𝕋𝕨𝕠 𝕔𝕒𝕥𝕤 {K.Kozume x OC}

2. Nobody even noticed

Everything I wanted-Billie Eilish

Shizuka

J'ai oublié de comprendre le cours, je crois.

Les paroles de mon professeur de mathématiques traversent mes oreilles sans que rien ne s'imprime dans mon cerveau. Depuis le début des cours, mon esprit est ailleurs et il refuse de coopérer. Je n'ai même pas pris de notes pendant l'heure précédente quand nous avons enfin pu démarrer la classe de japonais.

Et encore, c'est ma matière de prédilection, donc je n'aurai pas trop de problèmes quant au rattrapage du cours mais pour les maths... Il faudrait que je trouve quelqu'un pour m'expliquer ce que je n'ai pas saisi. Tout, en gros.

Mais pour ça il faut avoir des amis...

J'étouffe tant bien que mal la petite voix qui souffle la (triste ?) vérité dans mon esprit.

Staying delulu is the solulu. Mon motto du moment.

Je risque un regard en coin vers mon nouveau voisin de table. Ses cheveux mi longs cachent son visage. Penché sur sa feuille, il griffonne à toute vitesse ce qui semble être des calculs mais son écriture en pattes de mouche est indéchiffrable.

Soudain, il se redresse et il balance sa tête en arrière en soufflant, comme s'il venait de courir un marathon. Il a sûrement résolu l'exercice que je n'ai pour ma part même pas commencé, mais peu importe. Je suis comme hypnotisée par le mouvement de ses cheveux abîmés par la décoloration. Ses yeux d'ambre glissent vers les miens. Je sursaute et je reporte immédiatement mon attention sur la première chose que je vois -ma gomme en l'occurrence- qui me devient pour moi, l'espace de quelques instants, la huitième merveille du monde.

Qu'est-ce que je me sens conne.

M'enfin bon : le mal est fait. La meuf la plus chelou de la classe s'est fait prendre en train de mater le mec le plus chelou de la classe. De quoi alimenter les ragots pendant quelque temps.

Je me demande comment il en est arrivé à ce statut de quasi-paria. Il est plutôt correct physiquement, intelligent et même s'il a la carrure d'une fourchette, il est dans l'équipe de baseball je crois.

Je me fais surprendre par la cloche qui sonne la pause du déjeuner. J'ai visiblement réussi à passer l'intégralité de la matinée perdue dans mes pensées mais peu m'importe, elle a au moins eu le mérite de passer vite.

J'hésite à rester en classe pour manger ce midi. D'un côté, j'ai vraiment la flemme de bouger mais de l'autre... rester seule à mon bureau à la merci des sautes d'humeur de mes camarades me tente assez peu, voire pas du tout. Autant avoir l'air le moins pathétique que possible alors, même si depuis le temps, je me demande pourquoi j'essaye encore de sauver les apparences, sachant qu'il n'y a plus rien à sauver et personne que ça intéresse, sûrement. C'est comme si c'était une manière de m'auto-motiver à faire... quelque chose que je n'aie pas encore compris.

Le temps que je termine mon introspection, la plupart des élèves ont déserté -au moins momentanément- la salle, probablement pour aller rejoindre des amis ou acheter leur déjeuner. Mon cher voisin s'est aussi éclipsé sans que je ne m'en rende compte. Tant mieux pour lui : au moins, il a une vie. Je retiens un léger soupir.

Mon petit bento à motifs fleuris et un carnet en main, je quitte à mon tour le bâtiment pour aller profiter de la température ni trop chaude, ni trop froide que nous offre la mi-saison avant la chaleur étouffante de l'été.

Peu d'élèves s'y aventurent, mais si l'on va au fond de la cour du lycée, on tombe sur un vieil arbre -il doit avoir cent ans, au bas mot- avec des branches suffisamment larges et basses pour qu'on puisse s'y hisser et s'installer plus ou moins confortablement contre son écorce rugueuse. C'est ce que j'avais l'habitude de faire, tous les jours et je n'avais jamais croisé personne ici. Mes super amies, aka le trio infernal, ne s'ennuyaient pas assez pour venir me chercher jusqu'ici.