Chapitre 10

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Lénéris

« — Enchantée. »

Dans le salon velours du vieil homme, une jeune-femme nous dévisage avec stupeur, ou plutôt, elle dévisage Solonn et Aschta avec stupeur. Je l'examine en silence, et remarque aussitôt sa ressemblance frappante avec Jules. Comme lui, elle a une peau mate, parsemée de tâches de rousseur, de grands yeux ébènes, qui brillent comme un soleil noir et des cheveux sombres, dont l'afro possède de sublimes reflets auburns. Ses vêtements demeurent aussi étranges que son attitude : elle porte un grand tee-shirt gris, dont le buste est marqué d'une phrase indéchiffrable, ainsi qu'un large pantalon aux multiples poches, recouvrant ses sortes de chaussons en cuir blanc. En cachant mon étonnement, je jette un coup d'œil vers Aschta et Solonn. L'aîné semble nettement agacé par la présence de l'étrangère. Lui qui voulait nous parler d'une chose importante. Songé-je, en masquant un léger sourire devant sa mine renfrognée.

« — De même pour moi. » La salut-il finalement, glacial.

Je fais de même, naturelle, malgré les nombreuses interrogations qui me rongent. Rarissimes étaient les humains qui basculaient dans notre monde accidentellement. J'en déduis qu'elle s'est renseignée sur la lune de miel. Mais comment ? Solonn me tire de mes pensées :

« — Tu as une odeur ... étrange. » Dit-il, curieux, en scrutant la jeune femme avec intérêt.

Il se rapproche davantage, et saisit la main de l'inconnue pour la presser contre son visage. Elle le dévisage, déstabilisée par ce geste si soudain, mais le laisse néanmoins humer le parfum de sa peau.

« — Mais tu es humaine ! S'exclame-t-il alors, les yeux illuminés.

— Belle déduction, Solonn, le raille Aschta d'un ton sévère. Si tu n'as pas d'autres commentaires futiles à ajouter, j'aimerai qu'on discute de ce pourquoi nous sommes ici. » Poursuit-il vertement.

L'expression du rouquin se fane aux mots prononcés par son aîné. Mon visage se durcit. Jamais Aschta ne s'était montré aussi dur avec Solonn, il avait intérêt à apporter des explications convaincantes quant à sa mauvaise humeur.

« Si cela est si important, la simple présence d'une humaine ne devrait pas te gêner. Qu'attends-tu donc pour nous faire part de tes révélations ? » Demandé-je froidement, en masquant ma propre impatience.

Il me glisse une œillade noire puis soupire sèchement.

« — Bien. Solonn a rêvé de la lune de sang. »

Camille vous remercie d'avoir suivi son chapitre avec Lénéris et vous invite à poursuivre la suite de l'histoire : 

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