Prologue

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Le chaos. Les derniers combattants peinent à survivre sous l'œil écarlate de la lune. Les grandes ombres noires se découpent du ciel rougeâtre. Leurs griffes ébènes déchirent le corps de mes alliés qui hurlent à la mort. La peur m'envahît et mon instinct de survie prend le dessus. Je cours. L'apocalypse règne autour de moi. Soudain, j'aperçois une silhouette qui m'est familière. La vision cauchemardesque de son corps brisé dans une marre de sang me frappe au cœur, et je m'écroule à genou. Mes yeux s'embuent de larmes et mes poings meurtris se serrent, quand une ombre glisse sur moi. Je lève la tête et mes yeux apeurés rencontrent ceux d'un démon. Il lève son énorme patte épineuse en poussant un râle monstrueux. Tous mes sens me crient d'agir, mais je reste paralysé de terreur. Je mourrai donc comme ça ? Ma vie défile devant mes prunelles et le diable frappe. Je ferme les yeux, attendant que la douleur transperce mon corps. Mais la mort ne vient pas. Des gouttes chaudes s'écoulent sur mon visage. Je reconnais l'odeur rouillée du sang, mais ce n'est pas le mien. J'ouvre prudemment les yeux et je vois mon frère, transpercé par la bête noire. Le monstre retire sa main et l'homme avec qui j'ai grandi s'écroule au sol dans une flaque de sang. J'hurle son nom, j'attrape son visage, mais il ne répond pas et le liquide rougeâtre continue irréductiblement de s'écouler. Mon âme se brise en constatant ses yeux vitreux. Il était mort. Je sens le chagrin irriguer mes membres et la rage s'emparer de moi. Le démon tente de renouveler son attaque, mais je suis plus vif, et d'un coup de griffes, je l'égorge. Sa dépouille s'effondre lourdement au sol et, plus loin, à la lisière de la forêt, je la vois. La responsable de ce carnage, sans qui mon frère et mes amis seraient encore en vie. Elle se retourne, me regarde, et tout s'assombrit.

J'ouvre les yeux, je suis transpirant dans mon lit. De la fenêtre s'échappe les doux rayons de l'aube. À peine apaisé, je m'assois sur mon matelas dans un grincement. Tout mon corps tremble et j'halète terriblement. Dans le lit à côté de moi, mon frère s'agite, et finit par se réveiller.

« Quelque chose ne va pas ? »

Demande-t-il en frottant ses yeux encore ensommeillés. Je ne réponds pas, l'odeur du sang et les cris encore bien ancrés dans ma tête. Son visage s'assombrit.

« Encore un de ces rêves ? Je me retourne vers lui, les yeux traumatisés.

— On va tous mourrir. »

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