Chapitre 15

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Valìnn :

Nous voilà maintenant arrivés dans la salle à manger. Après avoir traversé la large demeure dont j'ai observé chaque détail, nous nous sommes installés autour de la grande table en bois foncé où le chef des Loups-Garous prend ses repas. Pendant plusieurs longues minutes, personne ne se décide à parler. À ma droite se trouvent Eva et Aschta, à ma gauche, Lénéris et Solonn. En face de moi s'impose Arcan, le visage grave. Nous nous observons mutuellement, trop encombrés par nos pensées emmêlées, jusqu'à ce qu'enfin le maître de maison lance la conversation, mettant le feu à la poudre :

« Quelqu'un serait-il en mesure de m'expliquer la situation ? »

Sans une seconde d'attente, la salle explose d'arguments, chacun défendant son point de vue et ses intérêts.

« Assez ! » s'exclame Arcan sans pour autant hausser le ton. « Nous n'aboutirons à rien avec ce genre de communication. Puisque vous ne semblez pas capable de vous distribuer vous même la parole, c'est moi qui m'en chargerai.»

Des murmures de mécontentements se font entendre dans la pièce, qu'Arcan fait taire d'un simple geste de la main avant d'annoncer:

« Ayant fait la rencontre d'Eva plus tôt dans la matinée, celle-ci a pu m'expliquer d'où vous venez, dit il en balayant les loups garous et la sorcière du regard. En revanche, je n'ai aucune idée de la raison de votre visite jeune homme », dit il en me fixant.

Je me fige alors, sans pour autant laisser paraître le moindre signe d'inquiétude. Tous les regards se posent sur moi et je sens une bile me monter dans la gorge. Je prends une longue et discrète inspiration avant de me lancer avec dureté :

« Je peux tout vous expliquer Chef des Lorions, à condition que vous fassiez preuve de patience, car la nuit risque d'être longue »

« Nous avons tout le temps du monde » affirme en retour Arcan.

Toute la tablée se regarde, réalisant l'ironie des paroles du loup-garou. Je reprends alors :

« Dans ce cas, allons y »

Il y a 8 mois de cela

"C'était un jour sombre de début d'automne, alors que je m'entraînais dans la salle de tir du vaste manoir de mes parents. Comme avant chaque coup de feu, ma concentration était à son plus haut et, dans cette phase, rien ne pouvait me ramener à réalité mis à part le son de la déflagration de mon arme.

Je m'apprêtais à appuyer sur la détente, quand une onde colorée et inhabituelle me traversa la vision, comme une trace lointaine que je pouvais malgré tout percevoir dû à son étrangeté. Ces auras, lignes floues et désordonnées, je les voyais grâce à mon don, que seuls certains vampires ont la chance d'obtenir à la naissance par pur hasard. Cet étrange phénomène me perturba et me fit tirer non pas au centre de la cible comme cela a été le cas pendant si longtemps, mais légèrement à côté. Je m'énervais contre ce manque de discipline et m'en allais, mécontent de moi même.

Cependant, je ne parvenais pas à me sortir cet évènement de la tête. Plus les journées passaient, plus je me convainquais qu'il n'y avait rien de normal à cette mystérieuse apparition et qu'il fallait l'étudier dans les détails. C'est alors qu'après quelques tumultueuses semaines à me rejouer la même scène en boucle, je me décidai à en parler à mon père, Krovv des Nychtés, grand Duc du Clan des Vampires qui était à la tête d'un groupe d'agents aux services du gouvernement, dont je faisais partie depuis mes 16 ans. Il appela sans une minute d'hésitation ses plus fidèles travailleurs, et mes plus chers camarades : Gally et Eren des Nychtés. Le premier étant mon ami d'enfance, le second, mon cousin, plus âgé que moi de 12 ans..."

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