Chapitre 14 : Qu'est-ce que tu fais là ?

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Eva

Cela fait maintenant plusieurs heures que je vagabonde seule dans la capitale. À notre arrivée, j'ai été éblouie par la beauté des lieux. Toutes les demeures étaient recouvertes de bois, fleurs et mousse, qui les intégraient parfaitement à l'environnement. Le tout était baigné dans la lumière que les branchages laissaient judicieusement filtrer. Il y avait même des habitations dans les arbres, avec des passerelles, des cabanes, et même des tyroliennes ! On se croirait dans un accrobranche. Au centre de la Capitale, qui se dénomme apparemment Abiyhom, par les dires des commerçants, trône une gigantesque statue d'un homme aux cheveux longs que l'on peut deviner d'une couleur noir ténébreux. Les habitants disent qu'il s'agit enfaite de Lorion, le tout premier loup-garou, et chef de ceux-ci, ayant existé. Mais même sans ces explications, grâce à ses habits et son expression, cela est facile de le savoir. Bien qu'il ait beaucoup d'ornements, qui laissent deviner sa richesse, et que ses vêtements soient longs et somptueux, on arrive à distinguer des tatouages tribaux sur ses pieds, tout le long de ses bras et qui remontent jusqu'à son cou. Son visage est celui d'une personne dure et l'on pourrait presque sentir son autorité et sa prestance, celle qui donne envie de suivre une personne et de se battre avec elle. D'un autre côté, son regard est empli de sagesse et de bonté. Il regarde la plus grande des habitations, celle où vit Arcan et celle où il a dû vivre également. À première vue on pourrait croire que c'est juste un gigantesque arbre, mais il est incrusté d'une grande double porte ornementée de joyaux en accord avec les couleurs de la forêt : noir, jade, rubis... Face à celle-ci, un large escalier de marbre ébène s'élève. Tout autour, les bois sont si denses que personne ne pourrait s'introduire dans la demeure à moins de passer par la porte principale. Après y être entrée, la beauté du hall m'a coupée le souffle. Au centre trônait de grandes et majestueuses marches qui montaient puis se séparaient en deux pour faire le tour de l'intérieur de l'arbre. Puis les deux escaliers se croisaient, montaient en colimaçon et se re-croisaient pour encercler le tronc... On aurait dit un ballet entre deux êtres épris l'un de l'autre qui se déplaçaient et montaient de plus en plus haut jusqu'à atteindre le sommet du manoir. En plein milieu pendaient plusieurs chandeliers magnifiquement décorés. Ils étaient en or et brillaient de mille feux. Il y avait plus de portes et de fenêtres que je ne pouvais en compter. Nous étions donc baignés par la lumière. Le tout était transpercé de grosses et fines branches. Il y avait des fleurs, des feuilles, des bourgeons, quelques lianes et on pouvait même apercevoir des oiseaux et quelques animaux. Les loups-garous ne coupaient pas les arbres en masse, ne tuaient pas les bêtes pour vivre dans leur habitat comme le font les humains. Au contraire, ils vivaient en harmonie avec eux. Après avoir traversés le hall, nous sommes allés vers une des plus grandes portes. Derrière se trouvait un cabinet, celui d'Arcan. Il était très grand et contrairement à ce que je m'attendais, il y avait une grande bibliothèque et plusieurs tableaux. Au centre de la pièce se trouvait un grand bureau d'un marron très sombre. Il était magnifique et on pouvait voir les lignes de vie des différents arbres utilisés pour le fabriquer. Derrière celui-ci, il y avait une grande chaise dans le même style et en face deux chaises également du même bois. Dès que nous nous sommes assis, Arcan m'a expressément demandé de lui donner les raisons qui m'ont amenée à être dans ce monde et qui plus est dans sa forêt. J'ai ricané lorsqu'il a dit cette phrase mais me suis reprise face à son air lourd de sens. Pendant mon récit, j'ai vu Arcan passer par plusieurs expressions différentes : l'étonnement, l'incompréhension, la frustration... Malgré tout cela, il ne m'a pas interrompue une fois. À la fin de mon histoire, il ne semble pas convaincu mais me dit que nous reprendrons cette discussion plus tard, puisqu'il avait des choses à faire. Il m'a alors dit de rester dans cette somptueuse résidence en l'attendant. Je n'ai bien sûr pas écouté son ordre, puisque que je suis revenue en face de la statue après avoir pris le temps de visiter le plus de choses possibles. Alors que je contemple la pierre magnifiquement forgée de Lorion, quelque chose m'interrompt dans mon admiration. J'aperçois, derrière celle ci, une personne que je ne croyais plus jamais revoir. Valínn.

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