Chapitre 2 - Éveil et réveil

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TW : Évocation de TCA

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Les yeux d'Adriel étaient entrouverts. Elle ne ressentait pas l'envie de sortir du lit. Un rayon de soleil passa à travers les vieux volets en bois et se posa sur de minuscules particules de poussières. Après quelques minutes de lutte, elle posa enfin un pied lourd sur le sol. Elle ouvrit ses volets, qui par leur grand âge, craquaient dans tous les sens. Sa chambre accueillait des rayons de soleil salutaires et offrait un panorama sur le champ de bataille : des livres, des vêtements, et des feuilles de papier étaient éparpillées un peu partout dans la chambre, ainsi que des plantes vertes du sol au plafond. Ce dernier point était la signature de sa mère. En se retournant vers ce bazar, Adriel s'étira en baillant. Elle rangerait plus tard. Ce n'était pas et ne serait jamais sa priorité.

Elle se tenait debout devant son miroir sur pied. D'un geste habile, elle passa sa chemise en coton, un pantalon en lin couleur crème et un modeste corset en tissu vert sapin. Cette couleur seyait parfaitement ses cheveux roux ondulés, seule deux mèches totalement blanches encadraient son visage ovale. Elle jeta un dernier regard à son reflet en triturant machinalement la bague à son annulaire droit. Depuis aussi loin qu'elle s'en souvenait, elle ne pouvait pas sortir sans ce bijou. Il lui avait été offert pour ses dix ans et représentait des rameaux de tamaris, une fleur protectrice, et comportait un petit œil de tigre en son centre, presque assorti à ses yeux noisette. Elle avait été créée par son père, Hyras. Cette bague faisait partie d'elle, simple prolongement de son propre corps.

Adriel poussa finalement un soupir satisfait, cette tenue ferait l'affaire. Elle était une jeune femme appréciant être apprêtée, néanmoins, au quotidien, elle préférait porter des tenues plus pratiques pour partir en vadrouille. Elle descendait les escaliers précipitamment afin de retrouver sa mère, Silène. Elle était la plus belle femme du monde à ses yeux. Elle avait de longs cheveux blonds, des yeux verts pétillants et un sourire chaleureux. Passionnée par les plantes, il n'était pas rare qu'elle prépare divers remèdes pour des habitants du hameau et d'Azmar, une ville à quelques kilomètres de là. C'était le cas ce matin-là. Adriel et ses parents résidaient dans un ancien corps de ferme. La maison principale était en pierre avec un joli toit en lauze gris anthracite. Une glycine palissait le mur de la bâtisse. Les fleurs, à la senteur sucrée, étaient de couleur violette et tiraient légèrement sur le bleu, se mariant à merveille avec le toit.

— Adriel, tu peux aller aider ton père dans l'atelier ?

— J'y cours !

— Merci Ada ! répondit Silène.

Adriel leva les yeux au ciel, amusée. L'atelier se trouvait au fin fond du « petit » domaine familial. La jeune femme devait donc marcher quelques minutes pour s'y rendre. Elle pointa son nez vers le ciel et huma l'air frais du matin. Elle passa devant le petit bassin et le saule pleureur, son endroit favori. À l'aube, il n'était pas rare d'y rencontrer quelques petits animaux s'abreuvant de l'eau fraiche. Elle poussa la porte de l'atelier et fut frappée par l'odeur de renfermé qui y régnait.

— Papa ! Il faudrait peut-être que tu penses à sortir un peu et à ouvrir ton atelier ! Tu vis comme un ermite là-dedans ! s'exclama-t-elle en ouvrant la fenêtre, qui au départ coinça.

Un vent frais salutaire s'engouffra dans la pièce, ravissant Adriel.

— Je suis flatté que tu rendes visite à ton vieux père, renchérit-il, un sourire aux lèvres.

— Si tu continues à vivre dans ces conditions je promets de ne plus jamais mettre un pied ici.

— C'est que... j'ai une grosse commande ! En tout cas, peux-tu me rendre un petit service ? demanda-t-il par-dessus ses lunettes.

D'Or et d'AzurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant