8. Got no alibi

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Golden hour-JVKE

Shizuka

J’aurais dû me douter que ce n’est absolument pas un endroit pour moi. La musique trop forte, les néons aussi colorés qu’agressifs, la foule de jeunes gens qui se précipitent pour aller d’une machine à l’autre alors qu’ils devraient être en cours… trop d’éléments, trop de bruits, trop de sensations surchargent mes sens affolés. Les seuls coins qui m’ont l’air plus ou moins tranquilles sont trop sombres pour que j’ose m’y aventurer.

En bref, ce n’est pas la folie, mais je me tais. Hors de question de gâcher le bonheur de Kozume-san juste parce que je suis une trouillarde. Je me rapproche de lui pour éviter de le perdre de vue -si cela venait à arriver, je ne pense pas que je le retrouverai. Je ne sais pas vraiment quoi faire, alors je me contente de regarder autour de moi.

Cependant, mon camarade de classe doit remarquer mon inconfort car il s’arrête pour s’adresser à moi en désignant un endroit non loin de nous : 

- Il y a l’air d’avoir des jeux auxquels on peut jouer à deux, là-bas. On peut y aller… si ça te dit…

- P-Pourquoi pas? répondé-je, quelque peu prise au dépourvu.

- Tout va bien?

- Oui, bien sûr.

Il n’insiste pas, mais je sens son regard inquisiteur me brûler la peau. Je sais bien qu’il n’est pas dupe, mais c’est la première fois que je le vois aussi content et je refuse d’être celle qui lui enlèvera ces étoiles de ses yeux. Je peux largement supporter, du moment qu’on ne reste pas ici trop longtemps… Enfin, je crois.

Moi qui n’avais jamais mis un orteil dans une salle d’arcades, j’y prends vite goût même si j’ai bien conscience d’être plutôt nulle. Surtout qu’à côté de moi, Kozume-san semble connaître du bout des doigts chaques jeux. Pourtant, même si je sens qu’une pointe de moquerie semble prête à lui échapper à chaque fois que je loupe mon coup d’une manière particulièrement spectaculaire, il ne pipe mot.

Les jeux me distraient mais je sens la vague d’angoisse que je tente de contenir en moi depuis notre arrivée grandir et monter en moi.

Ça doit faire environ trente minutes qu’on est à l’intérieur, trente minutes de trop. C’est comme si tout se brouillait autour de moi. Les sons, les images… Impossible de les distinguer clairement.

J’empêche mes doigts de trembler en contractant au maximum mes muscles, mais ma respiration se bloque. Sous mes pieds, le sol me semble mou, comme s’il allait se dérober d’un instant à l’autre. J’essaye de continuer à faire comme si tout allait bien, j’essaye vraiment, cependant, tous les signaux que mon cerveau envoie et reçoit sont synonymes d’alerte maximale, comme si tous les voyants de mon corps s’étaient allumés en rouge.

Signe que tout va bientôt me lâcher.

J’en ai vraiment, mais genre, vraiment, marre de toujours tout gâcher. Pourquoi je dois être aussi faible? Pourquoi je ne peux pas me comporter comme une personne normale, pour une fois?

Je garde difficilement les yeux ouverts. Je trébuche sur quelque chose, je manque de tomber mais je me rattrapé au mur. Sans prises, je ne tiens pas longtemps sur mon appui, et je finis par m’effondrer. Tout deviens noir autour de moi et je crois entendre quelqu’un appeler mon nom, mais ma conscience est trop loin pour que je puisse lui répondre.

Et puis, plus rien.

***

La lumière des néons blancs semble prête à me brûler la rétine alors que j’ouvre lentement les paupières. Je mets du temps à m’habituer à la luminosité, et l’énergie semble affluer de nouveau de la racine de mes cheveux à la pointe de mes orteils.

𝕋𝕨𝕠 𝕔𝕒𝕥𝕤 {K.Kozume x OC}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant