12. The silence is so loud

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Panic room-Au/Ra

Shizuka

J'ai beau essayer de me convaincre que tout est normal, que tout va bien, mais ça ne fait que s'empirer. Je pensais que prendre conscience du problème m'aiderait à le résoudre. Ce n'est pas le cas.

Ce qui m'embête, ce n'est même pas la nourriture en elle-même. C'est la boule qui bloque en permanence ma gorge et le nœud que forme mon estomac. Mon corps se contracte et rejette ne serait-ce que l'idée d'ingérer quoi que ce soit. Je n'ai aucune idée pour changer de dégoût pour l'alimentation qui ne fait que croître.

Je soupire en lançant tout de même le rice cooker. Pendant que le riz cuit, je rajoute du lait de coco et un mélange d'épices.

Au bout de quelques minutes, je plante un couteau dans un morceau de pomme de terre. Il y rentre comme dans du beurre. Parfait: plus les légumes seront fondants, meilleur sera le curry.

Même si je ne sens pas l'appétit qui me permettrait d'en avoir le cœur net venir.

Au moins, ça fera plaisir à Obaa-san.

Je me sers tout de même, dans un bol, une petite portion de riz collant avec la cuillère prévue à cet effet. J'ajoute par dessus, à l'aide d'une louche, les légumes et un peu de sauce, ainsi qu'une lichette de sauce soja. J'attrape une paire de baguettes qui traînaient dans l'égouttoir à couverts. Je rangerai tout plus tard.

Pour l'instant, je m'assois à table le bol posé devant moi. On entame un duel de regards. C'est moi qui perds.

Je prends, du bout de mes baguettes, une minuscule portion de riz qui n'a pas été touché par l'autre préparation. Mieux vaut commencer par quelque chose de nature, basique.

Je l'introduit dans ma bouche. Avec appréhension, je commence à mâcher, probablement plus longtemps que nécessaire pour une quantité aussi ridicule, mais j'ai peur du moment où je devrais déglutir. C'est toujours là où ça se complique.

La gorge serrée, le ventre noué, j'essaye tout de même. Le riz réduit en bouillie par mes dents tente de se frayer un chemin jusqu'à mon estomac, mais ma trachée refuse de le laisser passer. Je force un petit peu. Mon corps refuse obstinément d'ingurgiter quoi que ce soit. Je tousse, me plie en deux, et je finis par tout recracher dans un sopalin.

Bravo, Shizuka.

Je sais que si je n'arrive pas à avaler maintenant, ça ne sert à rien de s'obstiner. Je garde mon bol, que je recouvre d'un film plastique, mais je mets tout le reste dans un grand Tupperware que j'emmènerai demain, pour le donner à Obaa-san.

***

Je compte les minutes avant la fin du cours.

Trente-six petites minutes me séparent de la liberté, exactement. Pour pas très longtemps, mais liberté quand même. C'est toujours plus que la Golden Week. La semaine était passée tellement vite... Ça me rappelle des souvenirs, d'ailleurs. Comme la course d'orientation ratée, l'arcade, l'hôpital... Et Kumo! Qu'est-ce qu'il a grandi, depuis qu'on l'a trouvé avec Kozume-san.

On a bien moins de devoirs que d'habitude, en plus. Je devais être d'autant plus contente, mais j'ai l'impression qu'il y a anguille sous roche. Comme un mauvais pressentiment. Qui m'a tout l'air de se confirmer, parce que notre cher professeur clôture son cours dix bonnes minutes avant la fin officielle de la période. Pas par bonté de cœur ou par envie de nous laisser partir plus tôt, mais évidemment pour faire une de ces annonces aussi déprimantes que barbantes dont il a le secret.

- Merci pour votre attention, commence-t-il. Vous serez libres dans quelques minutes, mais écoutez-moi encore quelques instants je vous prie. Bien. Vous avez sûrement remarqué que vos agendas sont moins remplis que d'habitude, n'est-ce pas?

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 14 ⏰

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𝕋𝕨𝕠 𝕔𝕒𝕥𝕤 {K.Kozume x OC}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant