue.Gabrielle se retrouve seule dans sa chambre d'hôpital. C'est la première fois qu'elle est aussi dure avec sa fille. Elle s'en veut d'avoir réagi de la sorte. Elle ne sait pas pourquoi elle n'arrive pas à pardonner à Hélène. Oui, Hélène lui a brisé le coeur. Mais ce n'est pas une raison pour se comporter aussi durement avec Sarah et sa fille. Elle reste là à cogiter seule dans son lit. Au bout d'un moment, n'en pouvant plus de sa solitude, elle attrape son téléphone et décide de se créer un compte Instagram à elle. Comme elle n'a aucune envie que ses étudiants la suivent sur le réseau social et surtout pas la jeune étudiante qui la drague ouvertement depuis le depuis de l'année universitaire, en clin d'œil à NY_Anonymous, elle se crée un compte PA_Anonymous. Puis elle envoie un message à sa mystérieuse anonyme.
De PA_Anonymous à NY_Anonymous :
Vous m'avez inspiré pour mon nouveau compte. Au plaisir de vous lire à nouveau.
Comme à son habitude, sa mystérieuse correspondante lui répond rapidement :
De NY_Anonymous à PA_Anonymous :
J'espère ne pas avoir une trop mauvaise influence sur vous. Comment allez-vous aujourd'hui ?
Gabrielle sourit. En son for intérieur, elle se demande bien comment peut faire cette femme pour être toujours aussi prompte à lui répondre.
De PA_Anonymous à NY_Anonymous :
Pour être tout à fait honnête avec vous, je commence à trouver le temps long. Il n'y a pas grand-chose à faire là où je me trouve.
Hélène de son côté semble surprise. Normalement, sa fille a dû lui remettre une liseuse de sa part. Elle sait que l'autre passion de Gabrielle est la lecture. Elle se souvient que son salon avait les murs recouvert de livres tant Gabrielle lisait. Elle lui répond dans la foulée.
De NY_Anonymous à PA_Anonymous :
Peut-être qu'un peu de lecture vous occupera un peu ?
De PA_Anonymous à NY_Anonymous :
Malheureusement, je n'ai pas de livres à disposition et j'avoue que la notice d'accueil du patient de l'hôpital ne m'a pas passionnée plus que ça.
Hélène est surprise. Sa fille ne lui a donc pas remis son cadeau ? Elle répond à Gabrielle dans la foulée.
De NY_Anonymous à PA_Anonymous :
Personne n'a pensé à vous apporter quelques choses pour vous occuper ?
De PA_Anonymous à NY_Anonymous :
Vous êtes enquêtrice dans la vie ? Car effectivement, quelqu'un m'a déposé un cadeau. Mais je ne suis pas sûre de vouloir l'accepter.
Hélène est triste à la lecture du dernier message de Gabrielle. Ce n'est qu'une liseuse qu'Hélène lui a acheté pour justement qu'elle ne trouve pas le temps long. Si elle avait su, elle aurait précisé à Sarah de ne pas mentionner que c'était de sa part. Ainsi Gabrielle ne veut rien d'elle. Amélia lui a dit de ne pas se manifester auprès de Gabrielle, de lui laisser le temps de tisser un lien avec son enfant. Mais une simple liseuse, elle ne pensait pas que Gabrielle refuserait une simple liseuse.
De NY_Anonymous à PA_Anonymous :
Vous pensez que c'est un cadeau piégé ?
De PA_Anonymous à NY_Anonymous :
Non, connaissant l'expéditrice. Je suis sure que ce cadeau me fera plaisir.
De NY_Anonymous à PA_Anonymous :
Alors pourquoi ne pas l'ouvrir ?
De PA_Anonymous à NY_Anonymous :
C'est compliqué.
De NY_Anonymous à PA_Anonymous :
D'ouvrir un cadeau ? Vous venez de courir le marathon de New-York et vous ne pouvez pas ouvrir un cadeau ?
De PA_Anonymous à NY_Anonymous :
Ce n'est pas de l'ouvrir en soit qui est difficile. C'est de l'accepter. Je tente d'oublier la femme qui me l'a offert. C'est déjà assez dure comme ça de l'avoir perdu. Alors si en plus elle se met à me faire des cadeaux. Je n'arriverai jamais à l'oublier.
De NY_Anonymous à PA_Anonymous :
Pourquoi dites-vous l'avoir perdu ? Une femme perdue ne vous offrirait pas un cadeau, non ?
Gabrielle regarde son téléphone. Son anonyme ne sait pas tout. Doit-elle se confier à elle ? Peut-elle se confier à une inconnue ? Finalement, peut-être qu'avoir une confidente lui fera du bien. Alors elle écrit un long message à NY_Anonymous dans lequel elle se livre entièrement. Elle lui raconte tout, la rupture d'Hélène, le viol d'Hiro, la naissance à venir de sa fille, sa peur d'avoir perdu Hélène définitivement et son besoin de l'oublier pour pouvoir vivre pleinement la relation avec sa fille. Elle lui dit ô combien Hélène lui manque, comment chacune de leur rencontre est une souffrance pour Gabrielle. Elle se livre comme jamais elle ne s'est livrée. Cela ne lui ressemble pas d'échanger comme ça avec une inconnue, mais elle ne sait pas pourquoi, elle se sent en confiance avec son anonyme. Elle sent sa bienveillance, sa gentillesse. C'est un peu comme si elle pouvait d'un seul coup tout avouer à Hélène. Après avoir tout écrit ce qu'elle a sur le cœur, elle envoie le message à NY_Anonymous et attend sa réaction. De l'autre côté de l'écran, Hélène lit les mots de Gabrielle, toutes ses craintes et se rend compte dans quelle détresse Gabrielle se trouve. Tirailler entre son amour pour elle et l'envie d'aimer sa fille. Elle ne sait pas quoi répondre. Elle ne sait pas si elle doit lui répondre. Alors qu'elle se sent perdue, elle reçoit un nouveau message de Gabrielle.
De PA_Anonymous à NY_Anonymous :
Vous ne dites plus rien ? Excusez-moi, je n'aurai pas du vous dire tout cela. Je me suis laissée prendre au jeu de la confidence.
La réponse ne tarde pas à arriver.
De NY_Anonymous à PA_Anonymous :
Ne vous excusez pas. Je suis touchée par la confiance que vous m'accordez en me racontant tout cela. Puis je vous poser une question ?
De PA_Anonymous à NY_Anonymous :
Bien sûr, en vous racontant tout ça, j'ai accepté de vous prendre pour confidente.
De NY_Anonymous à PA_Anonymous :
Pourquoi ne pas dire tout cela à la femme que vous aimez ? Pourquoi pensez-vous devoir choisir entre votre amour et votre enfant ?
De PA_Anonymous à NY_Anonymous :
Hélène m'a reprochée notre écart d'âge, puis le fait que nos filles soient en couples. Je ne pense pas qu'elle acceptera d'être mère à mes côtés. Nous nous connaissons depuis si peu de temps et pourtant cela a été de suite une évidence pour moi. Il faut que je pense à ma fille, je ne peux pas sacrifier ma fille pour Hélène. Ma fille est la seule dans l'histoire à ne pas avoir choisi. Je dois accepter de faire mon deuil d'Hélène pour me consacrer à 100% à ma fille. Mais pour ça, je dois quitter New-York au plus vite et m'éloigner de la femme que j'aime. Sinon, je n'y arriverai jamais et ma fille en souffrira. Ce que je refuse.
Hélène a mal en lisant les mots de Gabrielle. Ainsi, ce sont ses propres démons qui ont mis à mal sa relation. Hélène refuse que Gabrielle souffre à cause d'elle. Sophia a finalement raison. Elle est un monstre. Elle doit accepter de laisser partir Gabrielle pour le bien de la femme qu'elle aime et pour son enfant.
De NY_Anonymous à PA_Anonymous :
Vous avez raison, vous devez prendre soin de votre enfant. Je suis sûre que si cette femme vous aime, alors elle acceptera votre décision. Peut-être que quand l'enfant sera née alors vous pourrez à nouveau envisager de vous rapprocher l'une de l'autre ?
De PA_Anonymous à NY_Anonymous :
Je ne veux pas faire d'hypothèse. C'est trop douloureux pour moi. Cette femme est si fantastique, si merveilleuse. La perdre est douloureux mais je préfère souffrir une bonne fois pour toute, plutôt que de nourrir de faux espoirs.
De NY_Anonymous à PA_Anonymous :
Vous allez être une mère formidable. J'en suis sûre.
De PA_Anonymous à NY_Anonymous :
Merci. Je l'espère. Il n'empêche que son cadeau me nargue depuis tout à l'heure.
De NY_Anonymous à PA_Anonymous :
Alors ouvrez-le. Après tout, ce n'est qu'un cadeau. Vous pouvez toujours tenir vos résolutions à partir de demain. Et puis, moi aussi, vous aiguisez ma curiosité.
Gabrielle regarde le cadeau. Après tout, sa confidente a raison. De toute façon, pour le moment elle est coincée à New York où tout lui rappelle Hélène. Elle pose son téléphone et regarde le paquet laissé par Sarah. Que lui réserve Hélène ? Alors elle attrape le cadeau et ouvre délicatement le papier. Petit à petit, le paquet d'une liseuse se révèle. Une carte tombe également. Au dos de celle-ci l'écriture élégante d'Hélène dit :
Pour que le temps ne te paraisse pas trop long. Prend soin de ta fille. Elle compte plus que tout. HB.
Les larmes coulent sur ses joues. Hélène lui manque tellement. Peut-être que si Hélène accepte de l'attendre alors Gabrielle trouvera la force de la reconquérir. Sur son lit, l'écran de son téléphone s'allume. Un message de NY_Anonymous vient de lui être adressé. Gabrielle allume son écran et lit :
De NY_Anonymous à PA_Anonymous :
Tout va bien ?
Gabrielle sourit. Son anonyme lui fait tellement penser à Hélène. Elle a la même bienveillance et la même attention à son égard. Elle espère avec le temps qu'un jour son anonyme lui fasse suffisamment confiance pour la rencontrer. Et qui sait, peut-être que ce jour-là elle pourra également lui présenter Hélène. Les deux femmes ont la même sensibilité.
VOUS LISEZ
Le marathon de New-York
RomanceAvec cette histoire, je tente un slow burn entre l'un des personnages de garde alternée et un de la famille Mialkowskyj Bernstein. Mes chapitres semblent de plus en plus long au fur et à mesure que l'histoire avance. Avant de commencer la lecture, i...