Chapitre 9 : Les Retrouvailles

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Eva

Face à moi, tout est sombre et terrifiant. Je suis prise de vertige, mon souffle s'accélère, et, entendant un bruit qui vient des profondeurs de la forêt, je recule et trébuche. Je reste quelques secondes au sol, ma respiration se fait plus forte et saccadée. Mon cœur bat à tout rompre, et mes yeux grand ouverts cherchent une échappatoire. Soudain, des éclats de voix me parviennent. Je me retourne et aperçois une ville à une centaine de mètres. Je me mets donc à courir vers celle—ci. Alors que je me suis approchée, je remarque que quelque chose ne va pas. Les gens... sont... étranges. Je vois des personnes qui tout d'abord m'ont l'air normal, mais elles sont tantôt grandes au point de frôler les deux mètres, tantôt aussi pâle qu'une personne sur le point de mourir... Je tourne la tête, ayant aperçu une chose du coin de l'œil. Un être minuscule se faufile derrière un pot de fleur. Je rêve ?! Je cligne à peine des yeux que la petite créature s'est transformée en chat. Je n'est pas le temps d'être surprise qu'un battement d'aile me fait tourner la tête. Je lève les yeux, une femme dont la peau est parsemée de plumes (couleur) se pose à côté de moi. Je bloque ma bouche en luttant pour ne pas crier et m'élance à la recherche de la maison la plus accueillante. C'est impossible ! Je rêve ! Où est-ce que je suis ? Je toque à une porte en jetant des regards furtifs dans mon dos, ayant constamment l'impression d'être observée. Personne ne vient m'ouvrir, alors je tambourine plus fort encore.

« Oui... Oui j'arrive. Un peu de patience pour un vieillard comme moi... »

Je m'arrête net. Je reconnaîtrais cette voix entre mille, songé-je. La porte s'ouvre sur un vieil homme à la peau mate, aux cheveux de plus en plus gris à cause de l'effet du temps et aux mêmes taches de rousseur que moi.

« Alors, que puis-je pour vous... »

Le vieil homme ouvre de grands yeux en me voyant.

« Eva ?

— Pa.. Papi ? Que fais-tu ici ?

Ce n'est pas plutôt à moi de te poser la question ? Me demande-t-il, un sourcil levé.

— Chéri ? Qui est-ce ? Appelle une voix au fond de la maisonnette.

— Une invitée très spéciale, tu ne vas pas en croire tes yeux. Allez, viens ma fripouille. Tu dois être fatiguée », me dit-il avec un sourire et un regard tendre.

Ne sachant quoi dire, je le suis, me laissant envelopper par cette douce odeur nostalgique.

« Tu vas mieux ? S'enquit Jules après m'avoir confortablement installée.

— Je pense. Articulé-je entre deux gorgée de thé et une couverture sur les épaules.

— Bien. Maintenant veux-tu poser cette tasse ? Tu risques d'être quelque peu surprise par mon récit. »

J'obéis, piquée par la curiosité.

« Bien, tout d'abord j'imagine que tu a dû remarquer sa présence ? Dit-il en me montrant une grande femme au yeux jaune perçant. Son regard félin me fait sentir comme une proie.

— Enchantée, je me nomme Invidia, dit la femme comme pour répondre à ma question.

— Bonjour... je suis Eva, la...

— ... Petite fille de Jules. Il n'a fait que de me parler de toi ces trois dernières années. Et moi, je suis la compagne de Jules. »

Je suis choquée par cette révélation mais n'en laisse rien paraître.

« — Eva, reprend Papi, après la mort de ta grand-mère, je n'ai eu de cesse de chercher quelque chose à quoi me rattraper. En effet, elle était le centre de ma vie et je ne voulais que son bonheur tout comme elle ne voulait que le mien. Ayant vécu plus de la moitié de ma vie avec elle, j'ai aujourd'hui soixante-cinq ans, je sais qu'elle aurait voulu que je retrouve le bonheur, et que j'arrête de me morfondre sur sa perte. Il y a donc quatre ans de cela, j'ai rencontré Invidia. » Dit-il en tournant la tête avec un regard emplit d'amour vers sa compagne.

« — Ça a été le coup de foudre auquel je ne m'attendais pas. Par la suite, j'ai pris la décision douloureuse de l'accompagner dans son monde car elle ne pouvait rester plus longtemps dans le nôtre. Voici la raison pour laquelle j'ai disparu ces trois dernières années. J'ai alors atterri dans ce monde fantastique qui, au premier abord, peut paraître terrifiant, mais n'en est pas moins magnifique. Ici, pouvoir et magie, paix et liberté, et bien d'autres encore, se mêlent sans aucune contradictions. Ce monde incroyable se nomme... »

— Parallela Primis, terminé-je serrant les dents de colère. Et est-ce que ce monde est exactement comme il est décrit dans tes histoires ?

— Hormis quelques différences, oui. Dans ce monde il y a six clans : les Lorion, qui sont des loups-garou ; les Nichtés, qui sont des vampires et les Vespérines, des sorcières. À noter qu'il y a deux types de sorcière : les Lydres, qui contrôlent l'eau et le vent et les Sétrás, qui contrôlent le feu et la terre. Il y a ensuite : les Chimères, des femmes mi-oiseau ; les métamorphes, dont Invidia fait partie et les Spectres - les plus puissants - qui font régner l'ordre et la justice. »

Je me fige en entendant toutes ces informations. Je comprends pourquoi il m'a demandé de poser mon verre. Je me lève d'un bon et me dirige vers la fenêtre. Arrivée devant, je regarde le ciel, me pince le bras jusqu'à ne plus supporter la douleur, espérant rêver.

« Je suis donc bien ici. Dans cet endroit que je cherche depuis trois mois. Murmuré-je pour moi-même.

— Comment te sens-tu ? Me demande Invidia, compatissante.

— Je suis contente d'avoir atteint mon but mais j'ai surtout peu... Je suis surtout surprise, me reprends-je en me retournant.

On frappe soudain à la porte. Je fais volte face et fixe (l'huis).

« C'est nous Papi ! Retentit une voix excitée depuis l'entrée.

— Oh ! Et bien tu vas avoir l'honneur de rencontrer quelques personnes, me dit Jules en se levant.

Il ouvre la porte et deux jeunes hommes ainsi qu'une fille s'engouffrent dans la maison.

— Salut ! » S'exclame le premier avec une touffe rousse, bouclée, partant dans tous les sens.

Il a les yeux d'un vert peu commun, mais qui n'en restent pas moins sublimes. Le plus étonnant est son air infantile, alors qu'il doit mesurer pas loin d'un mètre quatre-vingts-dix !

« Bonjour. », Dit le brun, dont les cheveux noir profond possèdent de nombreux reflets bleu nuit.

Lorsque je rencontre ses yeux verts, semblables à ceux du roux, un frisson glaciale me parcourt l'échine, et je dois lutter pour le contenir.

« Bonjour. »,Termine la fille.

Sa peau est si pâle que ça m'inquiète un peu. Le plus surprenant reste ses cheveux anormalement blancs, dont la frange tombe sur ses yeux azurs. Son visage me scrute en restant de marbre.

« Eva je te présente Solonn, explique Jules en montrant le roux, Aschta, son grand frère et Lénéris, leur amie. Les enfants, je vous présent Eva, ma petite fille. »

Je ne trouve rien d'autre à dire que :

« Enchantée. »

***

Maeva vous dit merci d'avoir lu son chapitre avec Eva ! A bientôt pour la suite...

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