la chaise est pudeur.
elle ne parle pas
mais raconte de part sa présence elle même,
ce que le corps a vu - ou braillé un jour,
jusqu'à son atrophie complète et entière -
ce moment où la mémoire ne sera plus,
le corps comme seule mémoire tangible
entouré de bandelettes six milles pieds sous terre accroché au plafond étendu sur la neige tombé de la chaise écrasé dans ses draps baignés d’une eau tiède et épaisse et gluante peut-être je n’en sais pas grand chose à vrai dire.la chaise posée sur le parquet grinçant de ma chambre d’enfant
regarde une vie passée
à essayer de s’assembler sans notice
– une vie passée à entasser
le catalogue de mes entailles
sur son boiscomme un annuaire je consulte ses pages
je les corne parfois, humidifie le bout de mon index droit pour ne pas froisser les feuilles en les tournant.
je le laisse courir sur son assise, mon doigts, quelque part derrière son dossier j’appuie je perce presque je tords mes phalanges sur elle, la chaise, pour sentir ses béances ses noeuds les plus petits noeuds du monde alors j’imagine le fil - rouge - qu’elle finira par attacher un jour autour de ma gorge, quand elle n’aura plus rien à me faire saigner.
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marcher sur les ruines
Poetryj'ai les yeux crevés une clé au fond de la gorge un coup de couteau dans le bas ventre - la chaise de mon enfance dans un coin de la pièce - toujours présente pour observer mes morts