je regarde ma chaise débarras,
chaise déchetterie
et chaise caveau - la sépulture du moi mort ou qui ne mourra peut-être jamais,
le cimetière de ses souvenirs.
parce que ma chaise a vu,
observé
s'est laissée s'incruster comme la houle des vagues le carreau cassé la vitre fracassée.la chaise évolue en profondeur
à l'intérieur de ma chaire -
ses changements impromptus
qui fracassent le plancher
et mon crâne avec,
qui n'en peut plus de ne vivre que dans le bruit incessant.elle a vu les murs changer,
tourner les étagères et les armoires
sans jamais trouver de place convenable - a observé
mon corps au milieu
ne trouvant pas non plus d'espace suffisant pour s'encastrer dans le mur.son visage de pierre poli par la nuit coule dans ma gorge une dalle de béton.
je piétine son assise sans jamais la toucher, la chaise,
enracinée dans le plancher elle change de place la nuit quand ça crie trop fort au travers du mur voisin, toujours les mêmes quatre couleurs maudites sur son bois la chaise est immuable ce sont mes doigts sur son enveloppe qui de jour en jour changent d'itinéraire.
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marcher sur les ruines
Poetryj'ai les yeux crevés une clé au fond de la gorge un coup de couteau dans le bas ventre - la chaise de mon enfance dans un coin de la pièce - toujours présente pour observer mes morts