TW : Violence, sang, blessure, menace.
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Sinzos était une bourgade du sud, agréable, et plus proche de l'océan. Il était à environ une semaine de marche de la capitale du royaume de Strellal, Kelna. Le village se composait d'une auberge minuscule, de quelques maisonnettes avec des toits en chaume, d'un temple et de nombreux champs à perte de vue. Le soleil perçait les nuages, et même s'il était encore tôt dans la journée Adriel ressentait déjà les effets de la chaleur. Le milieu de matinée pointait le bout de son nez, mais les rues restaient désertes. Adriel et ses parents devaient poursuivre la route à pied en surveillant la jument et la carriole.
Finalement, ils s'éloignèrent du chemin et se retrouvèrent vite à l'écart de Sinzos. Au loin, un ensemble de bâtiment se distinguait. La famille fut accueillie à la clôture par un agriculteur dans la cinquantaine aux cheveux châtains. Tout sourire, il prit Silène dans ses bras, avant de se jeter dans ceux de son frère, Hyras. Gelpe restait à l'écart du village depuis la mort de sa femme et de sa fille d'une épidémie. Ses aînés, des jumeaux, travaillaient dans les champs à cette heure-ci. Le corps de ferme était séparé en plusieurs bâtiments. L'un était destiné à l'habitat de la famille, l'autre pour les bêtes, et un dernier pour le stockage des foins et de la nourriture. La maison n'était pas très grande, mais Gelpe offrit à Adriel son propre espace, ainsi qu'une chambre pour ses parents. Silène expliqua à son beau-frère qu'ils n'étaient que de passage pour une semaine, le temps de se remettre du voyage et de réfléchir à leurs possibilités. Gelpe lui souriait avec bienveillance, lui affirmant qu'ils étaient les bienvenus pour aussi longtemps qu'ils le souhaitaient. Adriel remarqua l'air de famille avec son père. Depuis six ans, Gelpe n'avait pas vu le couple et sa nièce, alors il se faisait une joie de les recevoir. Silène s'attelait déjà dans la cuisine et effectuait le point sur les ingrédients en présence afin de fêter cette réunion de famille comme il se devait.
Adriel fit le tour du propriétaire. La cuisine s'ouvrait sur la pièce à vivre. Le foyer permettait à la fois de faire la cuisine et de chauffer l'édifice durant l'hiver. De part et d'autre, quatre autres pièces, fermées par des portes en bois. À gauche, deux chambres étaient aménagées, destinées aux membres de la famille. À droite, une pièce plus petite était consacrée à la salle d'eau et l'autre était une chambre, plus petite que les autres. Elle était l'ancienne chambre de sa cousine. Par manque de place, c'était dans cette chambre que les parents de la jeune femme allaient dormir. Adriel préférait rester dans la pièce à vivre. Inquiet, Gelpe ne cessait de lui demander si cela ne la dérangeait pas. Adriel l'avait rassuré. Dans tous les cas, cela s'avérerait plus confortable que la carriole. De plus, dormir dans la chambre de Noélie l'attristait profondément. Elle ne l'avait jamais connu, elle avait seulement cinq ans quand elle était décédée.
Vers midi, les jumeaux revinrent des champs, prenant une pause bien méritée. Ils avaient dans la vingtaine et étaient roux aux yeux foncés. Ils tenaient plus de sa tante, que de Gelpe. L'un arborait une barbe fournie. Ils étaient tous les deux très élancés, dominant l'espace et captant immédiatement l'attention de quiconque croisait leur chemin. À leur vue, Silène manqua de lâcher sa cocotte. Le choc se lisait sur son visage. Hyras s'en amusa.
— Comme vous avez grandi ! s'exclama-t-elle en ouvrant les bras vers eux.
Les deux hommes se jetèrent dans les bras de leur tante l'un après l'autre, la dépassant d'une bonne tête et demie. Elle leur déposa un baiser sur la joue. Hyras complimenta leur stature, appréciant son retour dans la famille. Tout ce petit monde s'installa à table pour un repas de famille plein d'entrain, malgré le contexte. Le déjeuner était simple, un ragoût de légumes au thym et des galettes de pommes de terre. Après toutes ces journées sur la route, Adriel ne bouda pas son plaisir et dévora son assiette, sous le regard amusé d'un de ses cousins. Elle oublia bien vite la menace qui planait. Elle se nourrissait de ces moments simples qui lui avaient tant manqué depuis leur départ. Elle rêvait de vivre des aventures, mais sans le danger, même s'ils s'avéraient bien souvent indissociables. Deux entités qui se complétaient, composant les récits, les légendes et les mythes. Une part d'elle avait envie de se jeter à corps perdu dans la découverte de ses talents et de son histoire. Cependant, cela signifierait se séparer de sa famille, de la sécurité, de l'affection, de l'amour. Peut-être qu'elle se perdrait elle-même en chemin. Elle repensa à Hayden. Il était sur les routes depuis un moment, pourtant il était si jeune. Son corps semblait tailler pour le combat, mais il avait aussi un côté étrangement doux, rassurant... familier. Lui saurait quoi faire, elle en était certaine. Il prendrait une décision fissa, sans tergiverser et douter comme elle le faisait. Elle se sentait tellement naïve et impuissante. Comment pouvait-elle posséder un si grand pouvoir ? Quoi qu'il en soit, il était bien caché, enfoui dans les méandres de sa mémoire.
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D'Or et d'Azur
FantasyDans le monde d'Helyan, les Divins et les Divines avaient façonnés pendant des siècles les lois qui régissaient la nature, la magie et les peuples. Mais un jour, ils ont disparus, laissant Helyan sous le contrôle des Hommes. Certains ont continué à...