1. Eyes don't lie

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Eye's don't lie-Isabel LaRosa

Shizuka

J'augmente le volume de la musique dans mes oreilles pour couvrir les cris de mes parents qui se disputent une énième fois. Je traverse l'appartement en courant, il faut que je sois hors de leur champ de vision pour éviter que cette dispute me retombe dessus pour je ne sais quelle raison. Un bruit de vaisselle brisée surpasse le son des basses qui raisonnent dans mes écouteurs. J'ai beau être habituée à leurs différents, c'est plus ou moins rare qu'ils en viennent aux mains.

Qu'est-ce qu'ils font ensemble si c'est pour s'engueuler à longueur de journée, sérieusement ?

Cette pensée me traverse l'esprit quand je claque la porte, surement un peu trop fort mais tant pis, à ce stade, c'est le cadet de mes soucis.

Je ne suis pas quelqu'un qui apprécie particulièrement l'extérieur, le monde ou encore l'agitation. Les rues bondées de Tokyo ont beau me stresser d'une manière indescriptible, c'est tout de même mieux que de rester enfermée dans un 50m2 avec mes géniteurs.

Je me rends dans une petite rue calme, connue uniquement des habitants de mon quartier. Elle semble si loin du fourmillement compulsif des avenues commerçantes. Automatiquement, mes doigts desserrent leur prise sur les lanières de mon tote-bag. Je passe la porte du lieu qui est devenu une sorte de refuge pour moi au fil des années. Yuki vient se frotter contre ma jambe. Je prends dans mes bras cette boule de poil d'un blanc immaculé. Il émet un adorable miaulement de satisfaction.

- Shizuka-chan ! m'accueille la soixantenaire.

Ses cheveux grisonnants et les pattes d'oies qui se forment autour de ses yeux quand elle sourit lui donnent un charme que l'on obtient en vieillissant.

- Obaa-san, comment allez-vous ? lui demandai-je, plus pour la forme qu'autre chose.

J'ai peut-être l'air ingrate. J'ai l'air ingrate. Je suis ingrate, tout compte fait. Je dois me forcer à être un minimum polie envers la personne qui m'a le plus aidé. La vérité est que je n'arrive même pas à m'attacher à la femme qui a pris soin de moi comme de sa propre fille alors que nous n'avons aucun lien parenté.

- Je vais très bien merci ! Tu veux bien aller remettre des croquettes dans les gamelles ? Je te prépare un thé vert !

Je me contente de hocher la tête et je m'exécute. Je dépose le chat que je tenais dans mes bras sur le sol. Je poursuis ma route jusqu'à l'arrière-boutique, saluant au passage les félins qui se prélassent et jouent sur les installations qui leurs sont réservées. Il y a peu de clients pour un dimanche après-midi mais qu'importe, je préfère ce calme plutôt qu'un brouhaha incessant.

Je porte à bout de bras un des nombreux sacs de croquettes qui sont entreposés dans l'espèce de remise pour remplir les gamelles disposées de part et d'autre du café. Techniquement, je pourrais travailler ici, et ce serait avec grand plaisir. Cependant, Obaa-san ne me l'a jamais permis, selon elle, elle est très bien capable de gérer son neko café toute seule. Je me contente donc de lui donner un coup de main en échange de boissons gratuites, ce qui me convient très bien aussi.

Une fois ma tâche terminée, je me rends sur ma « place attitrée », sur le rebord d'une fenêtre un peu en hauteur. Il n'y a jamais personne car les clients doivent penser que c'est pour les chats (ce qui n'est pas tellement faux en soit), mais c'est tellement devenu une habitude de me voir perchée là-haut que ma petite tasse fumante m'y attends déjà.

Je me hisse sur le rebord en bois clair et je replie mes jambes contre ma poitrine. Je me brule la langue en buvant la première gorgée de mon thé mais je n'y prête pas vraiment attention. Mon regard se perd sur le sol en béton de la rue que j'aperçois par la fenêtre. Une fine pluie s'abat sur ma ville natale, comme souvent en ce début d'été. Les températures sont encore supportables, mais une source de fraicheur reste tout de même appréciable. J'observe les gouttes tomber dans un bruit apaisant.

𝕋𝕨𝕠 𝕔𝕒𝕥𝕤 {K.Kozume x OC}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant