toujours en filigrane sur les photos de mes oublis la chaise repose.
je ne sais que faire d’elle, elle qui s’incruste de partout comme un menhir dans les yeux je veux lui faire la guerre
lui faire la peau
la tabasser sous les yeux de maman
et lui montrer ça, cette violence là de ces quatres couleurs uniques et de ces quelques morceaux de bois à taille réduite qui se suffisent pour planter les plus grands des pieux en plein milieu de mon front.et pourtant à l’autre bout du couloir tout au fond à côté de l’entrée de la maison dans la cuisine au lino jaune et à la table rouge en formica je construits des cabanes sans rien pour les meubler je brasse du vent je malaxe le vide de mes doigts toujours un peu gauches.
les genoux au sol les mains par terre
je ramasse la poussière toujours
(je me terre dans la lumière car c’est dans l’ombre que j'entends les cris) alors je cours les alarmes sonnent c’est l’heure des pluies artificielles de
la douche froide pour apaiser -
assainir le champ de bataille le nerf de la guerre
la ligne de front.je me rends compte qu’au delà d’habiter le sol de la première de mes maisons (celle qui demeurera toujours) c’est en moi qu’elle grandit aussi,
la chaise,
que seul-e sur le sol de la cuisine quand le foyer prend feu,
tout me paraît bien grand
- sous les grenades lancées à bout de bras -
bien loin déjà du terrier que je me creuse assez grand pour accueullir, toutes les chaises du monde,
ruines
sur lesquelles jamais je ne m'assoirai
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marcher sur les ruines
Poetryj'ai les yeux crevés une clé au fond de la gorge un coup de couteau dans le bas ventre - la chaise de mon enfance dans un coin de la pièce - toujours présente pour observer mes morts